Clin d’œil de la météo de ces 3 jours de douce folie belfortaine c’est donc sous la pluie que s’est achevée cette édition 2015 des eurocks. Enfin on y reviendra, Eurocks, difficile désormais d’en changer le nom même si le festival n’a plus grand-chose de rock et ressemble de plus en plus à une discothèque géante où pendant 3 jours se succède la crème de la platine (Die Antwoord, Chemical Brothers, Major Lazer, Flume, etc…..). L’arrivée de Mathieu Pigasse, patron entre autres des inrockuptibles y changera-t-elle quelque chose ? Pas sur….
Cette version 2015 débute donc sous un soleil de plomb, faisant fuir les plus courageux sous tout ce qui ressemble de près ou de loin à un coin d’ombre. Vu la chaleur il parait logique de débuter sur la plage avec un OVNI transgenre (non revendiqué), Big Freedia, qui accompagné de deux acolytes secoue son popotin sur de la bounce Music devant les plus motivés des premiers festivaliers présents sur le site.
L’organisation se met en 4 pour ses ouailles, crème solaire, crème glacée offerte, brumisateur, de quoi se rafraichir avant le début des opérations plus rock’n’roll, le parent pauvre de cette année. C’est donc à Lætitia Sheriff qu’incombe la lourde tache de brancher les premiers amplis sur la loggia devant une foule qui commence gentiment à se mettre en place pour un des groupes Mainstream du moment, en l’occurrence, Royal Blood.
Le duo anglais fort d’un premier album multi récompensé et de plusieurs tubes repris en chœur par les fans présents (Out of the black, figure it out, Little Monster…..) livre une prestation solide, aux forts accents white stripiens, au son impeccable bien qu’un peu fort. On retiendra notamment le très joli geste du batteur profitant d’un break pour aller offrir ses baguettes à un jeune homme en fauteuil roulant. Au final un bon show, même si le coté répétitif de l’ensemble finit quand même par se ressentir, l’ajout d’un prochain album ne fera pas de mal à l’ensemble.
La suite du programme alterne entre hip-hop, electro local (les cotton claw), la surprenante pop psychédélique des Soft Moon, sorte de Depeche Mode sous acides (oui çà fait beaucoup), les Black Label Society de Zakk Wylde, bucheron guitariste aussi gracile qu’un éléphant barbu dans une boutique de porcelaines belfortaine (et toujours aussi souriant pour un show assez plat), punk sans concession des Off! préféré par quelques exceptions aux ritournelles de The Do marquant pour beaucoup le clap de fin de cette très longue journée, malheureusement clôturée sur un décès à l’entrée du festival. La chaleur fait sa première victime. RIP
Et la tête d’affiche me dirait vous ? Les Skip The Use en tête d’affiche c’était déjà une surprise, bonne pour ma part car un groupe français, plutôt rock aux origines, sur une grande scène de festival c’est assez rare pour être souligné ! Les STU nous prédisaient un concert plein de surprises, multipliant les guests et les reprises. Et bien, soyons honnête, c’est la grande déception du jour. La douloureuse impression de Shakaponkisation des nordistes. En gros, à force de tirer sur la bête pour se faire une place (méritée) au soleil, les groupes français y laissent beaucoup de leur énergie et de leur folie sur les routes pour aboutir à des shows comme ce Vendredi soir aux eurocks. Très très loin du show bouillant du Cabaret Vert il y a 2 ans par exemple. Un show certes consistant, bourré de tubes mais entre show cadré (les discours intermèdes de Matt étant toujours les mêmes), intermèdes justement longuets, invités qui finalement montent sur scène puis repartent dans la foulée (Bloody Beetrots, HF Thiefaine) et reprises catastrophiques (On pleure encore au souvenir de Jeanne Added hurlant sur « smell like teen spirit » de Nirvana), l’impression générale reste très contrastée. Comme le dira une festivalière voisine à 45 minutes de la fin, « ouf, çà y est c’est fini, on va voir The Do ? ».
Jour 2, l’abandon. Au regard de l’affiche du jour, à DR France on a tiré au sort un volontaire désigné d’office pour assurer cette seconde journée à 90% Hip-hop / électro. Compte-rendu de notre photographe, journaliste de guerre donc pour l’occasion.
Délaissé par mes coéquipiers je dois faire face seul a cette journée qui ne m’inspire pas forcément beaucoup.
