Le 14 mai dernier au Club Soda, à Montréal, avait lieu la finale de la 28e édition des Francouvertes, concours-vitrine reconnu pour mettre en lumière les artistes de la francophonie. Les trois finalistes (Soleil Launière, Sensei H, Loïc Lafrance) ont mis leur plus bel habit en offrant le meilleur de leur art pour convaincre le public et le jury par les critères suivants: musique et arrangements, qualité de la performance, l’originalité, les textes et la voix.
En guise d’introduction, nous avons eu droit à une courte prestation acoustique de Lou-Adriane Cassidy et de Thierry Larose, porte-paroles des Francouvertes 2024 et ex-candidats des éditions 2018 et 2019. On a pu y entendre en alternance leurs chansons phares, telles que Ça va ça va et Entre mes jambes (Cassidy) ou bien Cantalou (Larose). Que de chemin parcouru pour ces deux artistes en pleine ascension aux prochaines années très prometteuses !
D’abord, Soleil Launière nous a charmé par son entrée sur scène. À pieds nus, avec un massif morceau de bois flotté tenant en équilibre sur sa tête, elle a traversé la foule avant de monter sur la scène, concentrée. La musique énigmatique accompagnait la marche, cérémonieuse, renforçant la tension. Pour le volet musical, l’artiste ondulait au rythme de la batterie, soutenu par le clavier et la guitare acoustique, dans un style indie-rock, folk aux tonalités pop et soul. Mystérieux et théâtral, où elle y incarne, à un moment, l’oiseau dans son cri, le tout semble mesuré pour y vivre une expérience de scène distinctive. Dans un mélange de langue innue et française, ses paroles et ses mélodies étaient touchantes, franches et envoûtantes.
Ensuite, il y a eu Sensei H. Le style s’inscrit dans un hip-hop très français intégrant des accents de funk et même, une touche jazzée sur une des pièces présentées. Soulignons son groupe accompagnateur, composé de personnes à la guitare électrique, à la batterie et à la contrebasse, où les cordes donnaient le ton. Les paroles étaient d’une prononciation articulée et égale, plus près du slam que du rap. Les textes étaient francs, près de la résilience. L’artiste nous a également témoigné, avec autodérision, de son sentiment de solitude et de ses épisodes de profonde tristesse, aux idées noires qu’elle a déjà eues dans sa vie. Elle dénonce également l’importance de renforcer l’accessibilité des services en santé mentale.
Puis, il y a eu Loïc Lafrance, le dernier finaliste. Sa prestation a débuté par un discours sur la liberté d’être qui nous sommes, pour ensuite décrire son personnage, une espèce de cowboy psychédélique, et y créer une contradiction sur son archétype normalement étiqueté de « méchant ». La musique se situe entre le indierock, le folk et une tendance pour le grunge par la batterie, les lignes de guitares électriques distordues. Les paroles sont éclatées et la présence sur scène est captivante par son dynamisme et son énergie rappelant un Robert Charlebois après 1968 ou bien un Gab Bouchard par son authenticité brute.
En terminant, c’était un bon spectacle dans l’ensemble. Nous avons pu créer des liens avec la personnalité des trois finalistes compte tenu de leurs interactions de scène particulièrement nombreuses. Le public en était ravi. Nous avons d’ailleurs apprécié les pistes plus festives où une majorité du public s’est levée pour danser. Visiblement, ce plaisir à performer sur la scène du Club Soda rend l’énergie de l’ambiance très contagieuse.
Enfin, Soleil Launière fut couronnée grande gagnante de cette 28e édition des Francouvertes, se méritant, entre autres, une bourse de 15 000 $ offert par le commanditaire SiriusXM.
Au nom du Daily Rock Québec, nous lui envoyons toutes nos félicitations pour cette grande victoire. Aussi, sans les oublier, un gros bravo aux participantes et participants de cette 28e édition haute en couleur, colorée aux teintes nuancées et aux éclats de notre scène musicale francophone.
Par Sarah Rudge et Pier-Luc Diamond