Franc et fonceur, l’auteur-compositeur-interprète Paul Cargnello voit la musique comme sa seule arme contre les injustices et la haine. Avec dix-neuf albums solos et sept mini-albums à son actif, sa carrière va bon train depuis une vingtaine d’années. Le Daily Rock Québec s’est entretenu avec lui dans le cadre de la sortie de son nouveau microalbum francophone « Blues de combat » paru le 21 mars dernier. L’artiste nous a accueillis dans son studio Upper China situé dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Il s’est livré entre autres sur sa relation avec la création, sur la place du français dans son art et sur l’incontournable sujet de la politique.
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Daily Rock Québec : Après plus de vingt albums, qu’est-ce qui te motive encore à créer des chansons?
Paul Cargnello : La création a toujours fait partie de moi. À partir du moment où j’ai commencé à jouer de la guitare, j’ai commencé à composer des chansons. J’avais huit ans et j’enregistrais des chansons. Ce n’était pas des chansons sophistiquées : j’utilisais un ou deux accords. J’avais commencé à enregistrer des choses sur une cassette avec un boombox et tout de suite, même à dix ou onze ans, j’ai commencé à enregistrer des albums complets. Alors, qu’est-ce qui me motive? Je ne sais pas… Il y a quelque chose en moi qui n’arrête pas. Je suis hyper créatif. Même avec vingt albums j’ai comme deux-mille ou trois-mille chansons inédites qui ne sont jamais sorties.
D.R. QC : Des chansons qui traînent dans un tiroir, comme on dit?
Paul Cargnello : Exactement! Comme Prince, j’ai un vault avec toute sorte de chansons dont le monde est déçu qu’elles ne soient pas sorties auparavant. Donc, la motivation n’a jamais été une difficulté en soi. Il y a beaucoup d’autres choses qui pourraient parfois me décourager. L’industrie musicale n’est pas facile. Ça devient de plus en plus difficile, aussi. Avec le temps, c’est certain qu’il y a des moments où je questionne ma profession. Il y a des moments où je me demande même où mon prochain chèque va rentrer! [rires] Après la pandémie, il y a eu beaucoup de questionnement autour de l’industrie de la musique. La technologie change et ça met beaucoup plus de pression sur les artistes. Donc je comprends que, de ce côté, il y a de quoi à se décourager, mais quand ça reste à la création c’est impossible pour moi d’arrêter. Je vais continuer à créer même si je n’ai plus de carrière. C’est quelque chose en moi et j’ai peu de contrôle. Donc pour la motivation : je suis toujours motivé à créer!
D.R. QC : Il y a une pulsion aussi dans tout ça. Ton cerveau est en ébullition. Il suffit d’une phrase, d’un mot, d’un accord et te voilà en train de créer quelque chose?
Paul Cargnello : Tout le temps! Comme tu peux voir autour de toi, j’ai une centaine de calepins qui traînent avec de la poésie. J’écris de la poésie tous les jours. J’écris peut-être entre dix à vingt poèmes par jour. Un poème pour moi c’est des paroles. C’est du texte pour une chanson. De ces poèmes que je vais écrire chaque jour, je vais composer environ deux à cinq chansons à la fin de la semaine. Ça devient un mode de travail pour moi, un mode de vie. Je n’arrête pas. C’est certain qu’il y a des fois où je compose mieux, mais bon, à la fin de l’année, je finis par avoir deux-cents à quatre-cents chansons et, dans celles-ci, il y en a peut-être une vingtaine qui sont correctes et que je peux dévoiler aux gens. Donc c’est ça ma vie. J’ai construit ma vie autour de la création d’une façon pour que je puisse vivre avec ça.
D.R. QC : Quel a été l’élément déclencheur à la conception de « Blues de combat »?
