82 printemps, oui, j’ai bien dit printemps, avec tout ce que cette saison véhicule comme image de verdeur, de couleurs, de vivacité. Ce cher Buddy aligne donc les printemps sans sembler vouloir montrer des signes de fatigue, et livre des albums studios au rythme de presque un tous les trois ans, toujours de belle facture. Et cette nouvelle galette qui annonce fièrement qu’il est bien vivant, en est rempli à ras bord de ce blues aussi jouissivement classique qu’il est poisseux. Comme souvent ces dernières années, c’est sa vie que le guitariste chante, offrant une image souriante et ironique de ce parcours aujourd’hui devenu évidemment légendaire. Alors Ok, si avec ‘A Few Good Years’, il commence sur un rythme tout pépère à nous raconter qu’il a gagné plein de pognon, vécu de belles années, et qu’il espère simplement que Dieu lui en accorde quelques-unes encore, le diable n’est jamais très loin et avec ‘Guilty as Charged’ le tempo s’élève et la voix devient piquante, tandis que sa guitare est en feu sur ‘Bad Day’. Pour des titres à la facture moins classique, on va se tourner vers ‘The Blues is Alive and Well’ et sa construction glissant insidieusement en bordure du douze mesures, ou vers ‘Whiskey For Sale’ et ses intonations funky crades. Ceux qui frémissent aux accents rock sixties seront comblés par ‘Ooh Daddy’, tandis que ‘Old Fashioned’ écrit par Buddy Guy lui-même et se moquant gentiment de son propre côté désuet, ravira les amateurs de cuivres ronflants. Reste pour être totalement sous le charme à chercher et trouver les invités de marque de l’album, dont deux sont conviés autour d’une bonne bouteille de cognac. Buddy Guy invite donc Keith Richards et Jeff Beck à ‘Jouer un peu de blues pendant que nous prenons une petite gorgée’ et ce titre tellement traditionnel dans sa facture en devient jubilatoire à force d’y découvrir les passes d’armes des protagonistes et l’ironie d’un texte tout en ivresse contenue. Finalement si l’on s’attend à croiser le timbre si reconnaissable de Mick Jagger, c’est seulement le souffle du gaillard que l’on va entendre; le Rolling Stone glissant son harmonica sur ‘You Did the Crime’. Classique et surprenant, vive le printemps.
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Note: 4