L’équipe des Docks, une fois n’est pas coutume, organisait un concert hors de ses murs pour la seule date suisse d’Alexis Ffrench, pianiste et compositeur anglais. C’est donc dans la belle salle Paderewski, au cœur du Casino de Montbenon, dont la configuration se prête idéalement à ce genre d’événement que le public était convié. Meimuna, projet de l’artiste valaisanne Cyrielle Formaz, était programmé fort à propos en première partie de soirée.
Nous avions eu le bonheur de découvrir Meimuna en live l’automne dernier au Rez-Usine à Genève en ouverture d’Emiliana Torrini. Voix cristalline, délicates mélodies à la guitare acoustique, textes intimistes, poétiques, Meimuna se décline en duo – c’était le cas encore à Lausanne où elle était accompagnée par Claire Moreau, chant et guitare – ou en formation multiple, avec six à douze musicien-ne-s. Le nouvel album ‘C’est demain que je meurs’ (Radicalis Music, 2024) est sorti entre temps, confirmant le talent brut de cette précieuse artiste. On a adoré l’invitation au voyage de ‘Skagen’, les souvenirs d’enfance éthérés de ‘Où vont les Tempêtes’ ou ‘Au Temps des Coquillages’. Une artiste qui met du baume sur les plaies, du rêve dans nos têtes, de la chaleur dans nos cœurs. A (re)découvrir sans faute sur scène.
Les fées se sont penchées sur le berceau d’Alexis Ffrench, pianiste virtuose développant un style particulier qui mêle classique au soul en passant par le funk. On songe parfois aussi à la signature musicale introspective de Ludovico Einaudi. Très tôt, Alexis a joué de l’orgue dans les églises en Angleterre, au milieu de chorales de gospel. Son père était également musicien et improvisait sur Stevie Wonder, Sam Cooke, ce qui a fortement influencé le jeune homme. Cette éducation musicale conjuguée aux cours de musique classique (Chopin, Debussy, Satie) a posé les bases du jeu fluide et séduisant du pianiste.
Seul au clavier d’un magnifique Steinway & Sons, simple et discret, Alexis enchaîne plusieurs airs de son dernier album (‘Classical Soul Vol. 1’, Sony Classical, 2024) dont le délicieux ‘The Way It Was’. Entre deux bouquets de titres, le pianiste converse avec le public, lâchant quelques anecdotes de son enfance ou de la composition de certains albums. Il joue avec le public en lui demandant de poser sa voix sur des chansons qu’il lui fait deviner (‘I Say A Little Prayer’ ou ‘Killing Me Softly with His Song’). Encore plus fort, Alexis demande à plusieurs personnes dans le public de fredonner à tour de rôle quelques notes que le pianiste mettra bout à bout et arrangera, pour créer un titre inédit… très impressionnant !
On a particulièrement apprécié le titre phare de la bande originale du film ‘The Piano’ de Jane Campion, ‘The Heart Asks Pleasure First’ – Ffrench est un inconditionnel de Michael Nyman – ‘One’ enregistré avec le Royal Philharmonic Orchestra avec une fusion des styles (classique, soul, chœurs gospel), l’inspirant ‘Guiding Light’ et le délicat ‘Bluebird’. La soirée s’achèvera avec bonheur par une version lumineuse de ‘Yesterday’ des Beatles.