Hormis deux ou trois groupes qui m’interpellent, le reste du temps sera propice à la découverte de groupes intéressants
La journée commence donc avec les deux sœurs que composent IBAYI ! Afro soul teinté de leurs origines cubaines les deux sœurs arrivent à emmener le public dans leurs univers. Quand à moi je me dirige petit à petit vers la Grand Scène pour voir le clou de la journée en ce qui me concerne : Seasick Steve !
Voilà le bonhomme de plus de 70 ans affublé de sa salopette et de sa barbe qui arrive tranquillement et tout sourire dehors sur la mainstage. Il faut dire que Steve arpente le festival depuis deux jours histoire de s’imprégner de l’atmosphère mais pas que !!!!!
Et nous voilà parti pour une heure de blues qui sent bon les bords du Mississippi. Jouant avec ses guitares improbables, qu’il construit lui-même avec ce qu’il trouve, il nous en explique les montages à chaque fois qu’il en change. Après la découverte de l’album, on découvre que le bonhomme a une excellente présence scénique ! A voir impérativement lors d’un prochain passage dans nos contrées.
20 heures, le dilemme ! Angus and Julia Stone ou ce groupe japonais découvert lors de la conférence de presse quelques heures plutôt !
Ce sera donc les Bawdees qui auront mes faveurs ! En voilà une bonne claque. Habillés en dandy des sixties, les quatre japonais nous balancent un rock assez rageur tout en gardant l’esprit festif de ces années la. Ils nous avaient prévenus à la conférence qu’ils avaient déjà joués dans des conditions de chaleur plus extrême que ce jour (il ne fait pas loin de 40°C) et qu’ils assureraient sans problème ! Et ce fut le cas !
Nous passerons rapidement sur la prestation de Daho car n’ayant jamais été fan de sa musique je ne suis pas resté des heures ! Par contre une foule importante est massée en devant de scène afin de chanter en chœur les tubes de ce dernier.
Puis direction pour la première fois de la journée vers la scène de la plage pour aller découvrir ces deux frères qui composent le groupe Rae sremmurd (d’ailleurs pas l’ombre d’un batteur sur scène !!). Un hip hop énergique et une présence très dynamique sur scène me laissent agréablement surpris ! Les gamins envoient très fort et leur set est franchement prenant !
Second dilemme de la journée Christine and the Queens que je n’ai jamais vu ou encore un groupe japonais dont on me parle depuis deux jours. Ce sera encore le pays du soleil levant (dans le cadre d’un échange avec le festival rock Summersonic, 6 groupes font une visite à Belfort, NDLR) qui aura ma présence avec les Bo Ningen. Et là c’est un rouleau compresseur, qui déboule sur la Loggia. Un son énorme, des musiciens au look improbable, qui nous assènent un rock lourd, puissant mais techniquement très abouti. Au final pas de regret sur ce choix également.
Puis je découvre qu’un groupe punk (c’est ce qui est marqué dans le programme du fest) joue sur la plage. Je me dis enfin un groupe qui va égayer ma journée et me donner ma dose de décibels ! Et là je tombe sur Sleaford Mods ! Deux mecs sur scène, un qui parle ou chante et le second qui se gratte les couilles à l’aide de sa bouteille de bière, et qui n’a rien fait d’autre le temps où je suis resté ! Le coté punk devait se trouver dans la bouteille de bière car à part cela je ne vois pas l’intérêt du groupe !
La soirée se termine pour moi avec un show énorme, fort voire trop fort de Major Lazer. Le public est en délire et la poussière se lève sous les sauts des milliers de festivaliers venus pour l’occasion. Danseuses, jet de goodies dans le public, confettis, gros son, tout y est pour faire la fête jusqu’au bout de la nuit. En ce qui me concerne il est temps de trouver mon lit douillet afin de préparer la dernière journée !!
Dernier jour de festival (et de canicule) pour les courageux ayant pris le pack 3 jours de pénitence musicale, les plus masochistes ayant opté pour l’option camping/sauna qui pour une fois n’aura pas ressemblé à un massage boue gratuit.
La journée commençant dès 16 heures, le stand Ben & Jerrys et ses crèmes glacées gratuites valide définitivement son titre de best-seller de cette édition 2015. Le podium sera complété selon nous par les tshirts personnalisables RayBan et les fondues francs-comtoises !
