Les stéphanois de Benighted posent leurs valises le temps d’une soirée à Nîmes, l’occasion pour nous de revenir sur une année passée et sur leur DVD.
DRF : Messieurs bonjour, 1 an s’est écoulé depuis la sortie du « Carnivore sublime ». Quel bilan peut-on faire à N+1 sur son accueil et sur l’ambiance dans le groupe ?
Julien : Déjà l’accueil a été super positif. Tout le monde a été unanime que ce soient les fans, les critiques Métal étaient tous d’accord pour dire que c’était notre meilleur album. On a pris une année pour le promouvoir surtout en France et maintenant, on s’occupe de sa promo à l’étranger, on est encore dans sa promotion. A côté de tout ça, on a pris le temps d’enregistrer un album live au Sylak Open air, on s’était rendu compte que pour nos 15 ans on n’avait rien fait de spécial, on s’est dit « c’est l’occasion ou jamais ». Au sein du groupe, il y a eu pas mal de changement.
DRF : Vous avez donné un concert tout bonnement énorme au Hellfest et juste après piouf, plus de grateux, plus de bassiste, qu’est ce qui a motivé leur départ et comment vous avez ressenti ça ?
Julien : En fait, ils sont partis pour se consacrer à leur groupe de pop électro. On l’a tous vécu relativement mal car personne ne l’a vu venir.
Olivier : Ouais et du coup, on a dû abandonner une tournée que l’on devait faire avec, la tournée de décembre avec Aborted et Origin …. On a annulé pas mal de chose, ça a été un peu difficile à vivre. Après, on peut comprendre, ils se sont rendus compte que Benighted prenait énormément de temps forcément, ils étaient moins présents avec leur groupe qui était leur bébé. Par ailleurs, leur tourneur ne trouvait pas trop de dispo pour les faire jouer entre nos emplois du temps et les leurs. Ils sont donc partis.
DRF : Alors, pour le DVD, vous avez fait comment ? Ils y ont participé ou vous aviez déjà recruté ?
Julien : Non, c’est nos nouveaux musiciens Manu à la gratte et Pierre à la basse, en sachant que le guitariste c’était son tout premier concert, ça faisait 24h qu’il avait été intégré au groupe. On était prêt à abandonner l’idée du live, on a fait une répète la veille et ça a tout bonnement bien marché, on a donc, comme vous pourrez l’entendre, enregistrer ce concert.
DRF : Vous avez déjà quelques nouvelles compos auxquelles ils ont participé ?
Olivier : Ouais, on a déjà deux trois trucs. Manu, notre guitariste, a apporté de très bonnes idées. Je m’y colle aussi, ça prend doucement forme. Y’a un morceau qui est bien avancé. Mais bon, il y a du travail.
DRF : Parlons un peu de ce DVD. Alors pourquoi le choix du Sylak pour la captation ?
Olivier : On a choisi le Sylak car les organisateurs sont des personnes qui font jouer Benighted depuis le début du groupe, c’est des gens qui se bougent sur Lyon pour organiser des concerts depuis 20 ans, c’est de très bon amis et puis c’est chez nous et ça permettait de faire un petit clin d’œil à nos débuts.
Julien : Oui, c’était normal de le faire là-bas et eux étaient très contents de le faire pour nous.
Olivier : Ils ont dû adapter un peu la scène pour nous car pour capter un DVD, il y a pas mal de choses à avoir au niveau du son et de la vidéo et ça a demandé une grosse organisation, ils ont gentiment accepté en sachant que ça allait foutre le bordel dans leur organisation.
DRF : Qu’est- ce qu’on va trouver sur ce DVD ? Vous l’avez pensé comment ?
Julien : C’est la setlist de promo de « Carnivore sublime » mais tu as aussi des morceaux des vieux albums comme « Icone » ou « Identisick ». Il y a pas mal de choses … des classiques ce n’est pas le mot mais presque.
DRF : Julien, on peut lire ton nom en tant que chanteur sur un album des Recueil Morbide, comment tu t’es retrouvé à chanter avec eux ?
En 2008 ou 2009, ils préparaient leur nouvel album, ils avaient réservé le studio, on avait tourné avec eux et on était devenu très pote. Leur chanteur a attrapé au même moment un truc aux cordes vocales ; d’ailleurs, il a dû arrêter de chanter. Marc m’a appelé voir si je me sentais d’enregistrer leur nouvel album avec eux en attendant de trouver un nouveau chanteur. Il y avait un chant assez varié à apporter à leur album. Moi, j’ai de suite accepté, j’ai eu à peu près un mois pour écrire et travailler le chant. Ça a été un vrai défi et c’était génial, car c’est un groupe que j’aime beaucoup avec des gens superbes, le studio qu’ils avaient pris, c’est celui dans lequel nous enregistrons également donc j’étais en territoire connu, et ça a été vraiment super.
DRF : Tu nous as d’ailleurs fait venir sur l’album live le chanteur de Recueil Morbide Gégé, c’était prévu ou vous avez vu ça sur le moment ?
Olivier : Je crois que c’était au dernier moment.
Julien : En fait, quand on a reçu le Running Order, on a vu qu’on jouait avec les Recueil mais pas si on jouait le même jour ou je sais plus quoi, Gégé il a une superbe voix donc c’était plié.
DRF : Vous avez jetez une oreille sur leur dernier album « morbid collection » ?
Julien : Il est très très bien.
