AM:PM – Un album de légende

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Rencontre avec les Veveysans de AM:PM pour la sortie de leur deuxième album. Le groupe est sur-motivé à partager avec le public son recueil musical de mythes et légendes, dont les compositions brutales n’ont d’égal que la gentillesse du combo vaudois.


Pour commencer, comment décririez-vous cet album ?
Marjan (guitare) : C’est un album qui parle de légendes suisses, il y a beaucoup d’orchestrations, de parties acoustiques. On mélange des mélodies assez calmes avec de grosses rythmiques derrière. Le but était de raconter une histoire, toutes les chansons ont une intro et une conclusion.

Thomas (basse) : En fait, le premier EP était pour montrer qui on est, ensuite pour l’album on est parti dans un trip tous ensemble qu’on a poussé jusqu’au bout et là on s’est dit qu’on voulait faire un truc plus sérieux avec une base solide. Donc pour les paroles, on se base beaucoup sur les légendes et mythes suisses, on a fait des recherches sur le sujet, on a trouvé des poèmes, des écrits historiques. Le but pour cet album est d’emmener la personne en voyage avec nous. Chaque chanson a une thématique particulière qui vient d’une région de Suisse et on essaie de remettre au goût du jour ces vieux mythes qu’on ne nous apprend pas à l’école. Pour cet album, on a choisi de suivre le fil d’une année en commençant en automne, ensuite on passe en hiver … Un peu le même principe que Vivaldi et ses Quatre Saisons, mais un peu moins Vivaldi (rires). Il y a plein de mélodies catchy, c’est un album plus mature que ce qu’on a fait auparavant et c’est peut-être plus accessible à toutes sortes de public, on arriverait à toucher plus de monde avec cet album. Il est plus melodic death metal, plus contemplatif, plus réfléchi, mieux travaillé que le précédent.

Cet album a un côté épique. Vous vous êtes assagis depuis ‘Amazing Mega Party Motherfucker’ ?
Thomas : Je ne pense pas qu’on se soit assagis, je pense qu’on s’est plus concentrés pour ne pas sauter du coq à l’âne. On a essayé d’avoir une vraie continuité. En tout cas, quand Marjan composait l’album, il voulait vraiment avoir un fil rouge. On est toujours autant brutaux, mais on a un fil rouge.

Maxime (guitare): Je pense que les morceaux sont plus structurés, il y a plus de passages qui se répètent pour marquer les mélodies importantes. On ne s’est pas assagis, on a plutôt retravaillé les parties, plus réfléchi sur ce qu’on voulait faire passer comme musique. C’est une musique plus mature, mais qui garde un aspect brutal, une certaine lourdeur. Ce sont des choses qui se ressentent surtout en live, notamment le 12 octobre, pour notre release party au RKC, où on pourra montrer que malgré ce côté vraiment travaillé, il y a quand même des riffs qui restent très agressifs. Le RKC nous tient à cœur parce qu’on fait partie de l’association AFM, on a notre local là-bas et c’est une salle avec laquelle on a eu plusieurs occasions de collaborer et là on aura l’honneur d’y faire notre vernissage et collaborer avec les ingés son et lumières qui vont devoir peaufiner l’événement avec tout ce qui est possible et imaginable pour une release party.

Thomas : Pour ce vernissage, on a décidé de voir les choses en grand, parce que normalement le groupe arrive, présente son CD et au revoir, bonne nuit. On a essayé de travailler sur toute une ambiance, sur un visuel, des échanges avec le public, ça va être un peu spécial. On va un peu faire comme les grands groupes qui ont pas mal de budget sauf qu’on n’a pas de budget, mais on va faire pareil. En ouverture, on aura Among Vultures et Akshara.

Vous êtes allés enregistrer en Angleterre …
Marjan : Sur tous nos albums, on a travaillé avec le même ingénieur son, Loïc Gaillard, et il est est parti faire ses études à l’IPCA, qui est l’école de performances artistiques créée par Paul McCartney et il est ressorti meilleur de sa promotion.

