Mardi 26 novembre, les Docks de Lausanne étaient une fois de plus en feu à l’occasion du concert hautement inflammable du quatuor Amyl and the Sniffers, héritier du courant musical riot grrrl. Leur musique est un mélange explosif de punk, de garage rock et d’énergie brute, porté par des paroles incisives et une attitude décomplexée. Avec des titres comme « Monsoon Rock » ou « Some Mutts (Can’t Be Muzzled) », le groupe capture l’essence d’une rébellion authentique. Leur deuxième album, Comfort to Me (2021), a confirmé leur place sur la scène internationale. Amyl and the Sniffers continue d’impressionner par ses performances live intenses et son approche sans compromis de la musique. Pour leur unique date en Suisse, les Australiens ont réussi à inoculer leur énergie contagieuse qui s’est répandue à la vitesse de la lumière, faisant de la foule une marée hors de contrôle. Retour sur une folle soirée.
Cartoon darkness
Pendant près de 85 minutes de punk rock effréné, les renifleurs australiens, composés d’Amy Taylor au chant, de Bryce Wilson à la batterie, de Declan Martens à la guitare et de Gus Romer à la basse, nous ont gratifiés d’un medley bien calibré de leurs titres les plus fous, piochés dans leurs deux derniers albums à savoir Amyl and Sniffers et Comfort to me. Mais pas seulement puisque les compositions de leur dernier-né, Cartoons darkness, nous sont dévoilées ce soir. Sans se faire prier, les quatre pyromanes de la scène punk font leur entrée, bien décidés à se déchaîner. Ils envoient du lourd avec ‘Doing in me head’, morceau issu de, leur opus sorti en octobre dernier. Déjà emportée par la vitalité débordante du groupe, la foule se met à scander head head head tout en pogotant à mort et en lançant des verres de bière à toute volée vers la scène. Drôle de façon de marquer son admiration au groupe mais qu’importe. Ce détail est très loin de déstabiliser la fougue des artistes, lesquels repoussent d’un coup de pied nonchalant, les projectiles tombés sur scène. De son côté et fidèle à sa marque de fabrique, la pétulante Amy Taylor, grande prêtresse du chaos, ne tient pas en place. Montée sur ressort, la jolie blonde, bikini, mini-short en jeans et bottes noires, pratique allègrement son cardio tout autant qu’elle balance les paroles au débit presque rappé : sauts, squats, course sur place et même exercices de gainage trouvent une place de premier choix parmi les rythmes nerveux et syncopés, composés dans la plus pure tradition punk garage rock. Après ce premier morceau, retour à leur deuxième album Comfort to me avec le titre ‘Maggot’ qu’on pourrait traduire par fous-moi la paix, je dis et je fais ce que je veux.
Retour vers Cartoons darkness.
Si l’association de ces deux mots désarçonne Amy juge bon d’expliquer de quel bois est fait ce tout nouvel album : « Future seems very very dark and also very confusing so it’s like a cartoon. » Eh oui, Amy le futur est tellement sombre qu’il vaut mieux en faire des dessins animés, quitte à tourner en dérision la violence et l’absurdité endurés jour après jour. Les morceaux à l’instar de ‘Hertz’, ‘Security’ et ‘Guided by Angels’ font désormais figure d’hymnes punk modernes reconnus. Les titres de Cartoon darkness tels que ‘Pigs’, ‘Chewing Gum’ évoquant la relation toxique ou encore ‘Tiny bikini’ sur l’affirmation du corps forment un condensé de rage et d’allégresse, de manifeste et de provoc avec des textures sonores efficaces. Souvent agressifs, les textes dénoncent mais véhiculent également des messages positifs teintés d’une bonne dose de sarcasmes. De ces chansons ressorte une dualité : le présent insatisfaisant d’un côté et le futur sombre de l’autre. Ce désenchantement est illustré par des textes engagés qui trouvent un écho universalité.
Amyl and the live
Les performances live d’Amyl and the Sniffers, reposent sur une combinaison d’énergie brute, de charisme et de proximité avec le public. Amy est au cœur de cette dynamique. Sans la moindre retenue, elle évolue sur scène comme n’importe où ailleurs, crachant par terre et tirant la langue avec un air taquin de sale gosse mais au combien attachante. Et c’est là un savant cocktail. Elle communique à la fois une vitalité explosive, courant, sautant sur scène avec une présence magnétique mais aussi en faisant exister le public. Sa manière de communiquer avec la foule, souvent en brisant la barrière avec la scène, crée une atmosphère immersive et plus intime. Les membres du groupe, avec leurs riffs de guitare agressifs et leurs rythmes accélérés, ajoutent une puissance sonore qui submerge la salle. Chaque concert devient une expérience cathartique, où le chaos contrôlé et la spontanéité capturent l’esprit du punk rock.
Texte : Sabrina Richard
Photos : Alex Pradervand
Site officiel Amyl And The Sniffers