DRF : Vous nous avez proposé un clip sur le titre avec Niklas de Shining, vous aviez raconté l’expérience studio, comment s’est passée l’expérience tournage ?
Julien : C’était fatiguant, il n’a pas dormi du week-end, il a été à bloc. On a tourné et le lendemain, il m’a emmené au Korigan voir ses potes de Watain qu’il voulait absolument me présenter, c’était épuisant mais c’était génial car c’est un tueur. Pour le studio, c’était superbe, il est arrivé chargé dès le matin, il s’est fait vomir pendant le clip, c’était dégueulasse vu tout ce qu’il avait ingurgité et mangé mais c’était parfait. Ce qui est tripant, c’est qu’il est à bloc alors qu’il ne dort pas et surtout sa capacité de création. Il est dedans à fond.
Olivier : Il est d’une rigueur impressionnante, il propose plein de choses et il en a encore plus proposé en studio.
Julien : Et quand il se sent bien en studio, il est impressionnant de créativité, d’idée et de performance.
DRF : Une tournée qui se prépare dans quelques jours au Canada dont une date dans un gros fest là-bas « le festival des 3 Rivières », comment vous appréhendez cette tournée ? Vous savez un peu avec qui vous allez jouer hormis le festival ?
Julien : Oui, on appréhende car on ne sait absolument pas ce qu’on va trouver là-bas. Le groupe avec lequel on va tourner est vraiment excellent, on risque de bien se marrer. Ça risque d’être épuisant, on fait 12000 bornes en 3 semaines. Le seul bémol, c’est que les vacances d’Olivier ne coïncide pas avec les dates de la tournée ce qui fait qu’on va être obligé de faire ça à 4.
DRF : L’interview va être lue par nos collègues québécois, vous avez un petit mot à dire aux caribous ?
Julien : Tout le monde nous a dit du bien du public canadien, que tout le monde est très ouvert d’esprit, aime faire la fête ou contrairement dans certains pays, les gens sont plus sur la réserve. On attend beaucoup car on veut que ce soit inoubliable pour notre première tournée « aux Amériques ». Alors bougez-vous le cul, venez faire la bringue et venez partager, c’est pour ça qu’on aime la scène.
DRF : Et une tournée Benighted, Blockheads Inhumate, Recueil Morbide , Kronos c’est pour quand ?
Olivier : Ça pourrait se passer sur une date mais pour caler 6 groupes se serait compliqué. Ça serait sympa avec des groupes de grind français, genre un mini fest, une soirée et on rajoute les potes de Mumakil quand même.
DRF : Est-ce que c’est aussi compliqué que ça de faire du Métal en 2015 quand on voit que Loudblast fait un appel aux dons de ses fans pour organiser une tournée avec Death DTA ?
Julien : C’est très très compliqué… ouais.
Olivier : Je sais que ça choque beaucoup de gens de payer, parfois des sommes astronomiques pour des groupes qui ne sont personnes et qui demandent des sommes énormes pour faire pas grand-chose. Là pour faire une tournée avec des groupes comme Death, Obituary ou comme Dagoba l’avait fait avec In Flames et Sepultura, ça se paye, c’est comme de la promo, c’est comme une pub dans un journal. Ça ne me choque pas car tu as une très grosse exposition et les retombées devraient être au rendez-vous. Mais faire du Métal aujourd’hui, ça coûte plus cher que ça ne rapporte.
Julien : Loudblast, contrairement à nous, sont des musiciens professionnels. Nous, on a tous un métier à côté et on touche rien nous avec Benighted, tout va dans une asso, on utilise l’argent pour tout ce qui est frais d’enregistrement, clip, tee-shirt au design sympa, on n’est pas là pour faire de l’argent, même si on a des endorsements, je paye toujours mes cordes etc …. Moi, je comprends que ceux qui doivent en vivre passent par ce principe-là afin d’organiser une tournée leur permettant de déclarer ce qu’il faut pour vivre.
Après, on en arrivera jamais à ce système car ce n’est pas dans ma philosophie, et puis quelques part, ça renvoie aux difficultés que rencontrent les groupes aujourd’hui. Il y a de moins en moins d’argent dans la musique, y’a le téléchargement, les artistes sont moins bien payés. Moi, ce système de participation financière, ça ne me parle pas, je préfère et on l’a fait souvent, faire un emprunt à mon nom, l’idée de demander de l’argent comme ça à mes fans, ça m’emmerde.
DRF : C’est quoi vos projets maintenant ?
Olivier /Julien : Tournée en Angleterre, Neurotic deathfest, Brutal Assault, sortie d’album de Black Bomb A à paris, les 30 ans de Loudblast. On fait une tournée européenne avec Anaal Nathrakh en fin d’année. On a fait toute la France, on ne veut pas saoûler les gens non plus (Ndlr : Mais vous êtes fous ! Vous joueriez une fois par mois dans le sud qu’on viendrait toujours !). On va prendre notre pied.
DRF : Y’a quoi en ce moment dans les lecteurs MP3 de benighted ?
Julien : Je n’ai pas de lecteur MP3, je suis toujours au cd, j’aime bien le support : le dernier Anaal, le dernier Raised Fist … et bien d’autres.
Olivier : Body Count que je redécouvre, Entombed à fond en ce moment, At The Gates, et le dernier Marylin Manson qui est très sympathique. Après, y’a toujours un Dying Fetus, Nasum, Rotten Sound, Trap Them, et bien d’autres.
Merci à Olivier et Julien pour l’interview et à Dadou pour les photos