Douceur et poésie nous étaient promises par PTR L’USINE en cette soirée automnale balayée par une forte bise. Pas le temps ni l’envie donc de s’attarder sur la place des Volontaires surtout qu’il ne fallait pas manquer le début des concerts. Trois artistes étaient au programme et titillaient notre curiosité.
C’est Meimuna, le projet musical de Cyrielle Formaz, qui nous est proposé en entrée. Au chant et à la guitare acoustique, accompagnée d’une autre guitariste (acoustique et électrique) assurant également les chœurs, l’artiste valaisanne nous enchante avec ses textes délicats souvent autobiographiques et la douce mélancolie de ses mélodies. On y retrouve un univers proche de son amie Alice Torrent, d’Agnes Obel ou d’Angus and Julia Stone. Après 5 EP, Meimuna vernira son premier album, ‘C’est Demain Que Je Meurs’ au Spot (Théâtre de Valère) à Sion le 19 octobre.
Jaakko Eiko Kalevi qui lui succède est pour le moins atypique. Le grand Finlandais aux faux airs de fils de Patrick Juvet, revêtu d’une chemise surréaliste, vient seul sur scène avec ses claviers et une batterie électronique. Le mélange surprenant de pop synthétique-electro – on pense notamment à Kraftwerk ou aux tout premiers Simple Minds et Depeche Mode – et de sa voix plutôt grave et douce nous interpelle. Si l’un ou l’autre titre fait se déhancher quelques spectacteurs, c’est peut-être un peu ‘too much’ pour cette soirée.
Son dernier album (conceptuel) sorti en juin dernier (‘Miss Flower’ – Grönland), Emilíana Torrini parcourt les routes européennes et s’est arrêtée sur les bords du Rhône pour la seconde de ses trois dates suisses. Le thème de son nouvel opus est original, inspiré par la découverte qu’a faite Zoe, une amie de l’artiste, de nombreuses lettres d’amour adressées à sa défunte mère aussi poétiques que brûlantes. Excitée par cette trouvaille et émue par ces textes enflammés, Emilíana va les arranger et les orchestrer pour composer ‘Miss Flower’.
Le concert commence avec le beau titre au piano, ‘A DreamThrough The Floorboards’, tel un générique de film aux notes nostalgiques. Le sensuel ‘Miss Flower’, titre éponyme du nouvel album, prend la suite avec sa mélodie teintée de bossa nova. Emilíana est radieuse, tout sourire, élégante dans sa robe rouge et chante les yeux souvent clos, en ondulant aux rythmes de ses musiciens. Ravie de pouvoir interpréter en live sa dernière création, émue et souvent essoufflée, la chanteuse italo-islandaise rappelle au public la genèse de son dernier album et présente chacun des poèmes converti en chanson. Démarche intéressante mais parfois un peu longue, ce qui rompt l’unité et la fluidité du concert.
On poursuit avec le délicieux ‘Waterhole’ aux accents lascifs d’un Massive Attack apaisé. ‘Lady K’ est plus léger et dansant tandis que le sublime ‘The Golden Thread’ nous émeut de douceur et par la simplicité de sa mélodie, Emilíana seule au chant avec son claviériste. Incursion poppy avec ‘Black Lion Lane’ et caribéenne avec ‘Let’s Keep Dancing’, autant de couleurs qui agrémentent ‘Miss Flower’.
La deuxième partie du concert est un panachage de titres de ‘Me And Armini’, ‘Tookah’ et ‘Fisherman’s Woman’. On apprécie particulièrement le lumineux ‘Sunny Road’, l’electro– trip hop ‘Tookah’, ‘Ha Ha’ que l’on verrait bien interprété par PJ Harvey, le merveilleux ‘Birds’ tout de délicatesse et l’imparable ‘Jungledrum’, petit brûlot pop rock punky qui avait donné un grand coup d’éclairage sur la carrière d’Emilíana. Le set se termine avec un impeccable ‘Me And Armini’, l’un des plus grands succès de la chanteuse, tube pop rock fort bien construit. Deux rappels pour se dire au revoir en douceur, le tendre ‘Beggar’s Prayer’ et la ballade ‘Today Has Been OK’.