Thomas : C’est le gaillard qui nous a enregistré le premier EP, il est rentré à l’école grâce à ça, et ensuite il a réussi son cursus, il a enregistré notre premier album et on est tous d’accord, pour nous c’est une continuité. On avait envie de travailler avec lui, c’est une personne qui nous correspond totalement, Marjan a énormément d’affinités avec lui, ce qui fait que pendant qu’on enregistre, on arrive encore à améliorer des morceaux qui sont déjà écrits.

Marjan : C’est pas juste un ingénieur son, c’est un ami avant tout et c’est quelqu’un qui est très à l’écoute de ce dont on a envie, de la direction qu’on veut prendre. On a la possibilité de créer quelque chose avec lui, on a pu retravailler le son comme on voulait. Il est vraiment à l’écoute pour ça et c’est quelque chose qui nous a beaucoup aidé pour cet enregistrement.

Thomas : Il nous a aussi repoussés dans nos limites. Et les conditions d’enregistrement sont aussi agréables, car il a intégré le Motor Museum Studio qui est un studio qui est géré par Andy McCluskey qui a fait la chanson ‘Enola Gay’ et ils ont enregistré entre autres Bring Me The Horizon, Arctic Monkeys et Oasis. On avait les mêmes conditions que les monstres stars. Travailler aussi professionnellement que ça, ça change, parce que les autres albums ont été enregistrés dans notre local.

Marjan : C’est un endroit très inspirant, notamment la manière dont il est ammenagé. C’est un ancien musée automobile et ils ont créé un studio à l’intérieur avec une pièce où il y a la table de mix et deux salles d’enregistrement. En plus, il y a un salon, une cuisine et plein de plantes.

Thomas : Tu peux presque vivre dans le studio. Les premiers jours, Maxime et Marjan ont passé presque 24 heures dans le local sans sortir pour travailler les enregistrements.

Highelvetia

Vous avez un visuel très travaillé pour ce nouvel album, parlez-moi un peu de vos clips.
Thomas : Nicolas, notre chanteur, avait une connaissance, Highelvetia, qui a fait énormément de photos de montagne. Pour cet album sur les mythes et légendes, autant tirer parti de ces paysages qui sont autour de nous dans notre pays. On lui a soumis la première idée de clip qui retrace l’histoire de Derborence, on y est monté avec lui, on a pris des plans et il a trouvé que ça collait bien avec le nom de sa boîte, lui qui veut promouvoir les paysages suisses. On a donc réalisé deux clips en même temps, filmés sur une année entière. Même avant d’avoir fini d’écrire les chansons, on a balancé les idées et on a tourné ‘When Titans Fell’ à Derborence. Maxime et moi sommes partis en automne pour tourner une partie, en hiver Marjan et Nicolas se retrouvent dans la neige et le batteur est revenu au printemps. A chaque fois on a profité pour tourner le deuxième clip, où le vagabond part en voyage dans les montagnes et décrit ce qu’il voit et ce qu’il vit dans les Alpes. C’était de grosses journées où on se levait à quatre heures du matin pour arriver sur place au lever du soleil et on finissait la journée de tournage vers les dix-huit heures.

Maxime : C’est des clips qui correspondent très bien à notre musique, car on cherche une certaine ambiance, une certaine profondeur. Le fait d’être dans la nature, ça permet de voyager avec la musique plutôt que de faire ce qui est souvent fait dans le metal, c’est-à-dire s’enfermer dans une pièce et faire quelque chose de plus confiné, plus glauque. Donc l’idée que la musique puisse s’ouvrir dans la nature ça correspond bien à notre album et c’est la force de ces clips. On peut vraiment voyager avec le vagabond au fil de la musique et c’est quelque chose dont on est très satisfait.

