ANDRÉ DÉDÉ VANDER – L’ANSE-PLEUREUSE (MAYK MUSIC)

Depuis Une fois au chalet, sa dernière sortie musicale parue en 2021, l’auteur-compositeur-interprète André Dédé Vander a parcouru le Québec pour présenter, entre autres, l’incontournable théâtre documentaire musical Dehors novembre – au cœur de la création de l’album — accompagné du comédien Hubert Proulx — qui nous plonge au cœur de la création du dernier album de son ancien groupe Les Colocs. Une pause de la tournée lui a permis de publier, le 9 mai 2024, son tout nouveau mini-album intitulé L’Anse-Pleureuse.

S’inspirant du village gaspésien du même nom, où il réside, l’artiste d’origine belge offre sept chansons qui s’imprègnent de folk aux sonorités roots et country bien assumées. Le banjo, qui est omniprésent sur chaque pièce, démarre la virée musicale en légèreté sur On y va. Un choix de style atypique, dira-t-on, pour lui qui, par ce projet, se distancie des influences reggae et dub qui ont forgé sa réputation. La chanson Dans ma tête démontre que le bassiste ne s’en éloigne pas radicalement. Ses lignes de basse rondes procurent du rythme et de la texture sonore au genre musical plus conventionnel, plus minimaliste. Vander, de sa voix graveleuse, semblable à Tom Waits, pique la curiosité par ses textes toujours à l’humour pince-sans-rire, qui respire l’humanité et la lucidité, et ce toujours avec cœur et respect. Mal à l’âme ramène son côté engagé qui fait état, avec un second degré propre à lui, de son incompréhension du monde d’aujourd’hui. Néanmoins, un bel hymne rassembleur se dessine sur Ceux qui chantent, dans lequel la chanteuse contribue aux chœurs. Le doux contraste des timbres opposés suscite le fredonnement et le goût de l’espoir:

« Il y a ceux qui chantent
Comme si y’avait rien d’autre à faire
Parce que la vie fait trop mal
Parce que la vie c’est l’enfer
Il y a ceux qui chantent
Jusqu’à leur dernier jour
Mais pourquoi se le cacher (On chante pour l’amour …) »
-Ceux qui chantent

L’ex-membre du groupe mythique Les Colocs co-réalise ce nouvel opus avec Borza Ghomeshi, son collaborateur de longue date qui accomplit, entre autres, le mixage et le matriçage. Soignée et méticuleuse, la réalisation confirme une fois de plus leur complicité artistique.

Si on porte bien attention, les chansons reflètent indirectement une thématique récurrente, celle de la solitude. Certes, une vulnérabilité rarement dépeinte chez Vander s’entend sur Contre courant, pièce splendide dont les arrangements de cordes, conçus et interprétés par Tim S. Savard, amplifient la charge émotive des paroles et de la mélodie. Peut-être que derrière ses lunettes, Vander observe le monde avec le regard d’un artiste assagi par le temps et l’expérience de vie, mais sans jamais être désabusé. Une pièce dont l’expression évoque Alain Bashung et rappelle l’ambiance de Comme un lego ou bien de Madame rêve, chansons du défunt artiste français.

André Dédé Vander présente un mini-album tempéré par la quiétude de La Haute-Gaspésie à travers sept chansons posées et enracinées. L’Anse-Pleureuse demeure une œuvre accessible qui se reçoit comme un appel à l’air salin et à l’infini de l’horizon.

4/5

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