Soirée en configuration assise dans la magnifique salle de l’Alhambra pour une soirée somptueuse. C’est Quinquis (aka Emilie Tiersen, compagne de Yann Tiersen) qui ouvre les feux, seule derrière ses synthétiseurs et boîtes à rythmes. Bretonne, résidente de l’île d’Ouessant, fière de ses racines auxquelles elle rend hommage en chantant dans la langue de ses ancêtres, Emilie interprète ses chansons poignantes ancrées dans l’histoire et le patrimoine de ses terres. Sa voix cristalline et délicate épouse les loops electro à la Mira Cétii – Archive ou Laurie Anderson, chaque titre se transmue en petit film immersif. Une belle découverte.
Charlie Cunningham apprécie la Suisse – la Romandie en particulier – et le public le lui rend bien. Lui qui a joué à ses débuts en 2016 à la Parenthèse à Nyon, cave musicale qui trouve des pépites dans un cadre unique, puis en 2019 au Paléo, magistral, était l’invité du festival Antigel. L’écrin de l’Alhambra était parfait pour accueillir l’artiste anglais et sa musique délicate. Fan de Mogwai, des albums acoustiques de Nirvana et Eric Clapton mais aussi de flamenco dont il apprécie la flamboyance et la variété, il vend sa guitare électrique pour un séjour de deux mois à Séville pour apprendre et pratiquer ce style musical. Les deux mois se mueront en deux ans pendant lesquels Charlie Cunningham partage son temps entre l’apprentissage de la guitare classique flamenco et un job de réceptionniste dans un hôtel. Ceci explique les couleurs andalouses qui se mêlent au spleen anglais dans sa musique, le feu et la glace, idéal pour Antigel.
Charlie est accompagné sur scène par trois musiciens (batteur, claviériste/trompettiste, bassiste/backing vocals). Le timbre de voix de Charlie proche de celui de Paul Simon ou Chris Martin s’accorde parfaitement à celui de son bassiste. « Telling It Wrong » et son intro flamenco lance parfaitement le concert. Charlie passe aisément de la guitare aux claviers qu’il a retrouvés avec bonheur lors de la composition de son dernier album (« Frame » / BMG) pendant la pandémie. La setlist alterne intelligemment les titres introspectifs et calmes avec d’autres plus rythmés et colorés par les accents andalous ou le son de la trompette. Le public est aux anges avec l’interprétation de classiques de l’artiste comme « Headlights », « Bite », « Permanent Way » ou le sublime « Minimum » qui met une note finale au concert. L’assemblée se lève comme un seul homme et sera gratifié d’un rappel de grande classe avec « You Sigh ».