C’est un récit, un voyage, celui de la rencontre de la noirceur et de la fragilité. Il touche au plus profond de nous-même et appelle à la mélancolie, aux souvenirs, pour finalement apaiser le cyclone humain qui habite en chacun. Il est indéniable que la musique d’Emma Ruth Rundle a ce rôle d’expiateur poignant. Un tourbillon de sensations dans lequel l’intimiste artiste nous plonge de la tête aux pieds.
Un nouveau chapitre sort, et le récit semble se poursuivre avec un rebondissement, un regain de force tout à fait admirable. Au-delà de la délicate vulnérabilité se dresse soudain une assurance et une force de combattante. Le premier morceau ‘Fever Dreams’ entre en matière sans détour, intensivement grave. Il reprend à la fois tout l’univers d’Emma Ruth Rundle, des tombées de guitares vibrantes, et cette voix caractéristique, fragile au possible mais qui déverse cette fois-ci une assurance et une force entrainante. ‘Control’, le second morceau, se met au service d’intentions s’approchant d’un post-rock plus hard mais mesuré. ‘Darkhorse’, le troisième morceau et tournant phare de l’album, tisse une tension jouissive au rythme de basses plus lourdes et plus sombres.
Cet album se démarque effectivement de ses prédécesseurs par un son beaucoup plus lourd, s’approchant du stoner sur certains morceaux. A la fois plus obscur et plus intense sur certaines parties, l’univers se calme aussi par moment, tout en gardant cette essence atmosphérique mouvante qui entoure l’artiste dans son œuvre. Ce que conte Emma Ruth Rundle, c’est une souffrance quotidienne et la peur de la fin. Le tout porté par l’espoir de survivre, de surmonter la douleur et la maladie. Cet espoir se change en assurance au fil des morceaux, pour terminer dans la sérénité et l’apaisement. Et toujours cette triste fragilité, véritable fil rouge de l’album. Il constitue la particularité et la force d’un style personnel et intime. C’est la porte vers l’univers d’une artiste qui a le courage de dire ses ressentis les plus noirs et les plus durs.
5/5