Le 23 février dernier, les Docks de Lausanne accueillait (pour leur unique date en Suisse) Blonde Redhead avec leur « Best of Tour ».
En amuse bouche, on a eu droit à Evelinn Trouble. L’artiste inclassable zurichoise se produisait en duo et elle a essayé d’électriser (tant bien que mal) le public avec ses morceaux pop, folk, punk revisités à la sauce electroclash. Le duo faisant usages de vieux synthés et boîtes à rythme pour ce concert. Celle qui dit que « ce qui dérange et ce qui n’est pas consensuel l’intéresse » a offert une prestation honorable sous les timides et polis applaudissements de l’audience. A voir, l’assistance était bien plus subjuguée par leurs pantalons-leggins bigarrés et psychés que par leur musique. Au final, on aurait pu presque rester sur sa faim.
Puis vint le plat de résistance. Ce pourquoi le public de trentenaires, voire de quasi-quadragénaires s’était déplacé : Blonde Redhead. Le combo italo-japonais-new-yorkais, qui depuis leur rencontre dans un resto italien à New York et leurs premiers albums sous perfusion noisy, venait présenter son « Best of Tour ». Un condensé de plus de 20 ans de carrière (avec le meilleur de leur « terroir »), ainsi que leur dernier EP « 3 O’Clock » qui sortira le 3 mars prochain.
D’entrée, la carte du menu de leur concert se composait principalement d’un bon 1/3 de « Misery Is a Butterfly » (sixième album du groupe). Le concert commençant avec l’intense et savoureux « Falling Man ». Le trio a aussi profité de présenter deux nouveaux morceaux aigres-doux de leur dernier EP « Where Your Mind Wants To Go » et « Give Give ». Tout au long de ces réjouissances, Blonde Redhead a fait danser langoureusement leurs guitares et clavier, entre douceur et agressivité, donnant des mélodies acidulées qui piquent sous la langue et font pétiller les regards. Les mauvaises langues et fans de la première heure pouvant regretter un son moins bruitiste et acerbe qu’à leur début. Cependant, l’auditoire fut conquis. Surtout quand Kazu laissa sa guitare, sa basse et son clavier pour se présenter devant scène, micro à la main, chantant avec une intense fragilité. Pendant près de 1h20, Blonde Redhead a donné une performance savoureuse, relevé et sans faute de goût, dépassant certaines attentes (même si il est vrai que 2-3 morceaux furent un peu insipides). Mais, tel est l’art de séduire surtout pour un groupe qui ne cesse l’exploration musicale.
Galerie photo : Alexandre Pradervant