Salut, alors heureux de faire cette date et de commencer la tournée anniversaire de «Sombres Efforts» ?
Vincent : Heureux oui car c’est un super plateau et une très belle salle. on ne peut pas dire autre chose. Par contre, on a déjà fait une première date qu’on a avancée un peu, ce soir on a un temps de jeu un peu plus court, on a 50 minutes de set au lieu de 1h20 du fait qu’on soit là pour ouvrir pour ETHS !
Etienne : On ne va pas le jouer entièrement ce soir, mais les deux tiers, et on va faire quelques morceaux plus récents et quelques titres qu’on ressort de « Polaroïds et Pornographie ».
On va revenir un peu sur la venue d’Aqme sur la scène française. Vous débarquez avec vos gros souliers alors que la scène est en pleine effervescence : Watcha, Pleymo, Enhancer, etc… qu’est-ce que vous comptez apporter à la scène française à l’époque ?
Etienne: Nous on savait qu’on était différents. La plupart des groupes étaient plutôt axés sur le mélange Rap et Metal, et nous ce n’était pas notre truc, même si on appréciait, mais on n’arrivait pas à le faire bien, et on a bien senti que notre truc, c’était de rajouter de la mélodie à tout ça. On a, je pense, un côté plus rock que le reste, mais je pense que c’est réellement le côté mélodique de la chose qui a fait qu’on a apporté notre pierre à l’édifice .
D’ailleurs, comment pourrait-t-on expliquer que tous les groupes précédemment cités ne soient plus actifs mais que vous, vous perduriez ?
Etienne: On est des acharnés, mais en même temps, on ne vit plus de la musique. Nous, a l’époque, on vivait de la musique, et plutôt honorablement, voire même bien. Et je pense qu’à un moment, il y a une espèce de mode qui a changé et il y a pas mal de groupes qui ont stoppé. Et ETHS et nous, on a continué, enfin eux jusqu’à maintenant. Après, il est vrai qu’à un moment la tendance a changé. Mais bon ils reviennent.
Vincent: On ne peut pas t’expliquer. Nous on est contents pour eux, qu’ils reviennent et qu’ils arrivent à remplir des Trianon très rapidement ou même l’Olympia. Nous on ne regarde pas ça. On est super contents pour eux, ça reste dans l’air, c’est positif c’est super bien.
«Sombres Efforts», comment vous l’imaginiez dans l’écriture ? Et quel souvenirs vous gardez de son enregistrement et de sa composition ?
Etienne: L’écriture ça a duré un bon moment puisque ça s’est fait sur plus d’un an. On a bossé pendant plus d’un an sur l’écriture de cet album, on y était 7 jours sur 7, tous les soirs après le taf, on répétait 3 ou 4 heures, on bossait inlassablement l’écriture, le son, l’exécution, car on savait qu’on allait partir en Suède pour l’enregistrer avec notre producteur préféré de l’époque, Daniel Bergstrand, qui est toujours un de nos producteurs préférés d’ailleurs. Et on voulait faire un super disque. A l’époque on n’avait pas l’impression d’intéresser grand monde car justement, le public était principalement intéressé par le Rap et Metal, nous on se sentait un petit peu à part. Donc on a bossé nos morceaux, on a bossé on a bossé, on a juste essayé d’écrire des bons morceaux. Avec le recul, il y a plein de trucs hyper naïfs, mais c’est ce qui fait partie du charme, et c’est normal, on avait une vingtaine d’années. Je trouve ça hyper frais encore comme album aujourd’hui. C’est vraiment un premier album, ça se sent, il y a toutes les qualités et probablement des défauts, mais pour moi, c’est probablement le disque le plus important du groupe.
Certains groupes français considèrent que rejouer des albums du passé ne vaut pas le coup, que les gens n’avaient qu’à être là à l’époque. Vous, vous remettez cet album en avant, concrètement que représente cet album pour vous, hormis un premier effort, et pourquoi l’envie de faire cette tournée et non pas, par exemple, un truc plus commercial et faire un DVD avec des bonus issus de l’époque ?
