Le groupe encore jeune sait déjà tout à fait où il va et s’offre un deuxième guitariste, Alain Schurter, qui a la musique dans les veines puisqu’il est déjà manager du groupe et d’autres artistes suisses « jeunes et ambitieux » (selon son label, Young & Aspiring). Cold Reading représente aussi cet amour fort de la musique qui est au fondement même de la communauté rock/metal : fin-avril, lorsqu’ils étaient en première partie de Madsen, lesquels n’ont pas pu venir jouer… Cold Reading a simplement dit à tout le monde de venir quand même et ils ont joué au Schüür, seuls sur scène, gratos, pour les fans (alors que le concert avait de toute façon été reporté à plus tard). Bref, l’esprit rock est là et, avec lui, un regain de foi en (une partie de) l’humanité !
À l’instar du single ‘Through the Woods, Pt. 1’ aux mélodies aériennes et fragiles, qui font se sentir bien, un peu comme d’apprendre une heureuse nouvelle alors qu’on contemple le monde s’effondrer. Les très subtiles nappes de synthés n’y sont sans doute pas pour rien. Par contre le riff de départ nous rappelle que c’est du rock, avec son décollage en trombe vers un refrain plein de sensibilité. Ça correspond au style du groupe, qui passe du chant criant de douleur à une voix douce et posée avec souplesse, voire qui mélange en même temps des riffs très sages avec un chant nerveux et éraillé, mais qui prend le temps de poser les atmosphères. Que dire des sonorités 90’s ? Le son un peu influencé punk-rock, surtout dans la voix, donne un sacré grain de nostalgie à la musique de Cold Reading, très post-rock pour le reste. Il en résulte des harmonies et des accords parfois simples mais habilement combinés, ou travaillés sur des arpèges lancinants. Le tout servi par une interprétation sincère, pleine de cœur, du quintet.
Côté thématiques, l’album Part 1: Past Perfect se réfère au fait qu’on se complaît souvent un peu (trop) dans le passé et le reste de ce triptyque annoncé (d’où le nom de l’album, bien sûr) devrait également traiter de la remise en question de soi, de la perte de repères et donc, on l’espère, du fait de s’y retrouver finalement. Si vous avez déjà succombé aux germaniques Fjørt ou Heisskalt, voire au britannique Polar, vous avez ici la version helvétique : bien moins nerveuse, plus mélancolique, mais au moins aussi accrocheuse.
soundcloud.com/coldreadingband
Note : 4.5/5
Auteur: Alain Foulon