Thomas : Ça permet aussi de mieux se rendre compte, pour le clip de ‘When Titans Fell’, de l’immensité de ces montagnes et qu’un morceau est tombé dans la vallée et n’a laissé aucun survivant. Ça reste en cohérence avec ce qu’on voulait transmettre avec la cover de l’album et toutes les images qu’on a prises en dehors. On voulait vraiment toujours garder ce fil rouge qu’on a avec les mythes et légendes et le côté épique que Marjan et Max ont réussit à mettre dans les chansons et c’est transmis par ces images-là.

Vous avez d’autres clips de prévus ?
Thomas : Oui. Il y a des idées qui vont prendre forme. Il y aurait potentiellement un clip live, on va filmer le vernissage en entier et le mettre sur YouTube, pour que les gens se rendent compte de ce qu’on vaut maintenant, en 2019 sur scène et, accessoirement, pour garder une trace de tout le travail d’organisation qu’on a fait pour cette date, car ça fait une année qu’on travaille dessus. Et il y aura encore un playthrough, peut-être deux, et encore un clip qui sera fait des images qui auront été tournées pendant la préparation du vernissage et des parties du live. Donc en gros, quatre clips à venir.

Votre titre fétiche de l’album ?
Thomas : Il y en a un par lequel on commence toujours en répétition, car c’est celui qui nous motive le plus, c’est celui qui, on pense, marchera le mieux, c’est ‘Therefore Do I Roam’. Celle-là nous plaît à tous. Sinon, moi, c’est ‘A Legend After All’, pour sa brutalité.

Maxime : Le ressenti pour chaque chanson évolue beaucoup, à force de les jouer, de voir comment le public réagit, il y a quelque chose qui se crée là-dessus et qui se modifie au fil du temps. Les titres sont là, ils sont enregistrés, on les répète beaucoup, mais de là à arriver à une chanson fétiche, ça demande encore plus de maturité. Ce sera en les jouant en live et en les partageant avec le public que je pourrais me prononcer.

Marjan : Pour être honnête, je ne pourrais choisir, car on a passé deux ans à composer les chansons et elles ont toutes une émotion, quelque chose de différent.

Quels sont vos objectifs avec ce nouvel album ?
Maxime : Conquérir le monde !

Thomas : Ouais, le but ce serait de passer à l’étape supérieure. Là, on a sorti un EP qui nous a fait connaître, on a joué pas mal de lives grâce à ça, on a eu l’occasion de jouer dans des grosses salles, ouvrir pour des assez gros groupes. L’album suivant nous a fait ‘level up’ parce que les gens ont vu qu’on savait composer, on a fait nos preuves en live, on nous connaît parce qu’on est énergiques sur scène. Et le but de ce nouvel album, c’est pas d’être Metallica, mais c’est de pouvoir contacter les salles, leur proposer de jouer en première parties de gros groupes, par exemple aux Docks ou au Z7, et pas qu’on nous dise ‘oui, vous êtes sur la liste d’attente de deux ans’, mais qu’on puisse vraiment ouvrir pour de gros groupes ou partir en tournée. Passer du statut de ‘moyen groupe de la région’ à une enverguer comme celle de Voice of Ruin ou Among Vultures qui ont tous deux une bonne renommée en Suisse. Pouvoir aller jouer plus loin et plus partager notre musique en live. Après si, dans l’idéal, on arrive à renflouer les caisses pour refaire un nouvel album avec tout ça, c’est chouette.

Marjan : Et continuer à se faire plaisir.

Thomas : Prendre son pied, pouvoir partager. Le partage est hyper important pour nous. Ce qui était vraiment hyper chouette dans nos tournées, c’est d’un côté le concert, mais de l’autre les gens qui viennent te parler quand tu ranges ton matériel, qu’ils te disent qu’ils ont aimé le concert, tu lances une discussion et tu apprends à connaître les gens, ça crée des connexions, des connaissances et c’est ça la richesse d’avoir un groupe au final.

ampm-band.com

FICHE CD
A Mountain Peaks’ Myth
Autoproduction
Note : 4,5/5
Notre chronique

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