DRF :Necrobreed est sorti il y a peu et, à l’unanimité, c’est une tuerie. Quel est ton ressenti face à cette montagne d ‘éloges?
Julien :On a eu des retours fantastiques de partout. On est super content. On avait envoyé des morceaux pour la promo qui ont été très bien accueillis. On avait beaucoup de pression parce que le line-up a changé au 3/4 depuis « Carnivore Sublime ». Avec les personnes que l’on a accueilli dans le groupe, l’osmose s’est faite très rapidement. Ils ont très vite compris la patte Benighted et travaillé dans ce sens. Quand on a enregistré Necrobreed, on savait que l’on tenait quelque chose de vraiment cool. On a vraiment poussé, et le thème et l’orientation musicale, vers quelque chose qu’on n’avait pas encore fait avant. Et là, pour l’instant, c’est unanime. C’est la branlée tous les soirs. Les mecs sont complètement fous dans la fosse. On s’éclate comme des malades.
DRF :Avec des tournées à n’en plus finir, quand trouvez-vous le temps de composer?
Julien :L’année dernière, on a justement moins tourné pour pouvoir composer. On est obligé de se limiter en dates. Déjà, là, pour Necrobreed, on refuse quasiment une date sur deux parce qu’on n’a pas le temps. Ce n’est pas notre métier. On a la chance, entre guillemets, de pouvoir jouer un peu partout, donc on en profite. Quand les fins de tournées, ou les fins de promos, arrivent, on essaie de s’aménager du temps pour composer.
DRF :Malgré la brutalité de vos morceaux, ils restent tout de même, pour une oreille avertie bien sûr, plutôt accessibles, est-ce un objectif de composition?
Julien : Oui, on a toujours voulu composer des morceaux afin qu’ils soient des chansons. On fait très attention aux refrains. On travaille beaucoup sur les refrains, pour que les gens, dès la première écoute, puissent facilement identifier le morceau. Je suis fan de pleins de groupes de Death Metal, mais les albums où tu n’as rien qui en ressort à aucun moment, où tu te dis : oui, c’est la branlée, ça va vite et que, finalement, tu n’as rien retenu à la fin de l’album, moi ça ne m’emballe pas.
DRF :Une interview est souvent, pour moi, l’occasion d’aller réécouter d’ancien album du groupe. Malgré les changements de line-up, vous arrivez à monter en puissance tout en affirmant votre identité musicale, que penses-tu de ce point de vue?
Julien : On a eu de la chance. A chaque fois qu’on a eu un changement de line-up, ça a été pour quelqu’un qui apportait encore plus au groupe. Ils ont vite compris comment ça fonctionne dans Benighted. Tout le monde donne son avis. C’est très démocratique. En l’occurrence, c’est surtout Manu, le nouveau guitariste, qui a composé pratiquement tous les riffs de l’album. Ensuite, on bosse ensemble la structure des morceaux et les arrangements. Chacun réfléchit sur les morceaux, arrive avec ses idées, et on prend ce qui nous semble le plus efficace afin d’optimiser les différents morceaux. Et ça marche.
DRF: Necrobreed est un concept album sur la schizophrénie avec pour thématique : grossesse extra-abdominale de l’homme. Décidément, être infirmier en hôpital psychiatrique est une source d’inspiration inépuisable? Comment arrives-tu à transposer ces pathologies en chansons?
Julien : Je connais bien les pathologies. J’essaie de prendre un symptôme, quelque chose de précis, chez un patient et après je brode autour. Clairement, le but de chaque morceau, quand je les écris, est qu’ils forment un ensemble pour l’album. Qu’ils soient cohérents sur l’histoire d’une personne dans ces traumatismes et ces pathologies. Je suis un grand passionné de films d’horreur, mais quand tu bosses en psychiatrie la plupart d’entre-eux te semblent insupportables car ils ne reflètent pas la réalité des maladies mentales et c’est très frustrant. Le but, avec Benighted, est d’écrire des textes qui montrent à quel point tout ça peut être torturé, vicieux, violent, tout le temps, mais aussi très destructeur pour la personne. Pas pour les autres. Souvent, dans les films ou les médias, les patients psy sont montrés du doigt comme des tueurs en série potentiels mais, dans neuf cas sur dix, c’est à eux qu’ils vont faire du mal, pas aux autres.
DRF : La production est particulièrement énorme. Chaque instrument est parfaitement audible et mis en valeur, qui s’en est occupé et y avait-il eu des consignes particulières par rapport à vos attentes?
Julien : On a toujours travaillé et on continuera à travailler avec Kohlekeller. Il est membre de Benighted, au même titre que nous. On ne peut pas envisager d’aller enregistrer ailleurs parce que notre identité sonore est née là-bas. Avec lui, on la travaille pour qu’elle soit meilleure ou, en tout cas, plus particulière, plus personnelle à chaque album. Pour qu’il y ait aussi quelque chose qui émane d’un peu différent et qui aille avec l’ambiance générale et la violence de l’album. Kohle est très investi à chaque fois.
DRF :Vous êtes reconnus pour être des bêtes de scène, d’où vous vient cette énergie?
Julien : On a beaucoup, beaucoup d’ énergie à donner même si ça puise dans nos réserves. Il faut savoir que lorsque nous ne sommes pas en tournée, on travaille. Nous ne sommes jamais en vacances. Avoir une semaine où je n’ai rien à faire, ça arrive tous les cinq ans. C’est probablement en arrivant à gérer un subtil équilibre entre ma vie personnelle qui est très épanouie, mon travail et Benighted qui me passionnent, que j’arrive à trouver les ressources nécessaires pour pouvoir donner autant à chaque concert. !
DRF :Benighted est en train de devenir une référence dans le monde du brutal death, cela apporte-t-il une pression supplémentaire à chaque sortie d’album?
Julien : Non, parce qu’on fait toujours ça comme des passionnés. Si, demain, les gens n’aimaient plus Benighted, ça ne nous empêcherait pas de continuer à faire notre musique. On a la chance d’être beaucoup soutenu par les fans, mais on ne se met aucune pression. Benighted n’est pas notre travail, comme je disais. C’est un énorme bonus pour lequel on sacrifie tous les jours du temps, de l’argent et de l’énergie mais sans pression particulière.! Nous avons une bonne reconnaissance dont nous sommes super fiers.
Photo : Nadèje Taront