Etienne: On avait juste envie de faire de la scène. On voulait aussi avoir une année pleine, en toute honnêteté. On a déjà enregistré notre prochain disque, il est prêt. On a décidé de travailler d’abord cette réédition et les concerts autour de cette réédition pour que le prochain album ne se fasse pas éclipser par cet anniversaire, si on l’avait fait dans l’autre sens. On préfère attirer nos fans et les gens qui nous suivent avec la réédition et en leur proposant des vieux morceaux que l’on n’a pas joué depuis très longtemps, depuis plus de 15 ans…
Vincent: Voire jamais !
Etienne: si si on les a tous joués, mais peut être pas tous avec toi. Et préparer une belle sortie d’album en septembre. Comme ça pendant toute une année tu as deux albums ,un récent, un plus vieux, et des concerts divers et variés !
Et toi Vincent, comme tu t’intègres par rapport à cet album sur lequel tu dois t’approprier, les textes, le ressenti d’un autre?
Vincent: C’est marrant car ce travail-là, je l’ai déjà fait en arrivant dans Aqme quand j’ai pris le flambeau derrière Thomas après qu’il ait enregistré « Épithète, Dominion, Épitaphe ». Mais c’est vrai que c’est un album avec une autre sensibilité, une autre manière d’interpréter. C’est vachement plus dur que de gueuler tout le temps, faut bien le reconnaître (rire). Ca demande beaucoup de travail pour s’approprier ces morceaux qui sont hyper personnels, c’est très long. On n’a pas eu beaucoup de temps mais on est arrivé à avoir un très bon résultat, et ça va se ressentir sur scène.
Etienne: En fait, au départ, il a commencé par chanter comme Thomas le faisait à l’époque, alors que Thomas lui-même n’aurait pas réussi à rechanter de la même manière, en 15 ans tu changes, tu n’est plus la même personne. Vincent c’est pas Thomas, c’est lui qui est le chanteur du groupe aujourd’hui. Il chantait en imitant et je lui disais « Non il faut que tu chantes comme toi, comme Vincent, à ta manière », et petit à petit il a réussi à se les réapproprier avec sa touche à lui.
Vincent: C’est vrai qu’il fallait travailler chez soi en écoutant l’album original et trouver l’automatisme qui fasse qu’à un moment, tu réussisses à y mettre ta propre voix et non réapproprier.
Depuis cette album, êtes vous fiers du chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?
Etienne : Très fier. Très fier d’autant plus qu’on a parcours assez atypique. On a sorti pas mal d’albums en 15 ans, on a fait beaucoup de choses, on a subi des gros changements , des bouleversements qu’on n’avait pas forcément envie de subir. Et on est toujours là, et on continue à faire de la putain de bonne musique je trouve, et c’est quand même ça qui est essentiel à nos yeux. Continuer à composer de la bonne musique et avancer, ne pas vive sur le passé. Là, on fête un anniversaire mais on ne vit pas du tout sur notre passé, on est toujours tournés vers l’avenir. Là on fait un petit clin d’œil au passé, on les réinterprètes à notre sauce, il y a des petits arrangements etc… Mais c’est pour avancer et non dire « tiens, regardez comme c’était il y a 15 ans ».
Vincent: Et on ne voulait oublier personne, on a envie aujourd’hui de rester constamment dans le partage. Aujourd’hui notre mot d’ordre c’est « faire beaucoup de concerts pour partager la musique qu’on adore faire » avec les gens qui veulent la partager. C’est notre but premier.
Etienne: Pour le coup, faire revivre ces morceaux c’est vraiment bien car on a réussi à leur redonner un petit coup de fraîcheur. D’abord car je ne trouve pas qu’ils soient démodés ou ringards, même si forcément il sont inscrits dans une époque, mais je trouve qu’on a réussi à leur donner l’énergie qui est la notre aujourd’hui, et on se les est vraiment appropriés tel qu’est AqME aujourd’hui.
