Le Santa Teresa accueille chaque année un nombre de festivaliers toujours grandissant et se comptant en mille. Évidemment, l’édition 2021 aura des chiffres beaucoup plus modeste. L’on doit déjà se compter chanceux que le festival se déroule en personne. Les spectacles dans l’église Sainte-Thérèse-d’Avila, ont toujours été sobres; l’aura du lieu oblige à une certaine rectitude. Alors qu’à peine une centaine de personnes ne-s’entaissaient-pas-du-tout dans l’immense bâtiment, la distanciation nuira à la cohésion, empêchera la rencontre du public avec le public.
Après quatorze mois d’attente, le premier artiste que je verrais sur scène est connu sous le nom de projet de Jerusalem in my Heart, un artiste solo naviguant dans la sphère de Constellation Records (Godspeed you Black Emperor, Do Make Say Think) spécialisé dans les musiques ambiantes et expérimentales, et lui-même cofondateur du mythique studio Hotel2Tango. L’artiste que j’avais découvert il y a une quinzaine d’années en première partie de Thee Silver Mt. Zion à la Sala Rossa de Montréal, m’avait laissé avec un merveilleux souvenir. Cette fois encore, le musicien, et ses projections, nous aura enchanté. Malgré quelques pépins techniques en début de performance qui semblent avoir déconcentré l’artiste, celui-ci reprend vite les rênes de son spectacle hybride qui passe des effets électroniques aux instruments traditionnels du Moyen-Orient. La diversité des styles présentés démontre toujours une volonté d’expérimentation et une grande maîtrise de son art. Cette expérimentation culmine sur la pièce Istashraqtak où le bouzouki est utilisé de manière tout à fait non-conventionnelle avec ses notes dissonantes et ses effets de réverbération.
Figure de proue du renouveau néo-classique auquel nous assistons depuis quatre ou cinq ans, et récipiendaire de deux Félix pour les Arrangements et la Prise de son de l’année en 2020 pour son album Volume 1, Flore Laurentienne clôturait l’événement accompagné d’un quatuor à cordes et de deux percussionnistes. Les arrangements de cordes se marient parfaitement, tout au long du spectacle, à la douceur des mélodies créées par Mathieu David Gagnon sur ses synthétiseurs vintage. Les pièces dansent sur la corde raide quelque part entre la plénitude et la tragédie. Il laisse parfois beaucoup de place à ses musiciens. Il sait s’effacer derrière la musique, preuve d’une grande maturité musicale d’un artiste aguerri qui saura assurément durer dans le temps.
En somme, l’organisation fut sans failles et le spectacle d’une grande qualité technique et artistique.
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