Le chat de Berne est de retour ! ‘The Return Of Stravinsky Wellington’ a vu le jour au mois de juin et promet à l’artiste le plus prolifique de Suisse des beaux jours devant lui. Un album plus intimiste, bien loin de l’anti-anti de ses débuts.
Nous devons briser ce secret : qui est Stravinsky Wellington ?
Il y a plusieurs réponses, elles sont toutes correctes. Stravinsky Wellington est en fait un de mes chats, mais aussi mon alter-ego, mon publiciste et mon chat interne. En fait, c’est une métaphore pour parler de l’animal qui sommeille en toi. Les chats n’en ont rien à foutre, ils font ce qu’ils veulent et s’en balancent de tout, et c’est pour ça qu’on les aime. Mais ils sont aussi très empathiques et ont un très fort instinct. Avec cet album, j’en appelle aux instincts primitifs, et invite tout le monde à agir un peu moins comme un connard de ‘monsieur-je-sais-mieux-que-toi’ et plus comme un être humain doté d’émotions et sachant être agressif. Ton chat intérieur doit être révélé.
Cet album est plus mature, et peut-être l’un des plus mélancoliques. Tu t’es détaché de ce Bonaparte foufou qui a fait ta célébrité ?
Difficile à dire : j’aime toujours jouer de la musique survoltée, mais j’aime aussi ajouter plus de couleur à ma palette. Les anciens albums sont toujours là, tu peux les écouter quand tu veux si tu veux ressentir ce côté énergique. Mais nous sommes dans un monde actuellement où je n’avais pas l’envie de faire un album ‘fête VS politique’. J’avais envie d’aller plus au coeur, et du coup aller plus dans la partie personnelle, de réduire le tempo et la frénésie, et trouver ainsi plus d’espace et plus de profondeur. Je ne laissais par exemple pas beaucoup d’occasion à la réverb’ de prendre toute son ampleur sur les albums précédents. Sur cet album, j’ai fait beaucoup d’expérimentations avec ces espaces, ces lieux, ces réverbes, qui se révèlent vraiment bien quand tu écoutes ça au casque. C’est très subtil, mais si tu te plonges dedans, n’oublie pas tes bouteilles d’oxygène.
Ton album précédent a été décrit comme ton plus personnel. ‘Stravinsky Wellington’ semble très basé sur le présent.
Mon album précédent est effectivement très personnel, mais ‘TROSW’ épluche encore plus en profondeur, et est personnel dans l’optique statique. Il y a une sorte d’excitation stoïque. En 2012, l’album ‘Sorry We’re Open’, c’était moi qui disait ‘je ne veux pas faire d’album’, car Warner Music m’avait forcé, et j’avais juste envie de faire une pause, voyager, me perdre, et surtout pas perdre du temps en studio et être entouré constamment de personnes dont tu n’as pas envie, et tout cela a donné un résultat assez amer. Devoir vendre mes émotions a donné des titres comme ‘Quarantine’ et ‘Mañana Forever’, donc en fin de compte cela en a valu la peine. Les albums comme ‘Too Much’ ou ‘My Horse Likes You’, ‘TROSW’, ce sont tous des tranches de vie de Bonaparte. Je ne suis pas la personne que j’étais il y a dix ans, à dormir dans ma vieille FIAT que tu vois dans le clip de ‘Fuck Your Accent’. Bonaparte aurait tout fait ce qu’il lui semble juste à n’importe quel moment. Je pense que tous mes albums, sont rétrospectivement authentiques, et ce sur quoi je travaille actuellement est bien différent de ce nouvel album. Je vous invite à une plongée sous-marine avec moi… vers le hardcore, le softcore et la folie symphonique.
Tu le considère comme l’un de tes albums les plus axés sur la famille ?
Excepté pour la musique, Bonaparte a toujours été un projet familial : mon frère fait les pochettes d’album, ma femme fait la majorité des photos, je collabore avec des amis sur mes vidéos. Cet album doit être le moins axé politique. La famille et le côté communautaire ont pris le dessus, donc oui cet album est plus ‘familial’. Avec ce qui se passe dans le monde, je ne voulais pas me la jouer cool et me la péter, la chose la plus brave à faire, c’est d’être humain, de montrer ses émotions et de s’ouvrir au monde. Retrouver mon chat intérieur. Miaou.
FICHE CD
Nom de l’album : ‘The Return Of Stravinsky Wellington’
Label : autoprod
Note : 2.5/5