À l’heure où tous les geeks s’affolent autour de la NES Mini en mode ‘comment c’est trop cool’, on a décidé de te trouver mieux. L’équipe de ton canard préféré a empoigné ses attributs à deux mains pour te prouver que les joies de l’arcade dans ton salon, c’est pas si compliqué.
T’as probablement déjà entendu parler du Raspberry Pi. Pour le prix d’une caisse de bière, on te propose de t’offrir un ordi complet. Par complet, on entend ‘à poil’, carte mère avec les pistes à l’air et alimentation vendue séparément. Parmi les multiples usages qu’une communauté prolifique a pu trouver à ces mini bécanes, la Picade a retenu toute notre attention. Après une campagne Kickstarter couronnée de succès, une équipe de joyeux Britanniques s’est mis en tête de proposer à tous les amoureux du vieux pixel le bourrinage sur borne d’arcade, le trou dans le budget en moins.
On a donc sorti notre plus belle trousse à outils pour défricher le terrain à ta place. Bière en main et clope au bec, n’écoutant que son courage, ton serviteur s’est attelé à désosser l’emballage fraîchement débarqué du pays du pudding à la menthe. Une borne d’arcade à monter toi-même, ça ressemble à un meuble IKEA, le conformisme d’intérieur en moins. Joliment agencé dans le carton de la bestiole, sacs de vis et circuits imprimés n’attendent que tes petits doigts boudinés pour prendre vie.
Première bonne nouvelle : t’auras pas besoin de ton fer à souder. Un voyage aux urgences en moins, c’est toujours bon à prendre. Point de plan ambigu ici, mais un tutoriel vidéo fleurant bon le montage amateur qu’on t’enjoint chaudement à garder à côté de toi durant toute la manœuvre. Vis après vis, plaque de bois après plaque de bois, le tout se monte sans (trop) galérer et a presque l’air de tenir. Tu relies tous tes jolis boutons tout neufs à un circuit imprimé fourni, tu fixes tant bien que mal l’écran de la chose et c’est plié. Deux petites heures plus tard, t’as qu’à ajouter l’un des mini-ordis mentionnés plus haut et t’es prêt à faire feu.
Le tout aura encore besoin d’une carte mémoire que t’auras préalablement équipée d’un système Linux spécial gamer et c’est parti. Plus question de payer tes jeux rétro la peau des miches comme un honnête travailleur, tu te sers sans vergogne dans les catalogues inépuisables de la baie des pirates. Normalement, c’est à ce moment-là qu’on doit te dire que pirater, c’est très vilain, et que tu dois avoir les jeux originaux chez toi sous peine de cramer en enfer comme le petit margoulin que tu es… Ouais, on sait, on t’entend déjà ricaner bêtement.
Coup de bol, on avait déjà acheté la totale de manière parfaitement légale. On a donc pu remplir au chausse-pied notre machine pour voir si tout fonctionnait bien. Force est de constater que le gaming retro façon puriste, ça passe plutôt bien. Depuis les vieilles consoles obscures dont même ton grand-père n’avait pas entendu parler jusqu’à la glorieuse époque de la première PlayStation, le système semble se faire un devoir de lancer tout ce que tu lui envoies à l’aide de l’antique technologie wireless.
T’attends pas à faire tourner plus récent. Faut pas rêver non plus, t’imagines bien qu’à moins de 40 balles l’ordi, ça reste tout de même une brouette. Passé cet honnête avertissement, le constat est bien simple : du fun, du fun, et encore du fun. À toi le plaisir de te faire pourrir en boucle sur des jeux de baston d’un autre âge où le niveau était encore calibré pour les guerriers, les vrais. À toi la difficulté punitive des jeux de plateforme conçus pour de petits asiatiques mutants. À toi l’humiliation des jeux d’action sans checkpoints, sans barre de vie et sans tutoriel pour assistés. C’est un monde de souffrance ininterrompue qui t’accueille à bras ouverts, témoin d’une époque où le jeu vidéo voulait ta perte, et te crachait à la gueule en rigolant quand tu foirais pour la 32ème fois le même passage avec application et méthode.