Six mois après le passage de Mick Harvey dans la même salle, c’était au tour de Simon Bonney, autre compagon d’armes de la période berlinoise de Nick Cave des années 80, de fouler la scène de la PTR Usine avec Crime & The City Solution. On retrouve nos 18 ans, l’esprit des « Ailes du Désir » de Wim Wenders, l’esthétisme en noir et blanc, cette période surréaliste d’avant la chute du mur durant laquelle l’activité artistique était aussi foisonnante qu’innovatrice.
C’est Joshua Murphy, guitariste de Crime & The City Solution, qui ouvre la soirée en solo pour un set intimiste et post-apocalyptique. L’artiste a sorti un premier album (« Lowlands ») il y a tout juste une année. Entre la narration, les parties instrumentales et un chant sombre, on découvre un univers à la Leonard Cohen contemporain, torturé et intéressant.
Nous le retrouvons au cœur de Crime & The City Solution une demi-heure plus tard, aux côtés des deux plus anciens membres de la formation, Simon Bonney – père fondateur – au chant et Bronwyn Adams – qui a rejoint le groupe lors de la période berlinoise – au violon et au chant. Les Australiens viennent d’éditer un nouvel album très réussi (« The Killer ») sur MUTE, le légendaire label des grands groupes de rock alternatif. Plusieurs titres de ce nouvel opus sont joués pour la première fois en live et ma foi, ils sonnent très bien. On apprécie particulièrement « River of God », ballade hallucinée que l’on dirait droit sortie du répertoire de Nick Cave et « Witness » aux accents de « Ghosteen ». Simon Bonney est magnifique sur scène, habité par ses chansons aux volutes hypnotiques qui envoûtent le public.
Les pièces maîtresses de la carrière de Crime & The City Solution sont bien présentes également, « All Must Be Love » qui ouvre le concert, l’épique « The Bride Ship » et son chant aux confins de la folie, l’énorme « I Have The Gun » qui nous fait frissonner de plaisir.
Un seul rappel, « The Killer », du dernier album éponyme, nous lance un long au revoir. Hélas, pas de « Six Bells Chime », n’en déplaise à M. Wenders.
Le seul bémol était la maigre assistance malgré un prix doux et c’est fort dommage car en ce jeudi soir, l’Usine avait rendez-vous avec la petite histoire d’un grand monsieur discret du post punk – rock alternatif.