Paul Cargnello : Mon idée musicale, lorsque j’ai commencé à travailler au studio, c’était de construire des chansons autour des jams (séances musicales improvisées) qu’on avait enregistrés précédemment. D’ailleurs, toutes les chansons ont été enregistrées live. Les chansons sont un mélange, imaginons-le, entre The Clash qui fusionne avec Sly and the Family Stone. Ces deux groupes ont eu une énorme influence pour moi lorsque j’ai commencé à travailler sur ces enregistrements. Cela a mené à l’élaboration de « Blues de combat » mais aussi de « Combat Blues. » Ces deux albums se sont créés durant la même session d’enregistrement avec les mêmes musiciens, la même façon de composer et les mêmes influences. The Clash pour le mélange de rap, de reggae, de punk-rock et de rockabilly, et à Sly and the Family Stone puisque c’est un groupe rock mais reconnu parmi les créateurs du funk en même temps d’être considéré proto-punk. Lorsque tu vois l’évolution de ce groupe, celui-ci est devenu Funkadelic puis Fishbone, on constate que la vague de punk-rock que l’on connaît maintenant découle de tout ça. Donc tu vois, j’imagine ces deux groupes ensemble et c’est ça qui sort de moi [rires]. Aussi, une autre influence : lorsque je réalisais les deux albums, je voulais aussi garder un son sale, un son dirty, et j’ai beaucoup pensé aux albums de Fred Fortin. Non seulement c’est un artiste dont j’éprouve beaucoup de respect mais, comme réalisateur, il a toujours eu un certain succès assez commercial au Québec mais toujours comme un outsider. Il est toujours à l’extérieur du mainstream! Aussi, j’ai constaté que je serai toujours perçu comme un outsider dû à mon côté anglo-franco. C’est très compliqué pour le Québec de me placer, même dans les magasins où il y avait les sections francophone et anglophone. C’était toujours très compliqué pour moi [rires]. Alors je pense que Fred Fortin, comme réalisateur, a été une influence pour moi. Pour résumer, musicalement c’est vraiment, imaginons, Clash et Sly dans le même fucking band : c’est ÇA mon album! [rires]
D.R. QC : Les qualificatifs « prolifique » et « éclectique » collent à ta réputation d’artiste. Est-ce qu’il y a des avenues musicales que tu n’as pas exploré qui t’intéresserait pour un futur album?
Paul Cargnello : Shit… C’est une très bonne question, parce que personne ne me l’avait posée auparavant. Pas vraiment, dirais-je. J’ai déjà un peu touché la pop, la grosse pop. J’ai parlé de Prince tantôt, j’aime tellement Prince! Tu sais, il y a des limitations dans ma voix. Souvent, lorsque je chante, j’entends un chanteur blanc, rocker. Mais surtout, j’aimerais explorer le R&B et la pop avec MA voix. Je sais que cela amènerait quelque chose de différent. J’ai déjà travaillé avec des artistes R&B et pop, mais j’ai toujours engagé un autre chanteur, car je n’avais pas confiance en ma propre voix dans ces styles-là. Dans le futur, je crois que je vais avoir assez confiance pour y poser ma voix.
D.R. QC : De ce que j’en comprends, la prochaine avenue musicale sera orientée sur la manière dont tu vas travailler ta voix?
Paul Cargnello : Exactement! Je considère ma voix comme étant ma plus grande faiblesse. Je suis un bon guitariste, je joue bien de l’harmonica, je joue de tous les instruments, je suis un bon performer. J’ai toute la confiance nécessaire pour répondre aux questions d’entrevue et donner du contenu. Je suis bon dans toutes les facettes de la musique, sauf que je trouve que ma voix, parfois, est ma plus grande faiblesse. C’est drôle, car c’est la chose que tu mets de l’avant dans tout ce que tu fais. Je pense à mon bassiste James Challenger, avec qui je travaille depuis des années, quand il chante, quand il ouvre la bouche, je suis comme : fuck, c’est ça que j’aimerais avoir comme voix, c’est ça la voix idéale! Mon bassiste est un meilleur chanteur que moi [rires]. Donc je sais que c’est ma grande faiblesse et c’est probablement la place où je vais expérimenter le plus.
D.R. QC : Puisqu’on parle de voix, on pourrait parler de langue d’expression. Alors, en tant qu’artiste bilingue, tu pourrais décider de chanter uniquement en anglais afin de rejoindre un public plus large et d’évoluer dans un plus gros marché en visant l’international, par exemple. Qu’est-ce qui t’incite encore à créer en français?
