BERNHARI – LES ODYSSÉES (INDÉPENDANT)

Depuis la sortie de son deuxième album Île Jésus en 2016, l’auteur-compositeur-interprète Bernhari s’est fait très discret dans le paysage musical québécois. Enfin, il rompt définitivement son silence par le mini-album Les Odyssées, paru le 22 mars 2024.

Fruit de l’exil, Les Odyssées est constitué de quatre chansons fidèles à l’artiste, maintenant établi en France, à l’univers ténébreux et raffiné qui croise le Indie rock et la chanson française. Bernhari – Alexandre Leclerc-Bernier de son vrai nom – délaisse ainsi ses collaborateurs de la première heure pour former un nouvel équipage avec les musiciens de Feu! Chatterton, formation parisienne de pop-rock à succès. Si les textes coulent à 100% de la plume du québécois, les musiques, elles, sont composées en compagnie du guitariste du groupe Clément Doumic. Enregistré à Paris, ce nouvel opus commence par les jeux de synthétiseurs scintillants avec la pièce Môtel Gédéon où les percussions ajoutent du mouvement au témoignage empreint de nostalgie de ses paroles. Dans Les palmiers bleus, c’est une mélodie lumineuse, assez inusitée chez l’artiste, soutenue par des lignes de guitares électriques enjouées, qui répond directement à Félix Leclerc et à sa chanson Le tour de l’île. L’interprète à la voix éthérée, comparable à, notamment, le chanteur français Christophe, n’oublie pas son Québec et lui fait référence à quelques reprises pour notre plus grand plaisir, dans sa poésie, comme cet extrait évocateur:

« Ô feu Félix
Les fruits ont pourri
Mais il nous reste la lune
Terrible lune »
-Les palmiers bleus

Les deux dernières chansons quant à elles se rapprochent du caractère brumeux et du romantisme tourmenté déployé dans les deux précédents albums. Dans la pièce Rien ne meurt sous les étoiles, il raconte un amour impossible, le tout avec un clin d’œil à la Gaspésie. Moins de style Shoegaze, l’ambiance reste toutefois aérienne, très cohérente avec le personnage mystérieux que le français d’adoption s’est conçu, jadis, chez lui. Même procédé que l’on observe avec la chanson-titre Les Odyssées, où le rythme de batterie, qui tient en haleine, résonne en symbiose avec l’urgence écologique dépeinte dans les paroles poétiques. C’est l’âme du Bernhari d’antan qui ressurgit en une version améliorée, plus libre et au sommet de sa forme. Soulignons l’apport de Feu! Chatterton sur ce court chapitre musical qui se traduit dans un ensemble naturel entre le groupe parisien et l’artiste québécois.

C’est une œuvre carte postale que nous offre Bernhari avec Les Odyssées, où il nous témoigne de son nouveau départ personnel et artistique dans l’Hexagone. Ses quatre pièces incarnent un exemple de métissage culturel prédestiné à s’accorder et qui, on le souhaite, ne sera qu’un prélude à une collaboration renouvelée. Avec ce mini-album, silence rompu et retour réussi pour Bernhari.


4/5

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