Eric Bloom (79 ans), chanteur et multi-instrumentiste, nous dévoile l’histoire de son groupe, Blue Öyster Cult, l’un des plus anciens groupes de rock au monde, et il nous présente leur dernier album, Ghost Stories, sorti le 12 avril.
Faisons tout d’abord une rétrospective de la carrière de BOC. Avant de monter sur scène en tant que BOC, vous avez joué sous plusieurs noms, mais quel a été le tout premier concert de « Blue Oyster Cult » ?
Il m’est difficile de répondre à cette question car je ne m’en souviens pas vraiment, je crois que c’était dans des clubs, avant les années 70, en Pennsylvanie. On a aussi fait l’ouverture d’un grand festival en 1968, le « Coachella ». A partir de là, notre nom est devenu plus célèbre et on a enregistré notre premier album.
En 1981, vous avez fait une grande tournée avec Black Sabbath qui s’appelait Black and Blue. Selon vous, qui a le plus influencé les débuts du heavy metal dans les années 70, vous ou Black Sabbath ? Et comment s’est déroulée cette tournée ?
C’est une question piège : je pense que nous nous sommes influencés l’un, l’autre. Tony Iommi reconnait qu’on a créé quelque chose de plus rock & roll, chose qu’il avait envie de aire avec son groupe, alors que nous, nous voulions être la version américaine de Black Sabbath, donc nous nous sommes inspirés mutuellement. À propos de cette tournée, à notre grande surprise, le succès a vraiment été au rendez-vous pour nous et Black Sabbath : tous les lieux étaient complets aux États-Unis. Certains soirs, c’était nous qui clôturions le concert, d’autres, c’étaient eux. Cette tournée s’est déroulée sans Ozzy mais avec Ronnie James Dio, un grand ami à moi. Quand nous avons fait la même tournée au Royaume-Uni, les organisateurs britanniques ont préféré mettre Black Sabbath en tête d’affiche et nous en 1ère partie : ils n’ont pas été très sympas.
Quelles ont été les sources d’inspiration de Blue Öyster Cult à vos débuts, puis quelles ont été vos influences par la suite ? En effet, les styles musicaux de BOC ont beaucoup varié au fil des ans.
C’est une grande question ! Quand j’ai remplacé le premier chanteur en 1968, nous avons alors signé avec Elektra Records qui a rejeté deux de nos productions d’albums. Du coup, entre 1967 et 1971 nous n’avons rien pu sortir, ce qui était plutôt décourageant pour notre carrière. Mais on s’est remobilisé, ce qui nous a demandé beaucoup d’efforts, et on a finalement fait quelque chose de plus heavy que ce que nous faisions, ce qui était déjà lourd pour l’époque. Puis grâce à notre manager, on a enfin (!) signé avec Columbia Records, qui, comme on l’a vu avant, voulait une version heavy américaine de Black Sabbath. Ces années n’ont pas été faciles, on n’avait pas beaucoup d’argent pour vivre, et tous les membres de BOC jouaient dans des pubs et autres petits clubs, à faire des covers. On ajoutait quelques-unes de nos compositions originales au milieu pour voir si les gens pouvaient aimer nos chansons. On a donc joué des titres des Beatles, Elvis, et autre musique de l’époque, parfois même des Rolling Stones, mais aucun de ces groupes ne nous a vraiment influencés. À cette époque, les clubs ne voulaient rien de nouveau sur les playlists, et donc, la plupart du temps, ils nous demandaient de ne jamais revenir, juste parce que nous jouions une ou deux de nos chansons. C’était vraiment dur à l’époque, mais finalement nous avons réalisé notre premier album en 1971, grâce à Columbia Records, et nous avons pu faire une belle carrière.
Et ensuite ? Comment BOC est devenu l’un des groupes les plus en vue des années 70 ?
Nous avons vendu 300 000 exemplaires du premier album, environ 600 000 du deuxième et le troisième est devenu disque d’or. Ensuite, nous avons fait un double album live qui est également devenu disque d’or. Enfin, nous avons sorti l’album avec la chanson Don’t Fear The Reaper, ce qui nous a permis de jouer dans des stades. Mais notre plus grande source d’inspiration et notre mentor est avant tout Alice Cooper, et je le remercie du fond du cœur. Après la sortie de notre premier album, nous sommes partis en tournée avec lui et il nous a aidés, nous a appris l’importance de l’éclairage et comment faire un bon show. C’est grâce à lui que nous en sommes arrivés « là », et nous sommes toujours très ami. Après les Seventies, on a essayé de maintenir le cap mais vers les années 80, les goûts ont changé, le disco, le punk, le hair metal, etc. On a quand même fait plein de concerts, mais dans de plus petites salles, des concerts privés, de 1985 jusqu’à 1995. Nous pensions sortir un tout dernier album en 2001 puis nous en avons fait un autre jusqu’à devenir finalement un groupe légendaire en 2020.
Quel a été le moment le plus emblématique de BOC ?
Il y en a tellement ! Pour moi, l’un des moments qui m’a le plus marqué, c’était en 1969 quand on a joué au Fillmore : notre plus grand concert de l’époque. On y a fait la première partie de Jeff Beck, quand Rod Stewart était son principal chanteur. Mais aussi, un an après, on a fait un concert dans un festival en Californie où on a joué devant 45 000 personnes !
Là, on a décidé qu’on allait tout mettre en œuvre pour continuer à vivre des moments
incroyables comme ça. Plus tard, à Monsters Of Rock en Allemagne, on a partagé la scène avec beaucoup de grands artistes de l’époque. Ensuite, au début des années 80, on a fait plein de très grands concerts partout, en Amérique et en Europe. Voilà en gros, les moments les plus mémorables de notre carrière.
Revenons à votre actualité et ce tout nouveau disque, Ghost Stories, comment ce dernier album a-t-il vu le jour ?
Après avoir sorti The Symbol Remain
s, le label nous a demandé de composer un disque différent, davantage similaire à ceux des années 70. Comme nous avons peu de temps, car toujours en tournée à faire des concerts, nous avons décidé d’écouter nos inédits de 1975 à 1983 et on a trouvé de nombreux enregistrements. A notre grande surprise, un très grand nombre de titres nous plaisaient, méritaient de sortir, et il a été difficile de faire un choix, mais nous avons finalement pu le faire, réenregistrer ces chansons et les sortir. Voilà l’histoire de Ghost Stories.
Cet album annonce-t-il la fin de BOC ?
C’est ce que dit le label, mais ne jamais dire jamais : avec notre carrière, jamais nous ne pensions sortir un nouvel album après 2020, et finalement Ghost Stories a vu le jour. En tout cas, nous continuerons à travailler dans la musique et qui sait, peut-être nous pourrions sortir un nouvel album un jour.
Des projets de concerts en Europe ?
Pas de projets pour l’instant mais si nous décrochons des concerts là-bas, nous prendrons volontiers l’avion pour venir jouer en Europe !
Merci beaucoup Eric Bloom pour cette magnifique interview, je vous souhaite le meilleur pour la suite.
À vous aussi, merci !
http://www.blueoystercult.com/