ALEXANDRA MORENO – TOUJOURS MAINTENANT (INDÉPENDANT)

L’autrice-compositrice-interprète Alexandra Moreno s’est révélée en 2021 avec Temperence, un disque bilingue résultant d’une quête identitaire, menée par un exil hors du Québec pendant plus de trois ans. De retour l’année suivante en sol montréalais, elle poursuit sa démarche artistique qui aboutit au dévoilement de Toujours maintenant, son deuxième album paru le 10 mai 2024.

Entièrement francophone, cet album concept s’élance dans la indie pop rêveuse et dans l’univers intime de l’artiste d’origine péruvienne et québécoise. Le temps, la mort, la relation avec les autres et envers soi-même, tous des thématiques exprimées par la jeune femme qui, dans la jeune trentaine, semble mieux positionnée face à la vie. La percutante et vaporeuse pièce En vie, qui démarre l’album, témoigne de son cheminement intérieur et de ses montagnes russes vécues. C’est dans cette direction que les chansons défilent sans filtre par leurs textures sonores ficelées et des mélodies qui lévitent. Tapissés de synthétiseurs et de claviers, certains morceaux sont très envoûtants par le son rond de la basse comme sur Je n’veux plus me fuir ou bien Je fais le vœu. Sensorielle, l’ambiance musicale s’intensifie sur la pièce Je ne te dois rien qui, à priori dépouillée, se catapulte par un crescendo aux lignes de guitares électriques distordues des plus décapants. Une touche de rock bien insérée et assez métaphorique par ses paroles sur la toxicité relationnelle.

Signant leur entièreté, Alexandra Moreno livre des chansons aux textes personnels et introspectifs, mais surtout très précis. Leur charge émotive est transposée par son chant qu’elle déploie avec douceur sur des sujets aussi sensibles que la dysmorphie corporelle dans l’extrait Étirer la faim. Aux sonorités semblables aux années 1980, la mélodie accroche instantanément par son rythme soutenu, très dansant, et son refrain évocateur. On y décèle tous les éléments d’un petit bijou de chanson pop:

« Moi j’aime étirer la faim
Jusqu’au lendemain
Une autre dose
De contrôle
Que je m’impose »
-Étirer la faim

Enregistré au studio Dandurand, à Montréal, ce nouvel opus est réalisé par Alex Métivier. Ce dernier y joue la plupart des instruments, assure la prise de son et le mixage, en plus de contribuer aux chœurs, dont les harmonies aériennes de la pièce Si je reste là le mettent en valeur.

Dans son ensemble, Toujours maintenant est un album plus défini et plus affirmé que son prédécesseur. Plus encore, il reflète davantage le potentiel de l’autrice-compositrice-interprète sur la scène musicale québécoise. Avec cette deuxième œuvre, Alexandra Moreno esquisse peu à peu sa voie artistique, désormais aiguisée, pour se démarquer dans cette vague colorée d’artistes québécoises fortes et indépendantes, dans la lignée des Ariane Roy, Beyries ou bien Salomé Leclerc.

Lancement officiel de l’album le 9 juin 2024 à l’Escogriffe, à Montréal

4/5

Publicité

1 COMMENTAIRE

  1. Excellent Pier-Luc et chronique très agréable à lire. J’ai apprécié en connaitre davantage sur Alexandra ,dans le cadre de sa prestation, Coup de coeur francophone.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.