Paul Cargnello : Je pense que je suis très fidèle. J’ai commencé ma carrière au Québec et à Montréal. Il y avait déjà des francophones qui me suivaient, qui remplissaient les salles de mes spectacles à mon début de carrière, et ce, même à l’époque de mon groupe The Vendettas. J’étais très conscient que les francophones du Québec donnent de l’amour, qu’ils donnent le feu à ma carrière. Ils me donnent quelque chose. Si quelqu’un me donne de quoi, je veux donner de quoi en retour. Je veux démontrer que c’est réciproque. Ainsi, je vais toujours travailler en français. D’une part c’est pour les fans, c’est pour les gens qui m’ont offert beaucoup d’amour durant toute ma carrière. D’une autre part, j’aime aussi les défis. Tout ce que je fais au Québec c’est dans ma deuxième langue. Je vais être honnête : c’est beaucoup de travail. Si, par exemple, nous étions en train de faire une entrevue en anglais, il y aurait une éloquence qui manque énormément en français. Je fais tellement d’erreurs… On parlait de limitations, man, j’ai des contraintes. Même dans mon vocabulaire, même dans le féminin et le masculin quand je parle à un francophone… En même temps, c’est cette ouverture d’esprit qui explique pourquoi les francophones aiment ma musique. […] Quand je me force à composer et à écrire en français, d’apprendre des textes en français, je travaille une autre partie de mon cerveau. Cela améliore ma façon de composer en général, ma façon de connecter avec les gens, ma façon de créer du phrasing. Il y a des trucs techniques qui sont très différents en français et en anglais et il faut apprendre toutes ces petites nuances. Il faut lâcher quelques nuances aussi. Il faut garder mon côté anglo qui chante en français, le petit accent qui est peut-être charmant, you know. En même temps, il faut détruire des habitudes et il faut évoluer. Moi j’aime ça un défi. J’aime ça quand c’est un challenge, que c’est difficile. Moi j’aime l’évolution et je suis très chanceux d’avoir l’opportunité de composer dans deux langues et d’avoir deux audiences. Je pense que c’est même plus international de ce côté-là. Penser au marché américain? Tu as raison, tu peux toucher un énorme public. Cependant, quand tu penses à un marché comme le Québec, la France ou la francophonie en général, comme en Afrique ou en Haïti, il y a toute sorte de personnes qui connaît ma musique et le public mainstream, souvent, il va ignorer ou il va oublier qu’il y a d’autres langues. Il y a des gens qui aiment écouter des choses dans leur propre langue. Je me considère chanceux de toucher deux différents marchés. Souvent les anglophones ne vont même pas être au courant de mes albums en français ou les francophones vont me demander ce que j’ai sorti depuis « Brûler le jour » (2006) C’est curieux mais bon, je rencontre encore des gens qui vivent un peu dans les deux solitudes, puis je suis très content d’être un de ces artistes qui brisent toutes ces règles-là.
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En mai prochain, Paul Cargnello lancera « Combat Blues », un vingtième album complet et en anglais. Mis à part la langue, il ne sera pas très différent de « Blues de combat ». Essentiellement, ce sont les mêmes chansons avec le même ton dans les paroles. Créées pour contribuer au mouvement antifasciste, elles ont été entièrement composées pendant la dernière élection américaine. Malgré leur contenu révolutionnaire, cela ne l’empêche pas de faire preuve d’autodérision dans la pièce « 200 piastres », ou parler d’amour dans « Je suis là ». Il a précisé que trois chansons du microalbum sont uniquement en français et qu’elles ne figureront pas sur l’album en anglais. Ceci inclut la pièce « Chansons d’amour ». Cargnello nous a aussi témoigné sa fierté d’avoir collaboré avec le chanteur reggae britannique d’origine jamaïcaine Maxi Priest dans « Babylone s’effondre », une adaptation francophone du remix de la chanson « Babylone Falling » de l’artiste montréalais Jonathan Emile.
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D.R. QC : Le punk en toi est bien vivant avec des chansons comme « Des fascistes parmi nous » et « Ô Canada » qui sont particulièrement provocatrices. Elles dénoncent sans prendre de gants blancs. Qu’as-tu eu envie de susciter chez l’auditeur?
