(Legacy Recordings / Sony Music)
Derrière une ouverture en drapé de synthétiseur, quelques notes de piano et une guitare stellaire, se cache un univers apaisant. L’un de ces mondes où il est agréable de pouvoir se reposer sur des certitudes. Un peu comme quand l’on ouvre la porte d’une maison de vacances où l’on ne serait pas venu depuis longtemps, mais dont les recoins sont si familiers. A chaque nouvel album de David Gilmour on a l’impression de pousser cette porte, que la table est richement dressée et que le maître des lieux nous attend. Et il n’est même pas fâché que nos visites soient si espacées. Car il faut bien avouer qu’autant la discographie solo du musicien que celle des derniers Floyd ne prennent pas souvent le chemin de mes platines. Cette musique-là, me dis-je, n’apportant pas les mêmes frissons que celle des grandes heures du combo anglais.
Erreur, c’est là justement que l’esprit est tordu, le plaisir espiègle, tant finalement le frisson n’est pas forcément lié qu’à l’inconnu ou la surprise, mais parfois juste au feeling. Et le guitariste maîtrise si bien son art que l’enchantement on le trouve à chaque recoin. La voix est posée, parfois vibrante, les compositions harmonieuses, les arrangements soyeux. Et je vous vois venir, « hey mec, il y a les solos ». Exactement, un pur raffinement, bluesy par-ci (« The Piper’s Call ») racés par-là (« Dark and Velvet Nights »). Et dans la douceur des lieux, on a le plaisir de croiser un ange, le regretté Richard Wright, dont le touché souple, tiré d’une jam, brille sur « Luck and Strange ». Et quand surgissent de l’ombre quelques fantômes en forme de battement cardiaque ou de notes de clavier en échos, et que Gilmour nous tend la main pour une virée sur un chemin poussiéreux, on se laisse attirer par ce diamant éternellement brillant. Promis on reviendra. [YP]
Note: 4/5