Le National de Montréal était déjà bien comblé lorsque l’auteure-compositrice Myriam Gendron se présenta sur scène. C’est devant un public bruyant et très peu respectueux que l’artiste entonna des compositions Lo-fi et discrètes avant de réussir à convaincre la foule de se taire et de porter attention. Les chansons «imparfaites», parfois un peu fausses, n’enlèvent en rien à la qualité des compositions, à la beauté des mélodies et à la profondeur des textes. Myriam Gendron assume pleinement de n’être ni la meilleure chanteuse ni la meilleure guitariste mais elle peut assurément se complaire dans le fait d’être l’une des plus profonde et sincère artiste de sa génération. La thématique de l’exil est omniprésente et chacune des phrases, dans tout son ressenti, semblent destinées à un être cher, perdu ou retrouvé. En formule duo, avec un guitariste/percussionniste d’exception, elle enchaîna des pièces parfois très bruyantes et envahies d’une pluie de distorsion, digne d’un groupe Post-Metal, alors qu’à d’autre moments, on se sent retourné vers le passé comme dans un show de Joan Baez ou Joni Mitchell. Les dynamiques sont toujours bien calculées alors que les chansons, elles, semblent contenir de grandes parties d’improvisation. Myriam Gendron termine son spectacle avec une reprise absolument réussie de Brian Eno sous des applaudissements chaleureux et convaincants

Le trio américain Dinosaur Jr. attire toujours les foules même après près de 30 ans de carrière. Le groupe n’ayant jamais obtenu de succès populaire navigue toujours sur leur réputation et le respect de leurs pairs. Dès les premières notes, le public captivé perçoit aussitôt chez le trio leur immense plaisir à jouer ensemble, à faire du bruit comme des enfants. C’est avec beaucoup d’énergie, et sans réelle interruption – le groupe est particulièrement peu loquace lors de ses brèves interventions – que Dinosaur Jr. enchaîne des morceaux reconnus de leur discographie et des nouvelles pièces de leur plus récent effort Sweep it into Space. L’efficacité mélodique soutenue par des rythmes Punk-Rock, et maintenue par des solos de guitare excessivement bien interprétés, confirme ce que tous savaient déjà, que le Grunge n’est pas mort, ni dans le coeur du public ni dans le coeur de ceux qui l’ont créé. Dinosaur Jr. termine son spectacle, tant attendu, en sol montréalais, avec une reprise infiniment juste et captivante de The Cure. On ne peut maintenant qu’espérer que la tournée de Mudhoney et de Meat Puppets fera un détour par la métropole.

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