Paul Cargnello : Pour « Des fascistes parmi nous », ça décrit la situation politique globale. Je ne parle pas juste du Québec, je parle de l’Europe, je parle des États-Unis, je parle de Jair Bolsonaro au Brésil, je parle de plusieurs personnalités là-dedans. Dans la chanson, le message le plus important pour moi c’est They knocked at our door, we let them in. En français c’est Ils ont frappé à notre porte, nous les laissons entrer parce que cette phrase-là démontre que c’est de notre faute si on est en train de laisser des gens donner des plateformes aux gens comme Mathieu Bock-Côté. On donne des plateformes à des hommes comme Jordan Petersen, qui est tout le temps sur les médias sociaux. C’est une personnalité populaire et c’est de notre faute. Pour mobiliser contre le fascisme, il faut commencer à organiser et commencer à turn the tables contre ces gens-là parce que les politiciens vont prendre davantage du fait qu’on est en train de voir la vague tourner vers la droite et l’extrême droite. C’est quelque chose de tellement dangereux. « Des fascistes parmi nous » c’est une chanson pour des gens qui sont apolitiques. Je sais que des fascistes et des gens de droite seront fâchés de cette chanson-là et il se diront : what? Fuck you! En même temps, cette chanson-là parle aux gens apolitiques et eux-mêmes ne réalisent pas qu’ils sont en train d’accepter le statu quo. Moi, je suis en train d’attaquer les gens qui acceptent le statu quo. Les paroles bande de moutons qui portent des vêtements du loup : ça c’est une citation qui cible des groupes comme La Meute qui sont tous des fucking cowards. Ce sont des gens qui ont peur, essentiellement. Ils portent des symboles violents, ils portent des trucs menaçants mais ce sont des racistes, des antiféministes, des transphobes et des homophobes. C’est maintenant qu’il faut faire quelque chose. Donc voilà, c’est ce que je veux susciter dans « Des fasciste parmi nous». Pour « Ô Canada », je dis que rien ne rime avec le rouge colonial car je pense que c’est le moment d’affirmer que le colonialisme est un problème. J’ai fait un projet avec Samian récemment, puis, tous les deux, nous sommes sur la même longueur d’onde. Le grand problème, c’est qu’on est en train d’ignorer le fait qu’on est un pays, même le Québec, si on considère le Québec comme un pays, qui a réussi grâce à un pouvoir colonial. Les francophones vont souvent penser que sont les Anglais qui sont le pouvoir colonial. Il y a eu plusieurs pouvoirs coloniaux en Amérique. Les Français et les Anglais en font partie. Donc « Ô Canada » c’est une chanson anticoloniale, puis je pense qu’on est en train d’effacer le passé avec cette vague de fascisme et il faut qu’il y ait des artistes qui disent les vraies affaires.
D.R. QC : Avec tes engagements sociaux et ton activisme, ton espoir d’un meilleur vivre-ensemble ne semble pas se dissiper. Cette valeur sociale se manifeste dans ton art et, décidément, la chanson engagée fait partie de tes champs d’expertise. Selon ta perspective, comment la chanson engagée peut-elle encore jouer un rôle social en 2025?
Paul Cargnello : Ma réponse sera philosophique. Je pense que la chanson engagée n’a pas changé. C’est juste qu’il y a moins d’artistes engagés et qu’il y a moins de chansons engagées à cause de cette tendance des artistes à devenir de plus en plus narcissique. Avec le temps, avec les médias sociaux et la promo, ça devient beaucoup plus un culte de la personnalité que de porter un message qui rappelle que l’on a un impact social pour la société. Je dirais que le focus devient vraiment plus tourné sur la personne. Les gens vont parler de leur propre identité beaucoup plus que des mouvements collectifs. En même temps, il n’y a rien qui bouge sans un mouvement collectif et la collectivité est en train de se perdre, puis ça me dérange beaucoup. Les chansons engagées, selon moi, ne vont jamais vraiment changer le monde et ça c’est ma réponse philosophique : Je ne suis pas assez égoïste pour penser qu’une chanson va fucking changer le monde mais je pourrais dire que les chansons et les artistes derrière ces chansons-là peuvent contribuer à quelque chose qui est déjà là dans l’audience. Dans l’audience, il peut y avoir quelqu’un qui n’est pas nécessairement conscientisé mais qui croit à des valeurs de justice, d’égalité, peu importe. Il y a une valeur en lui à laquelle il croit mais qui ne le manifeste pas, puis une chanson pourrait exister juste pour renforcer cette idée existante. Ça, c’est quand même énorme, car, avec le temps, ça peut influencer une génération. Si tu peux attiser le feu de la compassion et de l’empathie, c’est déjà une réussite. Je comprends que ça ne va pas changer le monde. Les gens pensent que ça devient automatique. Par exemple, John Lennon n’a rien changé avec « Give Peace a Chance ». Cela n’a pas provoqué de révolution. Il y a des artistes comme Gil Scott-Heron qui a composé des textes pour les Américains noirs pauvres qui luttent toute leur vie pour réussir, même un petit peu, et ça a donné une valeur à leur lutte. Il avait une façon de parler avec un mélange de réalité et de compassion et cela a eu une influence énorme sur ce qu’est devenu le hip-hop par la suite. Alors, je ne peux rien changer et je ne suis pas assez égoïste pour prétendre pouvoir changer le monde. Mon objectif c’est seulement de renforcer et de donner une valeur à une idée existante.
