Pour ce qui est des musiques sales, boueuses, grasses et sentant le bayou et les marécages, les plus grands ont sorti un album en 2014 : Down, Electric Wizard, EyehateGod. On continue dans ces sorties avec Hochelaga (nom du quartier ouvrier de Montréal, lieu d’un ancien village Iroquois) de Dopethrone (hommage non pas à l’album d’Electric Wizard, mais à Darkthrone, oui oui), trio formé en 2008 et déjà auteurs de trois albums (« Demonsmoke », « Dark Foil » et « III ») qui ont fait bonne impression parmi les fans de sludge/stoner.
Quoi de nouveau sous le soleil de la NOLA, euuh, de Montreal ? 7 titres pour une quarantaine de minutes, cela peut paraître court, mais sans commencer l’écoute, j’ai pu me dire que l’écoute pourra être confortable (et elle le sera). Je n’aime pas les albums trop longs, ils sont parfois synonymes de remplissages et de passages à vide chiants et sans intérêts. Bref, cet album est de très bonne qualité, homogène et le « DIY » (Do It Yourself) marche plutôt bien dans le genre.
On n’échappe pas aux thématiques habituelles du sludge/stoner. Pour avoir fait quelques dates avec EyehateGod (dont un report de la date à Lyon est visible ici), vous pourrez tout à fait faire le rapprochement : C’est la weed, l’alcool, les années 70 et ce n’est ni subtil, ni original, mais on s’en fout ! Et même s’ils ne viennent pas de la Nouvelle Orléans ou de la Louisiane, on sent qu’ils sont très attachés à ce qu’ils font, et d’où ils viennent. Ça en devient trop récurent, parfois caricatural, mais bon on ne demande pas non plus des textes pleins de poésie et de sens, mais se complaire systématiquement dans la « Dope family » c’est un peu trop (C’est pareil pour tous les autres styles/genres/groupes qui existent sur terre, du moins, quand ce n’est pas fait avec talent).
« Bullets », « Sludge Kicker », « Dry Hitter » et « Riff Dealer » sortent du lot. Ces quatre morceaux ont ce petit plus par rapport aux trois autres. Sans doute rien de perceptible, et c’est sans nul doute difficile à expliquer, mais c’est comme ça. « Bullets » a ce côté « on va vous mettre la guerre façon 150 tonnes dans ta face », « Sludge Kicker » rempli parfaitement son rôle de piste d’intro à l’album, et à ce qu’il est, « Dry Hitter » avec son rythme un peu plus rapide et « Riff Dealer » termine cet opus avec talent et brio, comme un au-revoir à son pays, ses amis, une nostalgie empruntée de weed.
Rien de neuf musicalement. Mais est-ce le but de cet album ? « Hochelaga », c’est un album fait par des fans de sludge, pour des fans de sludge. Cet album fait clairement le taff, et je ne vais surtout pas m’en plaindre ! C’est riche en riffs et en mélodies pachydermiques à la sauce Black Sabbathienne, la production est dantesque, lourde et agressive. L’agressivité des vocaux de Vincent qui font écho à cette prod et donne tout de même une petite touche d’originalité qui ne fera pas de mal.
Au final, j’ai clairement eu à faire à un bon album. Constant par la qualité des 7 titres, par la production ultra lourde, par la qualité des riffs et les vocaux assez originaux pour un groupe du genre. L’originalité n’est pas la qualité de la maison, et on se surprend parfois à une sensation de « Déjà-vu ». De plus, les thèmes abordés peuvent sembler à la limite, et au final l’auditeur pourra peut-être sentir les clichés à 10 kilomètres à la ronde. Mais cela n’altère finalement en rien les qualités de ce nouvel opus, qui, comme je l’ai dit, fait parfaitement le boulot. Les mecs sont là, font leur truc et se foutent du reste. Ressentent-ils le besoin d’aller plus haut, plus loin ? Probablement pas. Espérons tout de même qu’ils parviendront à faire mieux, à se trouver une identité qui leur sera propre (quoiqu’ils l’aient déjà en partie), sans quoi les cimes des têtes d’affiche ne seront jamais visibles pour eux à travers la fumée de leur musique.