En tombant par hasard sur le premier album de Cold Cell en 2013, on pouvait être séduit par le sérieux de ce mystérieux groupe sur lequel circulaient peu d’infos et se gorger de fierté à l’idée qu’il venait de Suisse. Mais quelques concerts et deux albums plus tard, l’enthousiasme de la nouveauté retombe, et les parallèles avec d’autres groupes antérieurs se dessinent avec une netteté ennuyeuse. Avec ses tempos pesants empruntés au doom, percés d’occasionnels déferlements de blasts, avec ses guitares dissonantes et cette voix caverneuse, Cold Cell tombe dans cette catégorie fourre-tout qu’Internet appelle tantôt post-black metal, tantôt black metal avant-gardiste.
Des appellations bien pompeuses qui siéent à Cold Cell, vu l’habillage pseudo-intellectuel qui habille la sortie de ce ‘Those’ – ainsi on n’y parle pas de morceaux mais d’’hymnes de désolation urbaine’. L’épithète évoquerait Blutmond, mais leur absence d’iconoclasme renvoie plutôt vers Schammasch, qui eux aussi ont tendance à ne pas se prendre pour de la merde. Reconnaissons que l’intérêt de ‘Those’ est ci et là rehaussé par quelques interludes mélancoliques hérités du DSBM et par la variété de registres des chants, qui empruntent parfois à Bethlehem, ces hurlements stridents qui nous faisaient frissonner quand nous étions pré-ados.
Mais la discipline toute helvétique que Cold Cell met dans la forme de leur potée finit par se retourner contre eux, et à défaut d’une audace non-feinte qui leur permettrait de dépasser le genre où ils espèrent percer, on ne leur prédit pas plus qu’un respectable succès d’estime difficilement exportable, et limité à un public conquis d’avance, mais restreint.
Note : 3/5