D.R. QC : Dans l’ensemble, si on suit ton parcours musical et ta démarche artistique, il est difficile de te classer dans une catégorie. Avec cette capacité que tu possèdes à te réinventer continuellement et à une fréquence remarquable, on pourrait te qualifier de notre « Elvis Costello montréalais ». Que penses-tu de cette comparaison?
Paul Cargnello : Je l’aime tellement! Mon fils s’appelle Declan Evans Cargnello. Il a commencé un groupe qui se nomme Declan EC. Le nom du groupe fonctionne autant en français qu’en anglais. Il faut savoir que Declan c’est le vrai prénom d’Elvis Costello (Declan MacManus). Mes parents m’ont prénommé Paul parce que l’artiste préféré de mon père c’était Paul Simon et celui de ma mère c’était Paul McCarthy. Donc, grâce à ça, mes parents ont voulu m’appeler Paul [rires]. Le côté prolifique d’Elvis Costello m’a beaucoup influencé en tant qu’artiste. Je me souviens d’une entrevue avec Costello que j’ai écoutée lorsque j’avais quatorze ans, à l’époque qu’il avait sorti un album avec Alan Toussaint et composé avec Paul McCartney. C’était une entrevue à la télé, à MuchMusic ou à MTV, où il avait dit : je compose une chanson par jour. En fait, c’est ça que j’avais compris étant très jeune. Ensuite, pendant un an ou deux, j’ai composé une chanson par jour et je me forçais à le faire parce que je me disais que c’était ça l’éthique de travail d’Elvis Costello. Tous les jours, j’ai travaillé en sachant que les chansons composées ne seront pas toutes bonnes, car, en te forçant, même si tu manques d’idées, il faut la finir, la compléter. Cette année-là, j’ai composé environ 360 chansons. Quelque temps plus tard, je suis retombé par hasard sur l’entrevue. J’ai réalisé que j’avais mal compris ce qu’il avait dit. Il a dit qu’il travaillait sur une chanson chaque jour et que ça peut lui prendre une semaine pour la compléter et non qu’il créait une chanson par jour. J’avais mal compris! C’est là que j’ai réalisé que c’est comme ça qu’on devient un artiste prolifique et compétent. Ça a changé ma vie parce que, maintenant, si toi, demain, tu me demandes de créer une chanson sur une pomme de terre dans le style country, je serai capable. Je me dis : ok, une chanson? Pas de problème! Tout ça grâce à l’influence d’une entrevue télé de Costello que j’avais mal comprise à la base. Ainsi, ma démarche est influencée par quelques mots très spécifiques d’Elvis Costello. Pendant des années, Declan MacManus était le « Declan » le plus important dans ma vie. Maintenant, c’est mon fils Declan qui est devenu le plus important. C’est vraiment intéressant parce qu’il y a toujours eu un « Declan » important dans ma vie.
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Paul Cargnello sortira l’album complet « Combat Blues » en mai prochain. Le mini-album « Blues de combat » est disponible sur les plateformes d’écoute en ligne. Des spectacles, en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète Marco Calliari, sont prévus plus tard ce printemps.
Photo : Declan Evans-Cargnello