Tout le petit monde gravitant autour de la scène metalcore romande s’était filé rendez-vous à l’Usine en ce lendemain de la Saint-Valentin pour se défouler un bon coup avant le début de la semaine. Les concerts du dimanche soir ne sont pas forcément propices à une fréquentation délirante, mais il faut bien convenir que le public avait honnêtement répondu présent à cette invitation qui avait évolué avec le temps.
Exit Texas In July qui était annoncé comme co-headliner sur cette tournée. Adam Gray, le batteur de la formation étasunienne, étant victime de problèmes de santé. Les afficionados du groupe originaire de Pennsylvanie se consoleront en se remémorant leur prestation en ces lieux lors de l’excellent Summer Breakdown Festival de l’été dernier.
C’est avec une précision toute helvétique que cette soirée a débuté avec un show pugnace, relativement court, des Italiens de Upon This Drawning. En vingt minutes à peine, les Transalpins ont convaincu bien au-delà du cercle de fidèles à leur metal orchestral fort brutal qui scandait leurs paroles en mettant le feu au moshpit dès le début des hostilités. Le rendu live de leurs compositions à deux voix était d’excellente facture et on en aurait bien signé pour quelques titres supplémentaires.
Après une brève pause clope à l’extérieur, la température polaire n’était pas au rendez-vous lorsque les britanniques de Polar ont pris la scène d’assaut. Dans un registre estampillé metal hardcore assez proche de celui de Texas In July, ils ont acquis à leur juste cause les fans des Ricains à qui ils ont dédicacé un de leurs titres lors d’une prestation à peine plus longue que celle de leurs prédécesseurs. Même si la ferveur publique avait baissé d’intensité par rapport à la première formation, le job a été payant puisqu’à la fin du show, après un traditionnel sitting général du public, c’était la guerre au rez de l’Usine.
More Than A Thousand, qui avaient bénéficié d’une place en vue juste sous la tête d’affiche de la tournée, a débuté un set avec un public acquis d’avance au metalcore déployé par ces Portugais. A peine grimpés sur scène, les vétérans lusitaniens ont assénés leurs compositions devant un parterre fort réceptif à leur expression artistique. Ce concert a envoyé du très lourd et la foule multigénérationnelle présente en ce Jour du Seigneur a fortement apprécié.
Finalement, la tête d’affiche de la soirée s’est radinée après un change over un poil plus long que pour les premiers groupes. La formation de metalcore hexagonale a bien compris le fonctionnement de cette scène et leur intelligence musicale ainsi que leur investissement continu allié à une haute technicité leur vaut aujourd’hui le statut de fer de lance de ce renouveau metallique. Jour de semaine oblige, la jeunesse avait quelque peu désaffecté les lieux, mais les amateurs de musique en core s’en sont encore payés une bonne tranche avec un set à nouveau impeccable à mettre au crédit de ce groupe. Tous les ingrédients étaient réunis pour une réussite et ce fût le cas avec le standard du cinéma pour enfants réinterprété ‘Let It Go’, extrait de leur dernière opus en date ‘Phantom’, et un ‘Because Of You’ belliqueux, tiré de ‘Breathe In Life’, dédié à Mitch Lucker de Suicide Silence parti trop tôt. Après un dernier rappel convenu, le groupe a tiré sa révérence et laissé un public fortement revigoré pour une semaine avant la venue d’autres pointures du style, Veil Of Maya et Chelsea Grin, samedi prochain en ces mêmes lieux (les fans de deathcore, hardcore et autre metalcore sont décidément gâtés ces temps par ici).
Au final, cette soirée en compagnie de fougueuses formations très au point techniquement, qui ajoutent avec talent des pointes synthétiques ou techno à leurs compos, a été une belle réussite à en juger par les sourires ornant les faciès à la sortie de l’Usine y compris sur ma trogne.
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