Pour leur unique date suisse du ‘Be Right Here Tour 2024’, les rockers sudistes de Blackberry Smoke posaient leurs santiags au Kaufleuten. C’était l’occasion pour le public de découvrir en live les titres du dernier album éponyme et pour le groupe de rendre hommage et faire le deuil de Brit Turner, batteur d’origine, emporté par la maladie en début d’année.
En première partie, une très belle découverte avec Bones Owens, rocker de Memphis Tennessee. Belle gueule, dégaine cool, il manie aussi bien la six cordes qu’il chante. Rythmes accrocheurs, mélodies simples, guitare qui sonne parfois comme Rival Sons ou Ayron Jones, tous les ingrédients sont réunis pour titiller le public. Accompagné par un batteur et un bassiste, Bones Owens fait plus que le job, en toute simplicité. On espère le retrouver prochainement en tête d’affiche pour un concert de plus longue durée, pourquoi pas à Guitare en Scène, par exemple ?
Peu avant 21h00, le groupe d’Atlanta investit la scène, tout sourire et décontracté. Le Kaufleuten est plein à craquer, joliment garni par une assistance bigarrée prête à s’embarquer dans un road movie à travers le Sud. Comme souvent avec Blackberry Smoke, la setlist est remaniée de soir en soir, laissant ainsi une part de surprise aux fans. Ça commence fort avec ‘All Over the Road’, ‘Hammer and the Nail’ et ‘Good One Comin’ On’ qui emballent d’emblée le public avec leur tempo enlevé. ‘Like I Am’ nous ramène à l’essence même du rock sudiste, duo de guitares et harmonies vocales à la Lynyrd Skynyrd ou The Allman Brothers Band. ‘Pretty Little Lie’, premier coup de cœur, vient à la suite avec sa jolie mélodie qui nous caresse dans le sens du poil. ‘Hey Delilah’ emboîte le tempo avec son rythme à la Bo Diddley qui donne des fourmis dans les jambes du public.
Un peu plus tard vient notre grand coup de cœur, ‘Crimson Moon’, riff d’entrée pêchu soutenu par l’orgue Hammond, voix puissante de Charlie Starr, on démarre au quart de tour pour ce titre qui illustre la quintessence du southern rock contemporain. La cadence ne faiblit pas avec ‘Waiting for the Thunder’, plus chaloupé mais tout aussi efficace. ‘Azalea’ est une délicieuse balade dédiée à feu Brit Turner où l’on pourrait entendre le vent dans les arbres et le murmure d’une rivière de Géorgie entre les notes de guitare acoustique et le chant de Charlie. Beau moment de grâce et d’émotion au cœur du concert. Un peu plus de légèreté à la suite avec ‘Everybody Knows She’s Mine’ puis ‘Lesson in a Bottle’ composée – selon Charlie – au lendemain d’un after show particulièrement festif dans un festival étasunien avec Tom Petty et The Mavericks entre autres.
Le concert tend à sa fin avec quelques pépites comme le classique ‘Old Scarecrow’, ‘Run Away From It All’ idéal pour tailler la route en Harley Davidson (ou Indian), le countrysant ‘One Horse Town’ et le stonien ‘Little Bit Crazy’. Un petit tour par les coulisses avant que le groupe ne revienne en compagnie de Spencer Jackson – musicien du staff et ami de longue date de Blackberry Smoke – pour interpréter le pêchu ‘Scare the Devil’ à l’occasion de son anniversaire. A la fin du titre, tout le Kaufleuten chantera à tue-tête ‘Happy Birthday’ pour le plus grand plaisir du jeune homme très heureux et ému. Point final en douceur avec ‘Ain’t Much Left of Me’ qui nous ramène aux premiers albums d’Eagles. Ravis par sa généreuse prestation, les fans feront un triomphe à Blackberry Smoke.