Affiche royale en cette Immaculée Conception à notre résidence secondaire bâloise avec rien de moins qu’EXTREME précédé de THE LAST INTERNATIONALE. Pas étonnant que la Z7 affichait complet et qu’il fallait presqu’un chausse-pieds pour entrer dans la salle.
Ô rage, ô désespoir, les aléas de la circulation d’un vendredi soir pluvieux de Genève à Pratteln nous ont fait manquer presque toute la (courte) prestation de THE LAST INTERNATIONALE en ouverture. Nous n’avons pu goûter qu’à « Hard Times », dernier titre échevelé de leur set. Heureusement, nous avons pu voir le groupe new-yorkais cet été pour la tournée de leur troisième album (« Running For A Dream », autoproduit, 2023) délivrer toute leur énergie en live avec talent. Un vrai groupe de scène qui fait parler la poudre avec les riffs de feu d’Edgey Pires et le charisme à la Janis Joplin de Delila Paz au chant.
Dire que l’on attendait le concert d’EXTREME comme la venue du Messie est un euphémisme. Un nouvel album excitant fraîchement sorti en juin dernier (« Six », earMUSIC) – le sixième en plus de 35 ans de carrière (!) – et le souvenir lumineux de la tournée 2017 qui était passée par la Suisse nous laissait augurer du meilleur.
Et le public multigénérationnel de la Z7 n’a pas été déçu, c’est un euphémisme ! Entrée en fanfare avec deux classiques du groupe, « It (‘s a Monster) » et « Decadence Dance » et c’est déjà de la folie dans la salle hérissée de smartphones portés à bout de bras. Le groupe a la pêche, les musiciens tout sourire et Gary Cherone ne tient pas en place. Il nous semble au début qu’il chante un demi-ton en-dessus (ou dessous, c’est selon) mais ce n’est qu’une impression passagère. Nuno Bettencourt est stratosphérique et semble avoir dix doigts par main, un jeu toujours aussi technique et précis mais toujours empreint d’émotion (on pense à Steve Vai et Eddie Van Halen).
« #REBEL » est le premier titre du nouvel album de la setlist et le public l’adopte aussitôt. Une volée d’autres classiques (« Rest In Peace », « Hip Today », medley, « Play With Me » avec intro « We Will Rock You ») permet de constater que les autres musiciens sont tout aussi affûtés que les membres fondateurs : Kevin Figueiredo est un vrai métronome derrière ses fûts et Pat Badger sous son chapeau de cow-boy est à l’aise à la basse comme aux backing vocals. « OTHER SIDE OF THE RAINBOW », second titre de « Six » de la soirée est très plaisant avec son refrain pop rock entraînant et la belle mélodie de Nuno à la douze-cordes. L’imparable « Hole Hearted » suit, hymne intemporel, repris par toute la salle, un pur moment de bonheur. « THICKER THAN BLOOD », taillé pour live, est irrésistible : tempo heavy, basse sautillante, riffs agressifs de Nuno, refrain scandé à la Rage Against The Machine.
Le moment préféré de Nuno (dixit himself) vient ensuite, petit quart d’heure acoustique tout en délicatesse avec « Midnight Express », « HURRICANE » et bien sûr, « More Than Words ». La machine repart de plus belle avec le meilleur titre du dernier album, « BANSHEE » (avec fausse intro de Queen, « Fat Bottomed Girls ») aux accents d’Aerosmith et Van Halen, de l’orfèvrerie ! Fin du set avant les rappels avec un « Get the Funk Out » qui donne des fourmis dans les jambes de tous les fans. Ce sont deux titres de « Six », dont l’incandescent « RISE » qui mettent un point final à ce concert épique d’EXTREME. Une chose est sûre, on n’a pas fini d’entendre parler du quatuor du Massachussets.
Texte : Jean-Blaise Betrisey
Photos : Stéphane Bée