Presque 18 ans jours pour jours après leur premier album, et 3 ans après le chef d’œuvre Mariner, Cult Of Luna trouve encore les ressources nécessaires pour approfondir sa musique. A Dawn To Fear marque avec simplicité et brio un pas de plus pour l’un des projets artistiquement les plus aboutis de la musique distordue.
Pourtant, le premier extrait The Silent Man pouvait laisser entrevoir un album urgent, étouffant, peu inspiré; parce que personne n’est à l’abri d’être distrait, on aurait même pu craindre que les Suédois aient cédé à la mouvance Blackened-quelque chose. Erreur, mécréant.
Dès la pièce éponyme, troisième de l’album — et à peine un quart d’heure après le début du voyage, l’auditeur se laisse prendre dans une respiration magnifique et bienvenue. A Dawn To Fear s’ouvre comme un réveil mélodique et pacifié; toute notre attention est captivée, toute autre tâche attendra, car nous n’en sortirons plus.
Cult Of Luna s’y révèle en parfaite maîtrise de ses paramètres. L’extrême qualité technique de l’ensemble en devient presque anecdotique. Le tout est plus uni que jamais et fait corps intégralement avec les émotions, fébrile et imparable. Les éléments familiers sont là, mais tout est plus groovy, plus mélodique, plus progressif, plus varié, en un mot: limites réelles autres que le récit déroulé devant nous.
Concept ou histoire?
Si les deux derniers LP du groupe avaient une visée plus urbaine et industrielle que les disques précédents (Métropolis pour Vertikal, 2001: l’Odyssée de l’Espace pour Mariner) A Dawn To Fear nous replonge dans les grands espaces naturels. On touche presque du doigt les odeurs de verdure d’une nuit claire et humide.
Alors y a t’il concept cette fois encore? Certainement. Probablement. On a ici une immense pièce porte-voix d’une histoire sans mots. Difficile d’en retenir un seul morceau, un seul passage; pourquoi faire?
Certains iront chercher ses racines concrètes, d’autres laisseront parler la musique au travers de leur corps pour la saisir sans la comprendre. L’ouvrage de ce Maître à plusieurs têtes catalyse l’indicible dans un voyage d’esthète évident et sophistiqué, comme le fleuve s’offre à l’océan.
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