CYPRINE ET COPROPHAGE
Fini les punks à chiens, dites bonjour aux punks à paillettes. C’est comme ça que COCAINE PISS, groupe qui sent fort la légende, se revendiquent. Quatre gamins déjà bien grands ont mis du punk dans un grunge qui excède difficilement les deux minutes au compteur. Ils ont enregistré avec Steve Albini (Nirvana) leur album “The Dancer”. L’énergie du groupe rappelle Be Your Own Pet assuré par la folie de la superbe Aurélie Poppins qui joue avec son androgynie et décline toute attente catholique. L’Undertown, malheureusement toujours aussi vide malgré une affiche alléchante et une campagne d’affichage béton, accueille ces curieux belges avec au programme de la soirée la nouvelle formation de post-hardcore instrumental lausannois Orso et du noise très noisy, Tuco.
BONJOUR MES REINS
Pas mal pour du local, se dit-on à l’arrivée de Tuco qui ouvrent la soirée. Si leur son envoie et les vocalises du bassiste mettent d’accord, l’on sentira un manque de risque dans leur “math noise sludge”. Si le manque de réceptivité du public y est certes pour quelque chose, ces mathématiques-là semblent bien trop calculés pour convaincre.
S’en suivent Orso, nouvelle formation lausannoise avec les musiciens de Kruger et June DeVille. Purement inspirés par l’enfer, leur show béton aux morceaux voulus longs et répétitifs font planer et sont maîtrisés au détail prêt.
Après un court entracte, Cocaine Piss déboulent et on perd la boule. En ouvrant avec leur titre “Ugly Face One”, ces quatre adolescents éternels s’adonnent à un show bourré de risques et quasi conceptuel. Jouant sur la provocation, c’est très vite que la détentrice du micro plonge dans le siphon de l’Undertown et slalome dans le public pour le délaisser du peu d’innocence qui lui restait. “Masturbation, masturbation”, “attends j’ai encore quelque chose pour toi”, s’exclame-t-elle, la main dans le slip. Si la musique au fond grunge et l’attitude punk de ces belges francophones fond plaisir, l’attitude du groupe fait aussi sourire et semble naître d’une énergie enfantine. Leur show court mais intense, d’environ 25 minutes, est un pic de rappel à une époque ou il manque crûment d’originalité dans le mouvement punk. Le groupe se casse après leur dernier morceau “The Dancer” et une dernière roulade de reins sur le sol de Meyrin. Le peu de témoins ce soir-là s’en iront avec le souvenir d’un groupe ovni à surveiller de très près. [Lynn Maring]