Et si le rock consistait surtout à jouer le blues d’une autre manière ? Depuis sa naissance sur les rives du Mississipi, on ne se lasse de repérer ce que le rock est allé piocher dans les complaintes de Muddy Water et autres BB King.
Pour ZZ top, le message était clair, ils étaient les descendants les plus directs des grands bluesman. Réécoutez le trop méconnu premier album, son feeling si particulier, cette façon classieuse de laisser raisonner les accords, tous cela venait du delta blues. Et puis le groupe a durcit le ton , s’est laissé pousser la barbe , et les deux guitaristes se sont créer cette image de personnages burlesques, dignes de Tex Avery.
Cette époque bénie, qui n’aura durée que 8 petites années, à vu l’ascension du groupe de hard blues le plus puriste, et le plus excitant d’Amérique. Pour ceux qui oserait crier à l’exagération, je ne peux que les renvoyer écouter « Live In Texas », un concert capté en 1980 et enfin sorti en 2011.
La puissance de ZZ top n’avait rien à envier aux jeunots tel que Led Zeppelin, mais là où ceux-ci partaient déjà vers d’autres horizons, ZZ top restait solidement attaché à ses racines.
Et puis les texans ce sont perdus, reniant leurs purismes pour un hard rock radiophonique, servi par des clips ridicules. Le résultat est encore pêchu sur l’album « Elliminator » , avant d’emmener le groupe dans une longue traversée du désert.
Il faudra attendre 2012 pour les voir revenir au meilleur de leur forme avec le très hard « La Futura ». Beaucoup de choses ont été dites sur ce disque, sur son titre d’ouverture réadaptant un morceau de rap, et sur la puissance de feu de ses riffs.
Mais surtout, le blues était de retour dans la musique du groupe. Comme revitalisé par ce retour à la musique qu’il a toujours voulu jouer, Billy Gibbons retrouvait l’énergie de ses grandes heures. Certes, après une carrière comme la sienne, le guitariste texan n’avait plus rien à prouver, mais quelle bonheur de le réentendre en si bonne forme.
Depuis, l’homme a sorti un premier album solo, dont les rythmes latinos ont dû en déconcerter plus d’un. Le résultat est une amusante récréation sans grand intérêt. A part pour les fans absolus du guitariste, qui iront chercher entre ses rythmes dansants le touché inimitable du maître.
Le fait est qu’on ne veut pas entendre Billy Gibbons faire autre chose que du hard blues virile, et avec cet album on est servi. Sortie il y’a quelques jours, « The Big Bad Blues » est l’album qu’on attendait de lui depuis la sortie du dernier ZZ top.
Et cette attente est enfin largement récompensée par un disque énergique, inspiré, et où la guitare du barbu rugit comme au premier jour. L’affaire démarre sur « Missin You Kissin » et son riff chromé, qui rappel furieusement celui de « La Grange », avant de partir dans un boogie blues jouissif sur « My Baby She Rock ».
Et quand cette guitare inimitable part dans une version ultra pimentée de « Rollin And Tumblin », on n’est pas loin de tenir un des titres les plus jouissifs de ces dernières années. Alors, bien sure, le résultat est loin de briller par son originalité, mais on serait bien bête de le lui reprocher.
Après une carrière bien remplie, Billy Gibbons profite de « The Big Bad Blues » pour s’amuser avec la musique qui l’a toujours influencé. Au bout du compte on aurait tord de se priver de ce disque, tant sa joie de jouer est communicative. N’ayez donc pas peur de ce grand méchant blues !