Complet depuis trèèèèèèèèès longtemps, cette dernière journée reflète assez bien ce qu’est devenu les Eurocks. Un rendez-vous incontournable dans l’Est, complet quelque soit l’affiche, parcours initiatique de toute une jeunesse plus intéressée par un festival avant-tout festif où la musique (et donc la programmation) sert de support voire de fond sonore à une fête géante de 3 jours. Bien loin des eurocks d’origine mais qui au vu des affluences répond sans doute à une attente nouvelle. Un peu comme l’évolution du magazine « les inrockuptibles », son patron intégrant donc l’aventure Eurocks, un hasard ?
C’est donc évidemment devant un parterre bigarré et interrogatif que se présentent les Parkway Drive, groupe le plus « bourrin » de ces 3 jours. Alors que l’album est en approche, les australiens feront l’impasse sur la promo à Belfort, rien d’étonnant au vu du constat dressé plus haut. Star incontournable dans son pays, (du metal dans le top 50 des ventes il y a qu’à l’autre bout du monde qu’on voit çà… ou en Allemagne plus proche), les PWD auront la bonne surprise de constater que bon nombre de fans sont présents pour le show, reprenant en chœur les tubes du groupe, célèbres en général pour avoir chacun son gimmick mémorable repris par la foule (wild eyes, Dark days….). Une fois le tri effectué, c’est donc un noyau dur qui découvre (et reprend) le nouveau single du groupe, Vice Grip, qui marque une nouvelle évolution plus mélodique et plus légère des wallabies. Vivement l’album !
C’est aux sons du reggae d’un des 367 fils de Bob Marley que s’effectue le break « Eagle of The Death metal ». Pardon, EOTDM, Jessy Hugues, frontman déluré et bout-en-train du groupe de stoner, y tient ! Pas de traces de Josh Homme, la rumeur a pourtant (comme à chaque fois, oui c’est vrai) parcouru les allées du festival. Docteur Homme absent, c’est donc en configuration classique que les EOTDM montent sur scène pour un show sympathique, entrecoupé de la recherche de la femme idéale de Jessy Hugues, très porté sur la gente féminine.
La suite sépare le festival en 2 camps, les fêtards/réceptifs aux pokemons sous amphets des sud-africains de Die Antwoord et aux onomatopées stridentes, electro-déjantés à souhait ou plus classiques à la guitare et la voix d’Alabama Shakes (ce qui sera le cas du frontman de EOTDM présent dans la foule). Un show très soul, envoutant bien que peu mis en valeur par le réglage « électro » de cette scène où les basses quelque soit le style écrasent l’ensemble du site.
On passera rapidement sur Electric Wizard, groupe de Doom dans toute sa splendeur, soit 1 heure dans le noir, la vidéo servant de support au trip sado-masochiste des metalleux. Pour amateur averti, ce qui au vu de la tête de plusieurs mères de famille n’étaient pas vraiment le cas. O joie, o bonheur, l’orage approche pour marquer la fin du fest et de la chape de plomb posée sur Malsaucy depuis 3 jours.
C’est donc sous les gouttes que démarre le show du mythique Sting. Que retenir du show ? Si on exclut le nouveau look (barbu, quelle surprise !….) de l’ex-Police, il ne manquait que les lyrics au dessus de la grande scène pour valider 1h15 de show aux saveurs de karaoké géant. Sting à la basse enchaine les singles, la set-list est irréprochable mais le sentiment qu’il manque juste le transat et le mojito (servi dans un des stands) pour profiter du concert arrive assez vite. Propre, lisse, mais loin des années punk de l’anglais désormais plus près de l’establishment que des coins sombres de Londres.
L’heure du bilan arrive donc au moment où l’orage se déchaine. Les eurockeennes ne changent pas, la formule est rodée. Accueil impeccable, lieu toujours aussi magnifique, pour une fois sans boue, de nouveaux stands pour satisfaire le plus grand nombre. Car c’est bien à çà que ressemble les Eurockeennes 2015 et surement 2016. Une programmation mêlant valeurs sures, identiques à 60% à la plupart des grands festivals de cet été et pour les découvertes de plus en plus tourné vers l’électro et le hip-hop, styles collant plus au public très varié pour qui c’est parfois le seul concert de l’année. Pour un sold-out annuel, la formule du succès visiblement. (Arnaud, Sophie & Nicolas)
Un grand merci aux équipes d’Éphélide, notamment notre nounou Marion 2 (bon courage pour ton stage ;-)), les équipes du festival, et tous les piliers du bar du boulot toujours à fond, même le dimanche !