L’un des concerts les plus attendus en ce début d’année avait lieu mercredi dernier au Théâtre Corona. Heavy Montréal, Evenko et Extensive Entreprise nous présentaient, au moins, deux groupes des plus importants de la scène Métal internationale des dernières années.
Zeal & Ardor
Le sextet Suisses Zeal & Ardor que plusieurs ont découvert quelques mois auparavant lors de leur venue au Petit Campus, avait la tâche suprême d’assurer la première partie des deux monuments. Le groupe à trois chanteurs s’est retrouvé entassé sur scène, leurs mouvements semblaient un peu limités par le manque d’espace, mais malgré tout la performance fût tout à fait appréciée d’un public qui semblait entendre pour la première fois le groupe. Leur musique est très actuelle même si elle s’ancre dans l’univers des années 90. Le Stoner du sixtet semble aussi être fortement influencé d’une vague Southern-Rock des années 70 tout en incorporant des sonorités Gospel américain. Peut-être un mélange improbable entre Clutch, Awolnation et Allman Brother’s Band. Tout à fait original.
Deafhaven
Le groupe californien est très à l’aise sur scène et tient la foule dans la paume de sa main avant même d’avoir joué une seule note. La musique Black-Métal du quintet est, pour sa part, affublée de la robe du Post-Rock et de la musique ambiante. Un autre mélange qui semble improbable, mais qui fait tout à fait sens en réalité. C’est un peu comme si on intellectualisait le style du Black-Métal, comme si le style n’était plus une question de diable, mais bien une question d’art. L’accueil fut chaleureux et le groupe infiniment reconnaissant. La performance est d’une précision époustouflante (sauf celle du bassiste qui l’a échappé à une ou trois occasions) et l’intensité rageuse du chanteur est aisément contagieuse. Le contraste entre l’intensité de George Clark et ses musiciens est flagrant, et franchement un peu étrange. On a l’impression d’y voir deux groupes différents sur scène en même temps. Pour être plus drastique, j’irais même jusqu’à dire qu’on a l’impression que les musiciens n’aiment pas vraiment ce qu’ils jouent. C’est plutôt particulier à regarder, mais ça fonctionne.
Baroness
Le clou de la soirée a pris quelque temps avant de s’installer, mais une fois fait, Baroness a littéralement réussi à faire sauter les toits. La cohésion du groupe est à son paroxysme, surtout en comparaison avec ce qu’on y a vu avant. La musique Stoner du groupe se caractérise par une forte volonté de déconstruction des rythmiques au milieu d’un orage de nuances qui va de la gouttelette au typhon. C’est un chaos subtil et contrôlé où chaque détail a son importance. Baroness est posé. Le groupe prend le temps de bien instaurer son ambiance avant de se déchaîner. Les harmonies vocales sont d’une précision déconcertante et apportent énormément à la qualité du son général. Pour la première fois de la soirée aussi, le public est immergé dans un jeu de lumière des plus impressionnants.
Alors qu’au départ, plusieurs croyaient que Deafhaven aurait dû clore la soirée, nous avons été plusieurs à devoir nous rendre à l’évidence que Baroness a littéralement volé le concert pour ne plus jamais revenir avec.