Buried Side – Quand l’esprit garde les pieds sur terre

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Interviewer Baptiste Maier (Batterie) et Ahmed Al Shorbagui (Chant) du groupe Buried Side est un exercice très plaisant. Les réponses sont franches, honnêtes, et les deux amis ne sont pas avares en rires et en sourires. Vu qu’un sourire vaut milles mots, je vous souhaite une bonne lecture !


Comment vous sentez-vous à l’aube de la sortie de votre nouvel LP Of Earth And Spirit ?

[Baptiste] On se réjouit vraiment et nous avons hâte qu’il sorte afin de recevoir les avis des personnes qui l’écouteront. Nous travaillons sur cet album depuis 3 ans ! Le processus de composition fut long, car nous avons été très perfectionnistes. Mais nous sommes ravis du résultat ! C’est vrai que nous avons un peu changé la direction musicale par rapport à l’album précédent et puis nous avons Ahmed notre nouveau chanteur !

[Ahmed] Je suis arrivé dans le groupe en 2017 et l’objectif était de faire ce nouvel album. Nous avons délibérément pris des directions plus expérimentales. Pour ma part, c’est la première fois que je fais un album. J’avais fait des EP auparavant avec d’autres projets et c’est tout. En plus, c’est un album qui est quasiment auto-produit dans son intégralité. Du ‘fait maison’ !

Ahmed, comme tu viens de le dire, tu es arrivé dans le groupe en 2017. Peux-tu nous raconter la genèse de cette rencontre et la place que tu as aujourd’hui dans Buried Side ?

A : j’ai vu par hasard que Buried Side cherchait un chanteur. Par curiosité, j’ai écouté ce que le groupe faisait et j’ai pressenti que je pouvais fais quelque chose. J’ai donc postulé !

B : À cette période, nous étions assez démotivés par le fait que notre ancien chanteur était parti en République Tchèque. C’était donc compliqué pour nous de nous lancer dans la composition, tout était très flou. À la suite de l’annonce que nous avons passée, nous n’étions pas satisfaits des chanteurs qui avaient auditionné. Ahmed nous a fait une démo depuis chez lui. Mais comme il habite dans un appartement, il n’a pas pu réellement exprimer son potentiel vocal (rire) et nous n’étions pas du tout convaincus. C’est Randy Schaller (chanteur de Voice of Ruin et Conjonctive) qui nous a dit de lui laisser une chance, car il avait du potentiel.

A : Reprendre un projet commençait à me démanger car cela faisait quatre ans que je n’en avais pas eu. Je me suis mis la pression en voyant ce poste de chanteur et j’ai essayé de donner mon maximum. J’ai investi dans du matériel de son pour m’enregistrer de la meilleure manière possible. Et comme le disait Baptiste, j’étais en appartement, j’avais des voisins, je venais d’arriver etc… je ne pouvais par crier comme je voulais ! [rire général]

B : Au final, on a demandé à Ahmed de venir au local et il s’est avéré que oui, c’était ce chanteur-là qu’il nous fallait !

À l’écoute de votre album, j’ai beaucoup apprécié vos expérimentations sonores. Il y a des mélodies typées orientales çà et là. Pourquoi ces sonorités ? Car dans le DeathCore ce n’est pas très courant…

B : À la base, dans notre premier album, il y avait déjà des sonorités orientales, car nous avions un concept qui touchait les civilisations égyptiennes.

A : Dans notre nouvel LP, nous avons voulu les garder, mais pas parce que je suis d’origine égyptienne.

Merci d’avoir fusillé ma prochaine question !

A : [rire général] Désolé ! Non, c’est clairement car nous aimons ce petit rappel. Personnellement, j’aime aussi ce petit côté ‘sample’ que nous avons utilisé, sans surenchère, en essayant de très bien doser ces parties-là dans notre musique.

En 2015, vous parliez de civilisation maya, en 2016 de civilisation égyptienne. J’ai regardé les titres de ce nouvel LP et on retrouve des mots comme disaster, hell, downfall… Donc ce coup-ci, vous parlez de notre civilisation, de notre monde actuel…

A : Pour l’écriture des textes de cet album, je me suis beaucoup inspiré de la fin du monde. Sur une transition entre le début de la fin et puis l’après fin. Je pense avoir beaucoup accumulé de choses en moi, et musicalement aujourd’hui elles ressortent.

B : Pour nous, la thématique de l’album avait autant d’importance que la composition musicale. C’est vraiment Ahmed et Gaëtan (guitare) qui ont fait plein de recherches et qui ont travaillé cet aspect.

