Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on l’aura attendu le retour de ces précurseurs du softcore à l’Usine de Genève. Treize longues années pour qu’entre les murs de la Place des Volontaires résonnent à nouveau les brûlots d’un monument du punk rock depuis déjà trente-cinq piges.
La longévité de cette formation en impose presqu’autant que le pédigrée de ses membres. Après avoir assisté à leur halte lausannoise en juin de l’an passé pour un show d’excellente facture, c’est avec beaucoup impatience et une excitation de jeune pucelle que je me suis rendu dans la mythique salle genevoise pour assister une seconde fois à un show de Bad Religion. Celui-ci était sold-out et, à considérer le poil grisonnant ambiant, je n’étais pas le seul nostalgique à avoir fait le déplacement.
Après une première partie assurée par The Interrupters qui nous ont livré une prestation énergique, mais redondante, il était temps pour Greg et sa bande de prendre possession de la scène au fond de laquelle flottait les couleurs du groupe.
Il fait monstre chaud dans la salle et ça dégouline sous les aisselles et sur les faciès lorsqu’un générique d’entrée, que ne renieraient pas certains jeux télévisés, annonce le début des hostilités. Les plus observateurs sont réconfortés en lorgnant les deux pages scotchées sur la batterie qui annoncent la couleur du setlist. Rien de bien spécial lorsque l’on considère la durée moyenne des compos de Bad Religion.
Les zicos débarquent sur scène et le public est déjà conquis alors que les premiers problèmes techniques radinent le bout de leurs pifs. Le frontman harangue la foule le sourire aux lèvres, mais un fâcheux micro non ouvert nous empêche de goûter aux bons mots du prof d’uni à la chevelure blanche. Les types sur scène ne s’en rendent pas compte et le concert est envoyé malgré tout, tout comme d’hab, pied au plancher.
Deux titres se succèdent et, ô miracle, alors que ‘No Control’ – un vieux titre comme les Etasunien avaient promis d’en faire – débute, un bouton magique est actionné et le son devient super potable. J’ai le sourire aux lèvres et ne suis pas le seul !
Malheureusement, la qualité du son n’allait pas se stabiliser ainsi et rapidement, nous fûmes à nouveau confrontés à un maelström qualifié d’indigeste par certains. Tant pis pour ma pomme, je vais me balader vers le fond pour trouver une qualité plus en lien avec ma conception du son, mais c’est peine perdue, malgré plusieurs déplacements stratégiques, je ne parviens pas à trouver le spot qui me convient. Pas si grave que ça en fait et il est nécessaire de concéder à ces vétérans que un c’est la toute première fois que j’assiste à un concert au son quelque peu douteux de cet orchestre et que deux celui-ci est la résultante de circonstances techniques n’incombant pas au groupe (pas plus qu’à la salle d’ailleurs je tiens à le préciser).
Alors que, ô sacrilège, je me tire à l’extérieur prendre le frais et m’encrasser les poumons, je croise d’autres quincados désappointés par la qualité du son, toussa toussa. Alors que nous devisons du bon vieux temps, une porte latérale s’ouvre et là, ô bonté divine, le son direct de la batterie est nickel, aigu et fort potable.
Bon ben je n’allais non plus passer ma soirée dehors, et je retourne me taper la suite magique qui précède le rappel : ‘Sorrow’ (sortie l’année de leur précédent concert genevois), ‘Infected’ (une de mes préférées), ‘Generator’ (de l’album éponyme sorti alors que le punk à roulettes commençait à faire un malheur auprès des jeunes) et ‘American Jesus’ (un mythe des temps passé). Un sourire illumine à nouveau mon disgracieux visage et c’est parti pour la dernière ligne droite.
Au final, avec une attitude irréprochable, l’emblématique groupe très en forme a conquis la majeure partie du public (sauf les vieux râleurs du bout du Lac qui de toute façon trouveront toujours quelque chose à redire) en alignant ses pépites dont ‘Fuck You’, ‘21st Century (Digital Boy)’ et ‘Skyscraper’ furent parmi les meilleures interprétées ce soir-là. Je me réjouis d’avance de les voir à nouveau et – franchement – les voir faire front ainsi à l’adversité technique ne fait que conforter la sympathie que j’ai pour un groupe résolument très rock’n’roll dont les shows complets ne sont pas le simple fruit du hasard !