Paris, le 6 avril, Hard Rock café. Nous sommes invités à un show intimiste du nouveau groupe de Chloé Trujillo : BLVD of Eyes. Un groupe qu’elle forme notamment avec Mark Dalbeth et sa fille Lullah Trujillo. Dès les premières notes, là au fond de la salle, on sent que la température va monter d’un cran. Le concert est certes réservé à un public restreint mais néanmoins curieux et heureux d’être là. Il faut dire que ce tout nouveau groupe ne s’est pas produit a de trop nombreuses reprises jusque-là. Les morceaux qui nous sont présentés ne sont cependant pas tous inconnus puisque tirés des EP déjà sortis de Chloé Trujillo et Rav Medic. Un son saturé, une rythmique entrainante et une voix enivrante. Blvd of Eyes nous présente ce soir 7 morceaux qui nous font naviguer dans un univers rock mais aussi planant et très mystique par moment. 7 morceaux appris sur le fil par le talentueux guitariste Nils Courbaron (Dropdead Chaos, Sirenia) venu tenir la guitare du groupe pour cette date unique en France. Une belle cohésion de groupe et une approche musicale qui sort des sentiers battus pour notre plus grand plaisir.
A cette occasion, nous avons donc échanger avec Chloé Trujillo pour en savoir plus sur ce nouveau projet :
On vient d’assister à un show exceptionnel de ton nouveau groupe BLVD of EYES. Peux-tu nous parler de la genèse de ce groupe ?
En fait j’ai été invité à une œuvre caritative pour l’environnement, à un concert au Troubadour, c’était virtuel et donc tous les groupes qui sont passés ne se sont pas rencontrés mais par contre on a regardé le show le lendemain sur le net. Et deux jours après ça j’ai été contacté par le bassiste d’un des groupes qui a joué, un certain Mark et qui m’a demandé si je voulais collaborer sur un morceau et j’ai dit oui. En fait, à ce moment-là, on ne s’est jamais rencontrés, il m’a envoyé des idées de riffs, j’en choisi un, j’ai rajouté mes idées de mélodies, ce qui a donné un morceau. De là, un label a été intéressé donc on a sorti un EP avec eux. Ça a été un effet boule de neige. Au départ ça devait s’appeler Chloé Trujillo et Rav medic car ça n’était prévu que pour un single. Et avec le Label qui est arrivé on a gardé ce nom. Mais quand on a eu des propositions pour des concerts, alors Mark a fait venir Kevin un guitariste qu’il connaissait pour des répétitions et ça a bien collé, il assure vraiment. Moi j’ai proposé ma fille, elle est aussi venue en répétition et les gars l’ont adoré. On a fait 4 shows à Los Angeles toujours sous le nom Chloé Trujillo Rav Medic, mais tout le monde nous disait qu’il fallait un nom de groupe. J’étais assez d’accord avec ça car même de présenter le groupe en disant Chloé Trujillo c’était bizarre. On est un groupe même si pour l’instant il n’y a que Mark et moi qui écrivons les morceaux, il y a quand même une unité. Il y a même un EP qui est prêt à sortir même s’il a été créé avant qu’on s’appelle BLVD of Eyes. On a aussi commencé à jammer sur des idées pour des nouvelles musiques ou là ce sera plus des collaborations. Ce qui est génial avec Mark c’est qu’on s’entend super bien, on collabore a 50/50. On se respecte beaucoup dans le travail.
Comment définirais-tu votre style ?
Bonne question. C’est difficile de nous mettre dans une case. Dans notre EP lui-même il y a différents styles. Un peu plein de choses et plein de bonnes idées.
Pourquoi avoir choisi de passer d’un projet solo a Chloe Trujillo and RavMedic puis a un groupe ?
Je fais encore des choses à mon nom et je suis d’ailleurs en train de travailler sur un projet solo. Mais sinon c’était une évidence comme je l’ai dit, cela s’est présenté à Mark et moi et ça a été tout seul, on n’a presque pas réfléchi.
Est-ce que le choix des musiciens était pour toi une évidence ou il t’a fallu passer par la phase ‘casting’ ?
