Il y a tellement d’artistes qui sortent de bons albums, qu’avec le temps, il est difficile de suivre tout le monde sur la durée. C’est pour moi le cas des sœurs Söderberg, connues sous le nom de First Aid Kit, qui ont attiré mon attention en 2014 avec leur album ‘Stay Gold‘ et accessoirement une magnifique reprise du ‘Walk Unafraid’ de R.E.M. bien supérieure à l’originale. Par la suite, je n’y ai plus guère prêté attention, tout au plus j’ai vu qu’elles étaient au programme du MJF cet été, signe que leur carrière allait pas trop mal.
L’avantage d’avoir décroché, c’est la perspective de pouvoir se rattraper à un concert. Quoi de mieux qu’un live pour découvrir ce que tu as loupé ces dernières années !
La première bonne surprise, c’est que la salle des Docks est très bien remplie ce lundi soir et cela fait plaisir à voir pour un groupe qui n’enchaîne pas les hits à la radio.
En première partie, il était initialement prévu que ce soit un autre groupe de sœurs, The Staves, mais elles ont dû annuler pour raison familiale. Dommage car cela rendait l’affiche vraiment intéressante. Finalement, ce sera Isaac Gracie en première partie, que je n’ai malheureusement pas vu pour raison familiale également, en revanche personne ne m’a remplacé moi.
A 21.00 heures précises, les musiciens débarquent sur scène, c’est-à-dire Klara et Johanna accompagnées d’un groupe entier qui a l’air d’être plus vieux d’une génération au moins.
Si cela commence dans le noir avec quelques projections et tous les musiciens alignés sur l’arrière de la scène, les deux chanteuses guitaristes s’avancent rapidement vers le public.
Après deux chansons déjà, l’album ‘Stay Gold‘ a droit à deux extraits avec ‘Master Blaster‘ et le titre éponyme. Quatre ans plus tard cela sonne toujours aussi bien. Les autres chansons sont également de la même facture, très plaisantes, mais un peu similaires. Alors que je redoute une possible lassitude pour le reste de la soirée, Klara, lisant probablement dans mes pensées, arme sa guitare électrique et lâche brutalement un « I’m so sick and tired of this world », les premiers mots d’un titre rare, ‘You Are The Problem Here‘. Une chanson sur la culture du viol qu’elle présentera après l’avoir jouée, n’hésitant pas à rappeler que le fautif est toujours l’abuseur et jamais la victime. Un morceau qu’elles ne souhaiteraient pas avoir à écrire, ni à jouer. Salve d’applaudissement du public pour ce premier grand moment du concert.
Autre surprise de la soirée et intermède sympa, Johanna s’adresse au public en français sans accent alors que sa sœur est beaucoup moins à l’aise. Pour rire, elle nous a quand même sorti une ou deux phrases farfelues dont elle avait conservé le souvenir depuis l’école. Bon, on a tous rigolé, mais si on était sur scène au pays des Krisprolls et que l’on devait sortir quelques mots de suédois, on ne ferait pas les malins.
Le set se déroule dans une belle ambiance que les deux sœurs arrivent à maintenir avec beaucoup de métier, ainsi que l’aide d’Isaac Gracie venue prêter sa voir sur la fin de ‘King Of The World‘. C’est toujours sympa (et drôlement rare) quand le groupe principal arrive à collaborer même furtivement avec les musiciens qui ouvraient la soirée. Que serait un concert sans une petite reprise ? Ce soir, c’était ‘Running Up That Hill‘ dont on ne compte plus les versions, sauf peut-être Kate Bush dont cela financera grandement sa retraite. Le concert se termine ensuite avec le très country ‘Emmylou‘ puis ‘Nothing Has To Be True‘.
Sous les applaudissements, il y a bien entendu un rappel de trois morceaux, d’abord deux extraits du nouvel album avec le single actuel qui a donné son nom à la tournée, ‘Rebel Heart‘, puis ‘Fireworks‘, avant de conclure sans surprise sur un ‘My Silver Lining‘ qui a enchanté tout le public. Il y a des lundi soir comme cela, qui vous mettent de bonne humeur pour le reste de la semaine.