Suite à Julie & Dany en 2022, disque en duo avec sa conjointe Julie Doiron, Dany Placard nous présente Avoir su le 27 septembre 2024. Ce quinzième album se veut un retour aux sources pour l’artiste qui renoue avec la musique folk au sens pur du terme. Nouvelle maison de disques, nouveau départ pour l’auteur-compositeur-interprète qui œuvre dans le paysage musical québécois depuis une vingtaine d’années.
À l’écoute de Promener le chien, premier extrait paru en avril dernier, la coupure est nette : Placard s’est réapproprié le style musical qui a forgé sa réputation, celui qui a aussi teinté son chapeau de réalisateur pour, entre autres, Sara Dufour, Francis Faubert ou bien Laura Sauvage. Il récupère son harmonica et nous invite dans son folk poussiéreux aux textes sensibles et crus, parfois avec un brin d’humour, dans lequel s’expriment le deuil canin et la solitude causée par la monotonie hivernale. Sans jamais perdre une lueur d’espoir, il arrive à se convaincre lui-même du bonheur simple, comme sur les pièces J’ai le cœur chaud et Maison. Rengaines contagieuses, on finit par y croire nous aussi. Car la solitude, ça se brise parfois à coups de chansons. Le décès de sa chienne Stormy, sa meilleure amie, l’aura inspiré dans l’écriture de ce nouvel opus. Il nous en témoigne dans une poignante pièce intitulée en son honneur :
« Ça fait six semaines aujourd’hui
Qu’tu jappes après les étoiles
C’est chacun son tour
De se sentir moins lourd »
–Stormy
Si le firmament tente de lui échapper, cette dernière se faufile dans la poésie de Placard, lui qui y fait référence plus d’une fois dans cet opus. Sa fibre introspective dégage la mélancolie et l’intimité comparables à son album Démon vert (2012). Qu’elles parlent d’amour à distance sur Ton sourire ou qu’elles pincent notre corde sensible sur Cendrier, on lui reconnaît sa plume au goût de bran de scie, par ses métaphores sur la nature. Celles qui renferment l’émotion brute derrière les péripéties d’un Montréalais assagi par le quotidien. Plus organique, plus adoucie, l’ambiance musicale réunit une ribambelle d’instruments dans des arrangements épurés composés, entre autres, de violons et de cuivres. Placard s’assigne à la mandoline et même à l’accordéon : tout pour ajouter une touche de country perceptible notamment sur la pièce Le ciel est bleu. Ainsi, sa facette Neil Young ressurgit, lui qui avait arpenté une voie créative audacieuse depuis dix ans, entre des sonorités grunge sur Full Face (2017) et de rock psychédélique sur J’connais rien à l’astronomie (2020).
Non loin de s’éteindre, la flamme créatrice de Dany Placard ne semble pas dérougir après quinze œuvres musicales. Même si le Saguenéen d’origine nous avait habitués au renouvellement constant de son identité musicale dans les dernières années, l’album Avoir su marque un retour aux sources bien attelé, qui a tout sauf l’air d’une formule recyclée. Et qui, en ce début de saison automnale, sera la bienvenue dans vos oreilles.
4.5/5
Lancement d’album à Montréal le 3 octobre 2024 à L’Escogriffe
