L’espace presse étant un peu bruyant et venteux, c’est dans la partie restauration des coulisses de l’Irreversible Festival que nous avons la chance de rencontrer Rafael Salzmann, un des guitaristes d’Eluveitie. Plein de spontanéité, il m’offre une bière avant même la première question. C’est donc la moustache imbibée de mousse que l’entretien débute, mais c’est avec la table par terre qu’il finira, les pieds de celle-ci ayant subitement décidé de nous lâcher !
Étant de la région zurichoise, vous penser quoi du Valais où vous vous produisez aujourd’hui ?
J’aime beaucoup venir ici. On prend nos véhicules, on conduit sur l’autoroute, et on voit le paysage changer, ces belles montagnes, c’est magnifique !
Avez-vous eu de bons retours de votre dernier album ‘Evocation II’ ?
Je crois que les fans l’on vraiment appréciés, mais pour être honnête avec toi, je ne prête pas une grande attention à ça. On lit parfois certains articles, mais on tourne beaucoup alors nous n’avons pas toujours le temps de nous intéresser aux commentaires. Mais il me semble qu’ils sont plutôt positifs. Le groupe en tout cas est content du résultat. Nous étions vraiment tous ensemble pour le composer, dans une bonne atmosphère.
Lors de la composition de ‘Evocation I’, il y avait toi, Kay (basse) et Chrigel (chant). Comment avez-vous expliqué aux nouveaux membres le concept, pour que chacun puisse se l’approprier et ainsi donner naissance à ‘Evocation II’ ?
Ce sont tous de très bons musiciens, ils sont pros et motivés. Mais ce groupe, c’est vraiment la vision de Chrigel, c’est lui qui l’a monté. Toutes les idées principales de chaque album que nous faisons viennent de lui, ça a toujours fonctionné ainsi, et j’espère que ce sera toujours le cas pour le futur. Ce projet Evocation II n’a pas été difficile à faire comprendre, ni difficile à être joué, car tout le monde y a mis du sien, c’était très naturel au final.
Le clip ‘Rebirth’ de votre nouvel album à venir, est-ce une manière de dire à votre public que vous êtes de retour, et bien de retour avec votre nouveau line-up?
En quelque sorte oui, ça peut. Nous voulions avec ce titre démontrer que nous étions de retour aux affaires, et prouver toutes les compétences que nous avons en tant que groupe. Nous avions annoncé que nous voulions revenir à quelque chose de plus metal, et c’est ce que nous avons fait.
Tu es d’accord si je te dis que vous paraissez plus fort que jamais avec ce nouveau line-up ?
Possible, tu sais en ce moment nous sommes juste vraiment très heureux de ce qui nous arrive. On s’entend tous bien humainement parlant, tout le monde veut travailler et est sur la même longueur d’onde.
Vous êtes un groupe de metal suisse qui parvient à vivre de son art. Penses-tu que vous êtes un exemple à suivre pour la plus jeune génération ?
Humm, je n’y ai jamais réfléchi. Mais je peux te dire que c’est très difficile en Suisse de vivre de la musique, mais ce n’est pas impossible. Quand je vois d’autres groupes, je me dis qu’ils doivent travailler dur, car la musique est un business qui ne fait pas de cadeaux. Quand tu penses que des fois, tu travailles gratuitement, c’est fou ! Mais souvent, chez nous, un groupe débute, c’est cool, tout va bien, mais ensuite, il s’arrête car il faut vraiment se battre. Mais j’aimerais clairement voir plus de groupes suisses capables de tourner à travers le monde.
Les racines suisses sont très présentes dans votre groupe, déjà par son nom. Vous vous sentez des ambassadeurs de notre pays quand vous parcourez le monde ?
Bon c’est normal que les racines soient suisses, car on est tous Suisses dans le groupe (rires). Après, il est vrai que peu de monde dans notre pays joue certains instruments que nous employons sur scène, mais peu importe. Mais je pense que oui, nous sommes un peu des ambassadeurs, car nous sommes tous très fiers d’être suisses.
Alain Ackermann, votre nouveau batteur, à mon sens, insuffle un vent nouveau à Eluveitie quand je vous écoute. Ses influences jazz et funk sont très présentes. Qu’est-ce que tu en penses ?
Oui bien sûr, ces influences-là, nous les sentons très bien. Je le connais depuis très longtemps, une quinzaine d’années je crois. Il a toujours été quelqu’un de très sérieux et de très travailleur. Ces connaissances en musique et en batterie sont tellement larges, que soudain, il arrive avec un truc auquel nous n’aurions jamais pensé. De plus, cela élargi notre champ d’action, car il peut interpréter quasiment tout ce que tu veux. Bon ok, il y a une limite de tempo comme pour tous les batteurs, surtout dans le metal (rire) mais quand on lui demande d’essayer de faire ceci ou cela, il travaille et il y parvient.
Finalement, on ne vous connaît pas tellement que cela : ils font quoi les membres d’Eluveitie en dehors de la musique. Des passions, des hobbys ?
En fait on ne fait pas grand-chose (rires) ! Mais c’est vrai que le groupe nous prend un temps fou. Pour ma part, je suis vraiment quelqu’un de très basique. J’aime le fromage, mon jardin et j’adore cuisiner ! Je me lève, je pense musique et au coucher aussi, mais je prends aussi du temps pour ma petite amie. Tu sais, je n’ai pas de patron, je travaille pour moi. Alors j’y consacre la majeure partie de mon temps.
Je rebondis sur ce que tu dis. Pourrais-tu quitter cette liberté et retourner vers un travail ‘normal’ ?
Oui, bien sûr que je pourrais. D’ailleurs, je fais certains jobs à côté quand je peux. Et je trouve même cela important, car ça te permet de garder les pieds bien sur terre. Alors oui, je pourrais, mais je n’en ai pas du tout envie ! C’est tellement beau d’être mon propre chef et de faire ce que je veux.
On arrive au terme de cette interview. Tu peux me dire ce que tu veux, ce qui te passe par la tête.
(surpris , il réfléchit puis éclate de rire ) Mais j’en sais rien ! C’est super difficile ce que tu me demandes là ! Je suis très excité de jouer ici ce soir et j’espère que tout va fonctionner, car nous avons déjà eu des problèmes avec notre camion de matériel. Ce qui est constamment dans mon esprit, c’est de contrôler mes cordes et de m’échauffer avant le concert aussi.