A : Gaëtan possède un super côté créatif et nous avons voulu partager nos idées. J’ai dit que je voulais un album qui parlait de la fin du monde, car j‘ai toujours aimé ces ambiances et les films traitant ce sujet.

Vous évoluez dans un univers DeathCore ultra technique, style qui a pris son essor dans les années 2000. Aujourd’hui, quel est votre public type et comment réussir à faire aimer votre musique à des oreilles non-initiées ?

B : C’est une question difficile. Il y a très souvent des musiciens qui s’y intéressent, car il y a des passages bien compliqués. En Suisse, les personnes qui nous suivent viennent souvent de la scène Hardcore. Mais c’est marrant, car notre style marche super bien en Europe de l’Est, mais en Suisse ça fonctionne moins bien. Malheureusement, nous avons moins de propositions de concert ici chez nous. Pour essayer d’intéresser les gens à notre style, nous avons essayé d’être le plus varié possible. Très agressif et technique dans les couplets, mais offrir des refrains très ‘catchy’. On verra si cela fonctionne !

Baptiste, à l’écoute de ce nouvel album, j’ai trouvé qu’il était très abouti rythmiquement. C’est un peu la fête de la batterie et de la double pédale. Comment l’as-tu travaillé ? J’ai l’impression que Tomas Haake (Meshuggah) t’a donné du sang….

B : Merci ! Niveau batterie, sur cet album, j’ai vraiment travaillé de manière totalement différente de d’habitude. J’ai commencé par programmer des batteries, sans rien jouer. L’idée était de mettre un peu le côté ‘intellectuel’ en premier, réfléchir à des idées, pour ne pas tomber dans tout ce que mes muscles joueraient instinctivement. C’est pour ça que la batterie est bien ‘torchée’. Parfois, nos guitaristes composaient des riffs de guitares et y ajoutaient de la batterie à leur sauce, sans être batteurs. Mais leurs idées étaient bonnes et je les gardais. Mais c’est très long à s’approprier les morceaux en faisant ainsi, tout apprendre, tout emmagasiner. Et même pour tout le monde dans le groupe, il y a eu un énorme travail de mise en place. Début août nous nous sommes vus pour une semaine de résidence afin de régler les passages les plus complexes, car nous n’avons pas le droit de ne pas être précis. Ces passages compliqués, il faut les assumer.

J’adore votre titre Cold Cell et vous en avez fait une vidéo. Racontez-moi la genèse de ce clip, où a-t-il été tourné, qui est l’actrice, et franchement qu’est-ce qui sort de votre bouche ? L’effet est assez terrible…

B : [rire] Le clip nous l’avons filmé dans la salle de gym de Cormoret (Jura Bernois). En ce qui concerne les scènes extérieures, nous les avons tournées avec la complicité de Sonia du groupe Conjonctive. Nous avons tourné ces scènes sur les hauteurs du Jura Bernois. Dans l’idée, nous voulions du noir et blanc avec une pointe d’orange. Et cette couleur qui ressort, c’est un peu un clin d’œil au film ‘La liste de Schindler’ avec la petite fille en rouge. On s’en est inspiré. Et pour complètement répondre à ta question, ce que nous avions dans la bouche, c’était simplement du ketchup. C’était sincèrement assez dégueulasse, car nous avons dû en utiliser beaucoup !

Quelle est la signification du symbole sur votre pochette d’album ?

A : Sa signification, c’est la terre et l’esprit. D’où le titre de l’album. La ligne au milieu du dessin signifie vraiment cette transition entre le côté terre, notre humanité, notre société et le côté fin où le vide est là et que peut-être un nouveau monde se recrée, meilleur qu’aujourd’hui.

B : Il y a aussi le phénomène du cercle qui ne demande qu’un tour de crayon, la ligne qui a deux extrémités et le triangle qui en a trois. Rythmiquement, notre album est basé sur des rythmes en deux et en trois. C’est recherché mais discret.

Poursuivez ma phrase : Buried Side est à la musique ce que…

B : Ouf, on a droit à un peu de réflexion ? [Un très long temps de réflexion plus tard…] J’avais oublié que je te détestais pour ce genre de question… [j’avais déjà pu coller Baptiste lors d’une précédente rencontre].

A : Je cherche, je cherche !

B : Buried Side est à la musique ce que les frères Bogdanoff sont à la science !

Dites-moi ce que vous voulez, ce qui vous passe par la tête.

A : J’avais envie de passer un bon moment avec Baptiste et toi, et ce fut le cas, merci !

B : Ce soir je vais boire moins que hier soir !

buriedsidedxc.bandcamp.com

FICHE CD
Of Earth and Spirit
Autoprod.
4/5
Notre chronique

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