La Zürichoise ne semble jamais être bien loin d’un studio d’enregistrement ou d’une salle de concert. Avec ‘Hope Music’, un quatre titres fort et dramatique, l’artiste s’affirme comme l’une des plus prolifique de la scène helvétique. Grand virage pop ici, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Tes débuts étaient très rock psyché. Tu sors maintenant ‘Hope Music’, beaucoup plus electro. Pourquoi ce choix ?
J’aime expérimenter les différentes formes du langage musical. C’est comme essayer de nouvelles chaussures. De par le passé, j’ai eu l’impression de ne pas avoir été totalement comprise, comme si ma musique était trop compliquée pour certains. Pour cet EP, je me suis dite que j’allais être plus facile à atteindre, plus directe. ‘Fais simple, court, et essaie de dire le moins possible pour te faire comprendre’. Bref, essayer de m’autocensurer pour être plus pop. Je ne suis pas sûre que ça ait marché…
Tu et originaire de Zürich, puis t’es déplacée à Londres, puis Berlin. Tu aimes les grandes villes ?
Je ne pourrais pas dire ça, mais elles me rendent très productive. En me déplaçant à Londres, je me suis réinventée, je me suis focalisée sur ma façon d’écrire et suis allée plus en profondeur. Pareil quand j’ai bougé à Berlin : cette ville m’a motivée à écrire et produire des morceaux par moi-même, et cela a créé ‘Hope Music’. Je conseillerais à tout le monde de quitter son chez-soi pendant un moment. Au moins une fois dans sa vie.
Je n’ai pas l’impression de voir de l »espoir’ dans le monde actuel. Ta musique serait une solution ?
C’est un bon résumé ! Comment peut-on voir les choses positivement dans le monde dans lequel on vit ? Je n’ai toujours pas de réponse à ça, mais il y a néanmoins certains moments où je vois que de bonnes choses se passent, qui sont inspirantes, qui donnent du sens… Et toutes sont liées à la musique. Je ne sais pas si la musique peut apporter de l’espoir aux gens, mais elle rend mon quotidien bien meilleur.
Tu es musicienne depuis plus de dix ans : comment vois-tu ta carrière ?
Elle n’a pas été sans accrocs. J’ai toujours travaillé de manière très DIY, et ai toujours bossé énormément. Depuis notre premier bus de tournée qu’on a dû retaper nous-mêmes, de petites tournées mal organisées (par moi!), les posters, les photos, les vidéos… C’est une quantité de travail énorme, sans compter la partie où tu t’assois pour composer ! J’aime avoir le contrôle sur mon travail, donc je fais tout moi-même… Heureusement, j’ai un manager depuis l’année passée, mais les dix premières années ont été un combat : ma musique n’a jamais quitté la Suisse. Le fait que nous n’ayons jamais pu partir en tournée pour défendre notre album a néanmoins son avantage : on bossait directement sur l’album suivant ! Si un disque n’avait pas la réaction espérée ou n’attirait personne, on passait à la suite. Je crois avoir fait 3 – 4 albums comme ça, et j’en suis toujours fière ! (rires)
Cela est probablement ta force : tu ne déçois jamais. Un nouveau titre de ta part, c’est comme découvrir une nouvelle artiste. C’est difficile pour toi de garder cette patte ‘Trouble’ ?
Être Evelinn Trouble semble devenir de plus en plus facile. Je n’ai pas de pression, plutôt de la reconnaissance de la part des autres. J’ai remarqué une différence ces deux dernières années, les gens semblent être intéressés par ce que je fais, ils comprennent mieux mes démarches et mon univers. La seule pression donc, ce serait de faire attention à ne pas me répéter.
Les quatre morceaux de ‘Hope Music’ sont comme une plongée dans le terrier du lapin blanc. On en sort avec une impression douce-amère. Tes morceaux sont très pop mais très sombres.
C’est ce que je voulais ! Je voulais écrire un EP plus optimiste, plus affirmé. Mais au fil du temps, je me suis rendue compte que ce n’était pas honnête, et plutôt cynique. Je me suis donc focalisée sur autre chose. ‘Je ne veux pas me sentir morte à l’intérieur’ est probablement la chose la plus forte que l’on peut dire en 2018…
FICHE CD :
Nom de l’album : ‘Hope Music’
Label : Radicalis
Note : 4/5