Le rock, ce n’est pas seulement de la rage, des riffs, des hurlements, des mélodies et des textes, c’est avant tout une émotion. Quelque chose qui fait vibrer et qui nous enveloppe totalement. En mouvement constant vers une certaine perfection sonore, ces musiciens ayant passé chacun avec leurs différents groupes des heures incalculables sur la route et dans les studios l’ont bien compris.
Ils explorent désormais un univers tout en finesse, alternant rythmique imposante, instants suspendus et ambiances électro planantes. La première écoute pour qu’elle soit pleinement entendue, ne doit avoir pour finalité qu’elle même. Une fois que l’on a compris où veut nous emmener le groupe, on peut retourner à sa vie ordinaire. Mais durant ces cinq titres, on aura d’abord eu l’impression d’être enlevé dans un lieu difficilement localisable. C’est un voyage auquel nous sommes invités, un voyage qui cherche à nous perdre, à nous égarer.
La sobriété d’interprétation et de composition est tendue vers l’obtention d’un climat bien précis. Une marque de fabrique qui leur permet de plaquer sur des ambiances ciselées, des riffs incisifs, précis qui contrastent et mettent le propos en relief. Pour que le procédé soit efficace, la production se doit d’être infaillible, et en ce domaine, Francis Caste n’a plus rien à prouver. Chacun des éléments apportés par les musiciens est ainsi superbement mis en valeur.
A signaler au passage le travail du batteur Medhi Thepegnier qui prouve que taper sur ses fûts n’est pas obligatoirement une affaire de gros bras et que l’on peut avoir une batterie omniprésente sans pour autant alourdir l’ensemble. Une œuvre collective donc où seule la musique compte.
Le résultat ? Un album abouti, méticuleux et débarrassé d’une pression réductrice que véhicule certains esthètes de la rock attitude. C’est cohérent dans la thématique et difficilement comparable ou critiquable. Le mieux à faire reste encore de l’écouter et de ne pas le faire en arrière fond au risque de perdre certaines subtilités.