Une nouvelle belle soirée de blues rock programmée par le Casino de Saint-Julien qui est coutumier du fait sous l’impulsion de Pascale Camazzola. On se souvient notamment de la délicieuse prestation acoustique et intimiste de John Corabi en décembre 2022 et celle, exceptionnelle, d’Aynsley Lister en octobre 2023. Ce dernier revenait expressément hors tournée accompagner Ben Poole, son confrère et ami de la six-cordes, à l’occasion d’un concert inédit des plus alléchants.
La soirée fera donc la part belle au répertoire de Ben Poole, puis à celui d’Aynsley Lister, avant que les deux compères ne reprennent quelques covers d’anthologie. On a apprécié le jeu brut de coffre et énergique de Ben Poole qui sait toutefois aussi fort bien caresser sa Fender ou sa Gibson. Entre deux titres, il remerciera chaleureusement le public et dira tout le bien et l’admiration qu’il voue à Aynsley auquel il se souvient avoir demandé des autographes étant ado. Aynsley, modeste et heureux, lui donnera un beau sourire et une accolade fraternelle en remerciement.
Presque en opposition de style, plus feutré, subtil, montant en puissance puis redescendant en douceur comme une vague de la mer d’Irlande, Aynsley joue avec passion et émotion et nous rappelle le titre-même de George Harrison, ‘While My Guitar Gently Weeps’. Un tout grand monsieur du blues rock contemporain, dans la lignée d’un Eric Clapton ou Jeff Healey, qui mériterait une reconnaissance bien plus large.
De Ben, nous avons apprécié le pêchu ‘Start the Car’, le bluesy ‘Don’t Cry for Me’, ‘Dirty Laundry’ – reprise bien sentie de Don Henley (Eagles). Ben et Aynsley jouent ensemble ou se passent le riff l’un à l’autre avec une complicité et des sourires communicatifs. Quel bonheur de voir ces artistes prendre autant de plaisir sur scène ! Puisant dans son répertoire bien garni, Aynsley nous offrira ‘Everything I Need’ au parfum de ZZ Top, le puissant blues ‘Home’ ou le jouissif ‘Soundman’ lorgnant du côté de John Lee Hooker.
Dans les covers, on relèvera les versions de haut vol de ‘I Think I Love You Too Much’ (The Jeff Healey Band) et en rappels, un groovy ‘Too Tired’ (Gary Moore) et un petit bijou dont Aynsley a le secret, ‘Purple Rain’ (Prince) qui donnera les frissons à tout le public. Plus d’une heure et demie de pur bonheur et en toute intimité pour une soirée qui aurait pu avoir sa place au Montreux Jazz Festival.
texte : Jean-Blaise JB Betrisey
Photos : Alexandre Coesnon (avec nos remerciements pour les magnifiques clichés)













