Temps estival idéal pour la deuxième édition du Venoge Festival après son déménagement sur les terres de Penthaz. A la conférence de presse, les responsables se félicitent de la belle entente avec les autorités communales, ce qui permet d’augurer la pérennité de l’événement. Il faut dire que c’est un beau site avec suffisamment de place pour les festivaliers et une ample zone dévolue à la restauration. La grande scène a elle aussi été agrandie pour le plaisir des spectateurs et le confort des artistes.
Ouverture des feux avec Gut’s qui investit la Riverstage à l’heure de l’apéro. L’exercice n’est pas facile devant un public encore clairsemé à cette heure anticipée. Toutefois, guitares en avant et chant énergique, les Vaudois se mettent d’emblée le public dans la poche avec des
airs fleurant bon AC/DC et Status Quo aux côtés de leurs propres compositions. A relever la belle présence scénique des rockers avec des attitudes et clins d’œil à leurs idoles.
A peine le temps de se déplacer que The Inspector Cluzo entre en scène sur la Mainstage La Licorne. Droits dans leurs bottes, plus fidèles à eux-mêmes que jamais, les deux Gascons – bien courageux avec le soleil couchant encore bien chaud en pleine face – nous livrent un set court mais efficace. Place aux nouveaux titres d’ « Horizon », le dernier album studio paru en janvier dernier, et à quelques classiques de leur répertoire. On a beaucoup aimé « Running a Family Farm Is More Rock Than Playing Rock N Roll Music », titre qui définit bien l’essence du duo. « Hey Hey, My My (Into the Black), incontournable cover de Neil Young & Crazy Horse, nous a donné les frissons, comme à chaque fois. A noter que The Inspector Cluzo reviendra en Romandie en fin d’année, le samedi 2 décembre 2023 à l’Usine de Genève.
Retour sur la Riverstage pour Tagada Jones qui fait une entrée fracassante avec « Le Dernier Baril », d’une brûlante actualité. Jolie pyrotechnie pour souligner les paroles et qui fait tout son effet. Les Bretons livrent quelques-unes de leurs grenades punk rock emblématiques qui émoustillent et donnent des fourmis dans les jambes de leurs fans.
La soirée avance et il devient difficile de se frayer un chemin d’une scène à l’autre. Il faut dire que c’est Dropkick Murphys, l’une des grosses têtes d’affiche, qui joue sur la Mainstage La Licorne. En intro et avant l’entrée du groupe, diffusion de « The Foggy Dew », cover de The Chieftains avec Sinéad O’Connor. La voix cristalline et passionnée de l’Irlandaise nous fait croire qu’elle est présente et l’émotion nous prend à la gorge. La cornemuse de « The Lonesome Boatman » prolonge ce sentiment avant que « The Boys Are Back », l’un des hymnes
des Bostoniens, ne fédère le public qui reprend le refrain à tue-tête. Magnifique décor de scène pour « Rose Tattoo » qui clôt un set impeccable mais bien trop court pour une tête d’affiche (1 heure !).
On retourne sur la Riverstage pour The Young Gods qui ont remplacé à la toute dernière minute The Prodigy. Les Britanniques ont brusquement annulé les dates restantes de leur tournée deux jours avant leur passage au Venoge Festival. Sacré challenge pour les organisateurs et programmateurs qui ont réussi à convaincre l’un de nos fers-de-lance musicaux à rentrer de vacances. Très beau concert, nerveux, électrique et précis. Le jeu clair-obscur / blanc-noir des projecteurs soulignait parfaitement la musique de nos Helvètes underground. On a particulièrement apprécié l’interprétation de « Gasoline Man », d’une énergie folle, Franz Treichler toujours aussi envoûtant au chant.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, Carpenter Brut hérite finalement de la grande scène dévolue initialement à The Prodigy avec la double tâche de clôturer une soirée jusque là très réussie et d’offrir au public un set ultra costaud maintenant que la température est redescendue. Pas trop d’inquiètude quand on connaît la puissance des français. Dès les premières notes, c’est une synthwave très dark avec un son magistral. Entouré d’un guitariste et d’un batteur tout droit sortis d’un groupe de metal, Franck Hueso détruit tout sur son passage à une foule qui en redemande. Ce mix de synthwave et des films d’horreurs plus ou moins cheap des années 80’s (comme par exemple sur « Beware The Beast » en milieu de set) fonctionne parfaitement. En plus, du fait d’être sur la grande scène, le groupe peut finalement utiliser son écran géant, ce qui permet d’accompagner superbement la musique. En à peine 48 heures, le Venoge a fait deux bons choix en conviant The Young Gods et en déplaçant Carpenter Brut sur la grande scène. Du coup, on a déjà oublié le nom de ceux qui ne sont pas venu. Vivement la suite du festival.
Texte : Jean-Blaise Bétrisey et Alex Pradervand
Photos : Alex Pradervand