Le monde est plein d’injustices, t’inquiète pas, c’était de série avec ta naissance et tu n’as pas pu les choisir en option. Une de ces plus scandaleuse injustice est le manque de reconnaissance envers Devin Townsend.
Qui?
Imaginez un mélange improbable : prenez un Freddy Mercury, vous le laissez mariner dans un sauna de LSD durant un hiver norvégien avec douze black métalleux ensuite vous l’envoyez comme roadie pour Rihanna pour une tournée. Un zeste de citron, une tombée d’absinthe et paf! Vous avez un OVNI nommé Devin.
Bon on va faire une petite bio pour commencer : né en 1972 au Canada, il se fait remarquer la première fois en devenant chanteur à 19 ans (!) du Guitar Hero Steve Vai(!) Après un album, il refuse de reprendre de micro d’un certain Rob Halford au sein d’un petit groupe local : Judas Priest (!).
Il lance alors son propre groupe : STRAPPING YOUNG LAD (!). (Si vous ne connaissez pas, il va falloir tout de suite remédier à ce petit souci de culture. (allez sur votre site de streaming préféré et écoutez ‘Oh My Fucking God’ et ‘Detox’ ). On pourrait vulgairement parler de ‘Rend-ton-voisin-fou-metal’ ou de ‘Je-vais-tester-ma-nouvelle-sono-metal’.
Quelques albums de SYL plus tard. Il se lance dès 1997 dans son premier projet solo sobrement intitulé Devin Townsend. Il sort pas moins de sept albums dont les géniaux ‘Physicist’ et ‘Ocean Machine : Biomech’ En 2007, Après un album centré autour de Ziltoid extraterrestre abandonné dans l’espace qui recherche le meilleur café de l’univers (!), Devin décide qu’il en a ras-le-bol des interviews, tournées et autres voyages et qu’il va aller se rouler en boule sous son duvet en attendant que ça passe(!).
Il revient deux ans après avec un nouveau projet THE DEVIN TOWNSEND PROJECT. Il sort son autobiographie cathartique en quatre albums (!) ‘Addicted’, ‘Deconstruction’, ‘Ki’ et ‘Ghost’. En allant de l’ambiant new-age jusqu’au black metal (‘Juular’ en duo avec Ihnsan : fantastique!), il explore les tréfonds de la musique et de son âme damnée.
Depuis, il continue à sortir environ un album par année(!) et à enchanter les chaumières.
Devin, c’est d’abord une voix qui laisse sans voix (désolé, j’ai toujours rêvé de la faire…). Du grognement le plus improbable au chant clair le plus éthéré, on ne sait jamais à quel ton on va être mangé. Ensuite Devin, c’est une composition incroyable. Son style oscillant entre gros mur de son implacable et refrain death-kitch, le tout nappé de doubles-pédales et de synthé psychédélique. On passe aisément du metal bourrin au big beat sautillant en passant par le rock progressif. Un nouvel album de Devin Townsend c’est comme une boite de chocolat en rave party : on ne sait VRAIMENT pas sur quoi on va tomber. Il arrive même, à l’insu de notre plein gré, à nous faire aimer des morceaux quasi pop.
Moi qui m’était juré de ne jamais dodeliner de la tête sur un refrain catchy et des choeurs putassiers, plusieurs fois je me suis retrouvé à hurler lamentablement ses mélodieuses ritournelles tout en pogotant sur des rythmes d’enfer!
En deux mots comme en cent : Devin président ! [Cyrille Chatton]