Dans la tournée y a t’il une date prévue avec le line up actuel et les anciens membres ?
Etienne: Non!! le chanteur d’AqME c’est Vincent !!
Vincent: Thomas est complètement passé à quelque chose d’autre, et aussi bien venant de lui que de moi, ce serait ne pas dans la bonne vibe.
Etienne: Honnêtement, on est hyper transparents entre nous, il n’y a pas de loup, pas de non-dits. Aujourd’hui c’est Vincent notre chanteur et on est impatients de sortir notre deuxième album avec lui, soit notre huitième album.
On peut avoir quelques infos sur ce huitième disque?
Etienne: Ben on peut te dire qu’il sortira en septembre, encore 5 mois à attendre.
Vincent : Mais on ne va pas chômer, on est tous très occupés… très occupés on va juste dire ça comme ça. Mais on doit faire encore beaucoup de boulot en amont de la sortie, on doit faire le graphisme, un voire deux clips, on doit vraiment bosser sur la sortie avec notre label, on est en plein dedans. Et en même temps, on tourne pour « Sombres Efforts », c’est effectivement une année pleine, mais pleine de boulot, c’est plutôt bien.
Aujourd’hui qu’elle est votre vision de la scène française, et sur votre place sur celle-ci ?
Etienne : Comme tu l’as dit, il y a beaucoup de groupes qui ont disparu. Il y a clairement moins de groupes, ou du moins de groupes qui ont un statut un peu important, ou un nom que les gens connaissent. Il y a probablement plus de très petits groupes, et moins de gros groupes. On a l’impression que le fossé qui sépare les gros et les petits s’est encore plus élargi. Comme si les groupes qui étaient au milieu avaient complètement disparu. Il me semble que ça manque un peu d’une dynamique. Seul les groupes qui ont un grand nom ou qui sont sur le retour profitent d’une dynamique. Il n’y a plus l’effervescence qu’on a connu à notre époque, on ne peut pas dire qu’elle soit là aujourd’hui. Il y a de l’effervescence autour de gros événements comme le Hellfest et d’autres choses. Mais finalement ces événements-là ont remplacé un vrai phénomène comme on a eu, où finalement tous les groupes avaient la possibilité de réussir. On a tous eu notre chance. Quasiment tous les groupes qui se bougeaient, qui tournaient, ont signé, ont réussi à faire des concerts. Ils n’ont pas tous rencontré le même succès, mais en tout cas il y avait vraiment de l’engouement, pour le coup un vrai phénomène de jeunesse. Il y a clairement moins de t-shirts de Métal dans les collèges et dans les lycées qu’à notre époque. Faut pas se leurrer, le métal a vieilli.
Vincent: Ce qu’on peut voir aussi, c’est moins de soutien entre les groupes. Moi je le vois souvent, t’as toujours l’impression que c’est un concours. Les gens passent leur temps à se tirer dans les pattes. Et ça fait un moment qu’on le dit. Bon, avec AqME c’est différent car on a un parcours différent, on fonctionne différemment. Mais avec Butcher Rodeo, il n’y a pas une date où on nous dit « Je croyais que vous étiez des enculés ». Et tout le monde dit ça des uns et des autres, et tu ne sais pas d’où ça sort et ce qui te vaut ces critiques.
Étienne: Alors que tu vois, dans AqME on est tous des enculés et tout le monde le sait (rire).
Encore merci à pour votre temps, je vous laisse le mot de la fin.
Vincent: Et bien déjà merci à toi, car sans toi, nous on n’existe pas. Et après comme d’habitude: éteignez vos TV, lâchez vos ordis et sortez dehors, il y a de belles choses qui se passent.
Merci à Vincent et Étienne (AqME) à Adrien (Le Moulin) et Étienne (DRF crew ).