Deux ans après l’excellent Rise Again dont nous vous avions parlé, El Royce, la formation de heavy à la sauce nantaise, est de retour. Un groupe dont le bon goût s’exprime depuis 2002 et qui depuis, affine son écriture et propose un rock très efficace avec un son lourd tourné vers le stoner metal scandinave. Ces musiciens développent en effet des fibres similaires, sous bien des aspects, avec les Suédois de Mustasch.
Ils ressortent de cette influence, un ensemble cohérent qui s’enchaîne avec une certaine adresse, et sortir un morceau en particulier de ce troisième album n’aurait pratiquement aucun sens, si ce n’est de faire oublier les autres. Mais ça, c’est bien évidemment hors de question. El Royce ne se met malgré tout aucune limite, et on avance avec la conviction que leur monde ne ressemble à aucun autre.
Comme d’habitude, la mise en place est impeccable et ils nous abreuvent avec dix titres, qui sont un sublime condensé de leurs nombreuses références. Habiles à délivrer un son accessible, tout en ne rechignant pas sur la lourdeur et la puissance, ils marient avec élégance des riffs de bûcheron avec des ambiances alternatives. La mise en orbite est orchestrée avec un groove stellaire et accouche d’une constellation de pépites qui allie à merveille l’apesanteur brute du stoner pur et la robustesse d’un son heavy.
Grâce à l’appui d’une production imposante et sèche, le quatuor (depuis 2009) a gagné en profondeur et nous assène d’histoires, certes pour la plupart imaginaires, mais ô combien exaltantes. Black Saints Of Bourbon Street convoque l’ensemble des dieux ou certaines forces invisibles dont les hommes essaient de se concilier la souveraineté ou la bienveillance. L’affirmation d’un monde surnaturel apparaît ici comme une culture, un héritage, une philosophie ou un rite vers l’au-delà.
Le vaudou (ou voodoo) prend une forme musicale et la troublante efficacité de ce nouvel opus déstabiliserait les plus instruits d’entre vous, pour situer la Loire-Atlantique entre la Louisiane et le Mississippi. Bienvenue dans le bayou, cette grande région marécageuse, cet espace amphibie, qui regorge d’alligators. Et gare à ceux, qui par ignorance, ne croiraient pas un mot de cet art, de cette tradition orale.
On aura beau être pointilleux, et parfois tenter de chercher l’erreur, on passe un délectable moment en leur compagnie, avec un disque qui témoigne également du talent évident de musiciens érudits. A écouter pour comprendre que la scène internationale peut aussi nous envier.