Interview en compagnie d’Anders « Blakkheim » Nyström, membre fondateur du groupe réalisée avec Flying Shark, de MetalFrance.
Sur quels critères s’est basé le recrutement de Nick Holmes ? Était-ce un choix évident pour vous ?
Eh bien, il a été choisi vocalement en raison de son travail et de son statut dans l’histoire du death metal. Il a sorti des classiques comme « Lost Paradise » en 1990 et« Gothic » en 1991, tout fan de death metal devrait être familier avec ce qu’il est. En plus, il y avait des critères plus « sociaux » à prendre en compte, parce qu’on l’aime ! Nick est une personne amusante et facile à vivre. Je ne peux pas assez insister sur l’importance de ce facteur quand vous allez écrire, enregistrer, faire des concerts et passer du temps ensemble. Tout le monde doit être à l’aise et doit passer un bon moment ou cela va détruire tout le truc qu’est Bloodbath.
Est-ce qu’il a participé à la composition de « Grand Morbid Funeral » ?
Oui un peu, mais pas assez à mon goût. Je voulais l’impliquer encore plus dans la composition, mais les autres avaient déjà terminé leurs chansons, j’ai donc décidé de jeter à la poubelle les paroles de deux de mes chansons et laisser la main à Nick. Il a fini par écrire les paroles de « Unite in Pain »et « Beyond Cremation ».
6 ans après votre dernier album (The Fathomless Mastery, ndt), est-ce que ça a été simple de revenir en studio ?
Ce n’est jamais simple de revenir en studio avec Bloodbath. En fait, une fois entrés en studio, c’est assez simple de travailler sur l’album. Mais pour réunir tout le monde en même temps et au même endroit c’est pratiquement impossible, ça a toujours été comme ça pour nous haha ! Par exemple, sur cet album, nous avons dû faire avec les allées et venues avec les membres du groupe durant toute l’année. Nous avons écrit l’album en janvier et enregistré la batterie avec « Axe » (Martin « Axe »Axenrot), puis on a pris un long moment jusqu’à août où on a pu enfin avoir la chance d’enregistrer la basse, les vocaux et les guitares suivi d’un autre rendez-vous pour le mixage et le mastering en septembre. L’air de rien, ça été un processus très sympa, mais nous étions excités de parcourir à nouveau la terre du death metal.
Vous avez, malgré que vous ayez changé à trois reprises de chanteur, toujours gardé ce son si particulier du « Swedish death metal ». C’est une vraie direction à suivre pour vous ?
Sans doute parce que nous avons toujours utilisé la pédale « BOSS HM-2 » sur tous nos albums sauf sur le premier EP (Breeding Death, ndt), donc même si nos influences ont été à la fois américaines et suédoises, on a toujours gardé cette touche « suédoise » dans notre son. Le reste a probablement à voir avec l’écriture elle-même. Nous aimons créer des crochets et maintenir de la finesse, et tout ce qui se passe dans une chanson est là pour un but.
Malgré toutes ces années sans Bloodbath, les fans ne vous ont pas oubliés. Est-ce que c’est important pour vous de voir que les fans sont toujours là ?
Bien sûr, c’est particulièrement agréable de parler avec des gens qui se souviennent du passé et peuvent se rapporter aux débuts du groupe et j’apprécie vraiment les jeunes qui viennent, qui ont faim et qui sont ouverts d’esprit pour creuser creuser plus profondément et aimer le death old-school. La seule chose que je ne supporte pas sont ces stupides fanboys qui n’arrêtent pas de dire « R.I.P Bloodbath » et des conneries du genre simplement parce que Mike n’est plus là. Ils devraient se réveiller puisque Mike a quitté le groupe car il ne ressentait plus d’intérêt pour lui de manière générale. Alors faites avec et allez de l’avant ou écoutez les albums avec Mike, ce n’est pas comme si ils allaient disparaître de la surface de la Terre ! Ce qui nous importe c’est que Bloodbath reste fort, et qu’il continue à être dans ces vestiges du death metal, avec ou sans le reste. C’est uniquement pour notre plaisir que l’on fait cela, sinon on ne le ferait pas. On ne fera jamais un album pour plaire à quelqu’un d’autre que nous même et dans le meilleur des scénarios Bloodbath a ce potentiel d’être un tremplin pour la nouvelle génération de fans afin de découvrir la scène « Old-School ». Il y a tellement de nouvelles sorties qui attendent les gens là-bas, alors ne faites pas les pourris gâtés, investissez du temps et découvrez les racines et voyez d’où tout cela vient et vous serez récompensés avec la même magie que nous, enfin j’espère !
Vous faites tous (que ça soit dans Opeth ou Katatonia) des musiques relativement éloignées de ce qu’est Bloodbath. D’ailleurs j’ai souvent lu que Bloodbath restait un side-project, mais est-ce que c’est aussi une façon de se défouler en proposant une musique bien plus crue et brutale ?
C’est exactement ça, et il n’y a pas de meilleure façon de voir Bloodbath, parce que les choses ne sont pas très sérieuses ou très exigeantes, contrairement à tous nos groupes principaux. Bloodbath c’est un peu comme des vacances pendant lesquelles tu relâches la pression, revient à tes racines et profite juste de la spontanéité que ça donne.
Quels sont les sujets principaux de « Grand Morbid Funeral » ?
L’horreur et la mort, du début à la fin, c’est tout !
Sur les deux extraits déjà sortis sur le net (L’interview a été faite avant la sortie de l’album, ndt), les vocaux de Nick Holmes sont beaucoup plus « d’outre-tombe » que ceux de Mikael Åkerfeldt ou de Peter Tägtgren, c’est ce qui m’avait frappé d’ailleurs lors de mes premières écoutes. Était-ce un vrai choix de votre part de se différencier des sorties précédentes ou est-ce venu tout naturellement avec l’arrivée de Nick ?
Pour commencer, Nick est un très bon chanteur et il sonne … comme Nick, c’est à prendre ou à laisser. Ça n’a jamais été notre intention de le pousser à devenir un clone de Mike ou Peter, ça n’était même pas pertinent d’essayer parce que la musique et l’attitude sur cet album exigeaient quelque chose de plus pourri et cru et Old Nick correspondait aux critères, c’est pour ça qu’il chante sur l’album.
Quel regard portez-vous sur l’industrie musicale d’aujourd’hui ? Y a-t-il des groupes dont vous êtes fans ou dont vous écoutez les nouveaux albums ?
Je suis quelqu’un d’ouvert d’esprit, je n’ai aucun problème pour admettre que j’apprécie de jeunes groupes actuels, mais pour être honnête, je suis surtout impressionné par leurs capacités e et leurs performances. Je suis rarement attiré par l’un d’eux ces derniers temps du fait qu’ils sonnent tous de la même façon, mais c’est d’une qualité variable. Il y a tellement de sorties d’albums aujourd’hui que c’est difficile d’en garder une trace et de suivre tout ça. Je cherche toujours un groupe qui transcendera cette « magie »,un truc qui va plus loin, que tu ne peux toucher, mais quand tu ressens. Avoir ce talent et l’intégrer à ta musique facilement ça éclipse les aspects techniques pour moi. Ceci dit, j’aime bien écouter ce que me recommandent les gens !
Est-ce que l’on va vous voir en France après la sortie de l’album ?
Oui, apparemment on va jouer dans un certain gros festival français à l’été 2015 (l’interview a été faite quelques jours avant l’annonce du Hellfest). D’ici là, restez morbides !