Humus Records / Kartel Music Group
Quand un groupe affiche une volonté de non-conformisme, une envie de créer un langage musical unique, cela aiguise l’appétit. Si de plus son nom ne ressemble à rien et que le titre de son album est aussi poétique qu’énigmatique, on est sûr de s’aventurer dans de l’insolite. Pour aller à l’essentiel, passons rapidement sur ce EMZYG qui trouve son origine dans un bug de frappe chère à nos smartphones. Nous voilà face à ce « 52 Blue » mystérieux. Du nom donné à une baleine qui semblait solitaire et dont le chant à 52 hertz n’aurait été perçu d’aucun de ses congénères. Partons donc à la découverte du rock psychédélique de ces cinq Zurichoises.
Il faut d’abord s’immerger dans une ambiance brumeuse enveloppant les trois premières compositions, d’où surgissent peu à peu des nappes de claviers planants, une basse hypnotique (« Surrender ») ou encore une guitare lumineuse en picking (« Sasha »). Mais ce sont encore de fines aspérités. On est presque pris par surprise quand le tempo s’élève et que les lignes vocales se décalent. Nous voilà bousculés par des grattes qui grondent (« Pick It Up »). Se dessine alors, par couches successives, cet univers unique et complexe qui nous était promis. On contourne le rock avec des guitares qui partent en échos dans un ciel sombre pour en ressortir féroces (« Crows & Predators »). On fait progresser la pop d’étage en étage en le forçant à changer d’intensité et en osant s’attaquer à la langue de Voltaire sur une mélodie haut perchée (« Gardiennes du Mystère »). Du fond d’un garage crasseux on sent vibrer le magnétisme de textures rêches (« Mind Falls »). Et loin de se perdre dans la démultiplication des styles le quintet enrichit son univers par croisements successifs, offrant in fine une belle homogénéité. [YP]
Note: 4/5