Dès le premier titre de son nouvel album ‘Hunter’, Anna Calvi appuie et souligne de sa voix suave que oui, ‘As A Man’ la monde serait bien différent. Pourtant, la suite de ses compositions se veut dénoncer les genres et les étiquettes. Entre moments doux et sauvages, on pourrait penser à une dualité entre l’homme et la femme. Non, c’est encore plus que ça ! Et si nous pouvions être les deux ? L’exploration de ces deux extrêmes est le fil rouge de l’album. On vacille très vite sur des notes aiguës pour rebondir sur des notes plus graves. Autant sur le plan vocal qu’instrumental, impossible d’avoir un repère, ce qui peut être gênant. Et c’est là, la réussite de cette création qui ne veut pas être assignée à un genre. Le clavier ne vous sera pas indifférent, on y retrouve des nuances du groupe Portishead, tenu par Adrian Utley. Quant à la basse, c’est Martyn Casey de the Bad Seeds qui s’y colle. Un superbe mélange de toutes ses influences, mature et déséquilibrant, qui, néanmoins, tient debout. Le titre ‘Chain’ vous entraînera dans cet univers de la sexualité assumée. Entre lâcher prise et inversion des rôles, quoi de mieux qu’un rapport des plus primitif et sensoriel pour harmoniser deux corps en un. Pourtant, entre défiance et bienveillance, il n’y a qu’un pas. Là est le paradoxe. Le groupe insiste sur le combat à la paix. Or, un combat n’est pas signe de guerre ? Sommes-nous le chasseur, le chassé ou les deux ? Ce dont je suis certaine, c’est que rien n’arrêtera la croisade d’Anna Calvi et de ses musiciens, à vouloir faire ouvrir les yeux et les oreilles, sur le message le plus important : soyez vous-même et aimez-vous. [Justine Aviolat]
Note 3,5/5