En ces temps où le milieu culturel tourne au ralenti, les artistes en confinement sont pour la plupart en pleine période de création, mais certains téméraires décident tout de même de faire paraître du nouveau matériel en espérant que ça puisse servir de baume sur l’humeur collective. Et cette fois, c’est réussi.
Formé à Montréal, le groupe Francbâtards lançait tout récemment un nouvel E.P. intitulé Karné. L’album de quatre pièces s’inscrit dans une mouvance Roots et Reggae, biologique et altermondialiste, qui s’exprime dans plusieurs langues, mais surtout la langue du cœur et de l’esprit. Francbâtards se présente comme un collectif de musiciens d’origines diverses, mais partageant l’âme de la francophonie. Les particularités culturelles de chacun sont en parfaites symbioses. Ça crée une musique unique, se rapprochant bien souvent du funk, mais que l’on peut définir par le terme occidentalocentriste de Musique du monde. Le son est bel et bien unique, mais il ne tombe pas non plus du ciel. Musicalement, les comparaisons au dernier album des Colocs sont absolument indéniables. Plus précisément, Francbâtards évoque la première mouture de musique du monde fait à Montréal au début des années 2000 comme Chango Family ou Colectivo. Le même esprit revendicateur que ces fondateurs surplombe les textes qui enjoignent à l’unité collective contre le corporatisme, l’exploitation et la corruption.
L’album Karné marque les dix ans du collectif festif et contestataire qu’est Francbâtards. Il s’inscrit comme la somme de l’expérience acquise durant la dernière décennie. Ça s’entend. Ça se sent. Leur assurance sur scène n’est plus à faire ni à prouver, il faudra tout de même attendre que les concerts puissent recommencer pour en avoir la certitude. Ils seront assurément sur scène partout au Québec et dans l’Europe francophone dès que ce sera possible.
Crédit Photo Anne Lamarque