C’était tellement génial justement de ne pas passer par l’étape casting. Une vraie chance car ce n’est pas chose facile de devoir dire non à quelqu’un. J’ai aussi été de l’autre côté, j’ai fait des auditions et j’aurai détesté être dans le rôle de celle qui casse le rêve, l’espoir de quelqu’un. Je sais ce que c’est, je me suis faite moi-même rejetée quelque fois. Des fois tu ne sais même pas pourquoi on te dit non, tu ne comprends pas. Du coup je n’aurai pas du tout aimé être dans cette position. Heureusement tout s’est fait comme ça, il n’y a pas eu des décisions difficiles a prendre.
Embarquer sa fille dans un tel projet est ce que ça été un choix facile ? Est-ce que ça change vos relations mère/fille ?
Quand on a eu besoin d’un batteur, j’ai tout de suite parlé à ma fille car je sais son niveau et je sais qu’elle assure. Je ne voulais pas qu’elle se force et je lui aie qu’elle pouvait dire non même à sa mère. J’ai une autre amie batteur qui est super donc j’aurai aussi pu faire appel à elle. Ma fille n’avait donc pas la pression et elle a tout de suite accepté.
Elle arrive bien à accepter mes exigences et elle inspire même les gars. Elle a appris les morceaux comme ça et elle rajoute même sa touche. La première répétition Mark lui a même dit : ‘attends qu’est-ce que tu fais la ?’ et il a changé sa ligne de basse pour s’adapter au rythme de ma fille qui lui plaisait. Je suis super fière d’elle.
Quelles sont tes influences pour composer ta musique ?
J’écoute énormément de musique, du métal évidemment mais différents styles de métal. Il y a donc une partie de ça qui forcément m’influence. Mais quand j’écris, j’essaye de ne rien écouter d’autre pour ne pas justement être trop influencée et être fidèle à moi-même. Et puis on écrit aussi à deux, bientôt à 4 et chacun apporte sa petite touche personnelle. On va voir ce que cela donne à 4 et j’ai vraiment hâte de faire cela car ça va être un autre processus. Et aussi d’avoir ma fille, créativement parlant c’est vraiment intéressant.
Justement comme tu es bilingue, on dit souvent qu’on a deux cerveaux dissociés. Du coup quand tu crées, lequel prends le dessus ?
Honnêtement je n’en sais rien (rires). Je pense autant en français qu’en anglais, ça dépend des sujets peut être. L’autre jour j’ai fait une table ronde avec une école de mode à Paris et là, j’ai parlé en anglais pour que tous les étudiants me comprennent. J’ai expliqué comment j’ai commencé, mon processus de création etc et bizarrement parler en anglais m’a facilité la tâche. J’ai grandi avec des parents stylistes donc j’ai le vocabulaire en français mais quand j’ai vraiment commencé a crée j’étais déjà aux États-Unis donc peut être que c’est de là que mes mots me viennent plus facilement en anglais dans ce domaine.
Certaines études disent qu’on a des personnalités différentes en fonction de la langue. C’est le cas pour toi ?
Oui tout à fait. Je suis d’accord avec ça car des fois je me dis que mon mari ne me connait pas vraiment parce qu’il ne connait pas mon côté français. Il le voit quand je suis en France avec mes amis, ma famille, mais moi-même j’ai l’impression qu’il ne me connait pas vraiment tant qu’il n’apprendra pas le français. Il ne connait pas mon humour. Ce n’est pas traduisible.
Quels sont vos futurs projets : albums, tournée, festivals ?
Un album ça c’est sûr. Je pense qu’une fois cet album lancé, et d’ailleurs tout est prêt pour ce second EP, on va essayer de faire des concerts. J’ai pas mal d’expositions d’art, chacun a ses propres projets dans un futur proche mais on va faire quelques shows aux États-Unis. Le dernier show qu’on a fait aux États-Unis c’était au Viper room et un tourneur nous a repéré. Il m’a demandé comment je voulais faire et j’ai répondu que pour l’instant j’aimerai faire des shows proches de chez nous donc en Californie et puis après s’étendre. [Marjorie Delaporte et Adeline Pusceddu]